Un patient touché par un cancer du poumon métastatique, en phase active de son traitement, peut-il pédaler à une intensité modérée, et ceci 30 minutes avant de recevoir son immunothérapie ? Telle est la question à laquelle a répondu le Centre Léon Bérard, centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes en France, grâce à sa récente étude clinique ERICA (Exercice inteRaction Immunothérapie Chimiothérapie cAncer) dont les premiers résultats apparaissent très encourageants.
Tous les patients atteints d’un cancer ou leurs proches savent combien l’épreuve d’une chimiothérapie ou d’une immunothérapie peut être lourde et facteur de grande appréhension.
C’est dans ce contexte que, début 2021, le Centre Léon Bérard a souhaité mener une étude pour tester la faisabilité d’un exercice physique dans l’heure précédant l’administration de l’immunothérapie et de la chimiothérapie, chez des patients atteints d’un cancer du poumon métastatique.
Une manière d’explorer les effets de l’exercice sur une éventuelle modulation de l’activité immunitaire, mais aussi d’améliorer et d’adapter l’efficacité du traitement en fonction de l’état physique des patients.
Une étude d’ampleur
Ce sont en tout 26 patients qui ont été inclus dans cette étude qui s’est terminée à la fin de l’été 2023 et dont les résultats complets vont être prochainement publiés. Parmi eux, 17 patients ont été sélectionnés dans le groupe dit « exercice », et devaient réaliser l’exercice physique avant l’administration du traitement de chimiothérapie ou d’immunothérapie.
Les autres ont reçu les recommandations générales sur les bénéfices de l’Activité physique adaptée (APA) et des conseils mais sans intervention de professionnels.
« Parmi les patients qui ont pratiqué les exercices, on comptait en majorité des hommes âgés de 64 ans en moyenne, et principalement d’ancien fumeurs inactifs ne pratiquant pas ou peu d’activité physique»
Parmi les patients qui ont pratiqué les exercices, on comptait en majorité des hommes âgés de 64 ans en moyenne, et principalement d’ancien fumeurs inactifs ne pratiquant pas ou peu d’activité physique.
Concrètement, lors de leur venue en hôpital de jour pour leur première cure de chimiothérapie ou d’immunothérapie, les patients du « groupe exercice » étaient ainsi invités, après validation de leur médecin, dans l’heure qui précédait l’administration du traitement, à pratiquer un exercice physique sur vélo d’intérieur.
A la fin de l’exercice, l’objectif était que les données récupérées à via une montre connectée puissent se rapprocher le plus possible de celles recueillies au départ du traitement. Un véritable défi pour l’équipe soignante et pour les patients, dans la mesure où, en dehors des traitements, les patients étaient également incités à faire 6 000 pas par jour.
Les premiers résultats permettent d’ores et déjà de montrer une bonne faisabilité et une bonne tolérance des patients à l’exercice pré-administration des traitements. La plupart sont même passés dans la catégorie « actif » et ont fait rentrer l’activité physique dans leur quotidien.
Une étude multidisciplinaire
Le Dr Maurice Pérol, oncologue médical spécialiste des cancers du poumon, est l’investigateur principal de cette étude menée par Manon Gouez, docteure en physiologie de l’exercice et cheffe de projet au sein du département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon Bérard. Une étude qui a pu être mise en place grâce au soutien du LYriCAN et de la Ligue contre le cancer AURA (Comités de l’Achèche et de la Drôme).
Une étude réalisé en collaboration avec le Laboratoire InterUniversitaire de Biologie de la Motricité de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Les analyses des marqueurs immunitaires ont été réalisés par la Plateforme d’Immunomonitoring du Centre de Recherche de Cancérologie de Lyon ainsi que par l’équipe de Thierry Walzer du Centre International de Recherche en Infectiologie de Lyon. L’analyse de la composition corporelle a été réalisé grâce à l’outils d’intelligence artificielle CASSANDRA.
« Les premiers résultats permettent d’ores et déjà de montrer une bonne faisabilité et une bonne tolérance des patients (….) »
L’ensemble des résultats détaillés seront disponibles et publiés dans les prochains mois.
Une nouvelle étude en recherche translationnelle va être également prochainement lancée afin de savoir s’il existe une synergie entre exercice et traitement. En complément, une étude sociologique sera menée pour comprendre pourquoi les patients acceptent de participer à ces études en lien avec l’activité physique et interpréter leur fort engagement.
Crédit Image à la Une : Centre Léon Bérard