L’automatisation des tâches éducatives, bien que discrète, commence à transformer profondément le paysage scolaire. Souvent associée au domaine industriel, elle peut apporter un changement majeur dans l’éducation, optimisant la gestion, personnalisant l’apprentissage et réduisant les inégalités. Pour le système éducatif québécois, encore en phase d’adoption, l’automatisation représente une occasion unique de bâtir un enseignement plus équitable et efficace.
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Une nouvelle ère pour les suivis
Gérer plus de 160 apprenants, c’est la réalité de nombreux enseignants au primaire, au secondaire et aux études supérieures. Un défi colossal où l’organisation et les suivis constants sont cruciaux. L’automatisation simplifie ces suivis, par la collecte et l’analyse des données en temps réel. Imaginez un élève en difficulté en mathématiques, luttant avec les fractions. Les systèmes automatisés analysent ses évaluations et ses commentaires, et lui envoient des ressources adaptées. Ces technologies permettent de personnaliser le parcours d’apprentissage de chaque apprenant, de façon ciblée et réactive. Pourtant, l’éducation au Québec n’a encore exploré qu’une fraction de ce potentiel.
Des exemples concrets et accessibles
La prise de présence automatisée, la gestion des notes, des calendriers et des horaires sont déjà des réalités dans la majorité des établissements scolaires. Mais ce n’est qu’un début. L’automatisation offre bien plus : des questionnaires sur le bien-être des élèves, des profils personnalisés basés sur des données de performance et des interventions pédagogiques adaptées. Pour les enseignants, cela signifie qu’ils peuvent accéder, dès la rentrée, aux dossiers des élèves/étudiants et connaître leurs forces et besoins avant même de les rencontrer. Cette connaissance permet de planifier de façon plus stratégique et d’optimiser le temps de préparation, réduisant la charge administrative jusqu’à 30 %, selon des études récentes et surtout de promouvoir la réussite.
IA et personnalisation : vers une éducation sur mesure
L’intelligence artificielle (IA) est de plus en plus présente dans le milieu de l’éducation, analysant des masses de données pour aider à organiser le contenu selon les besoins spécifiques des apprenants. Elle peut repérer des lacunes et proposer des ajustements pédagogiques pour chacun, et même prévenir le décrochage scolaire. Mais pour beaucoup, l’IA reste une technologie inconnue et angoissante. Elle est pourtant déjà capable de faire ce que l’on pourrait qualifier de « magie éducative » : anticiper, adapter et soutenir les élèves/étudiants d’une manière que l’on aurait crue impossible il y a encore quelques années.
Un système qui peine à suivre le rythme
Malgré ses bénéfices évidents, l’adoption de l’automatisation au Québec reste limitée. Selon une enquête de 2021, 98 % des écoles utilisent le numérique pour communiquer avec les parents, une progression notable depuis 2014.
60 % des enseignants québécois ne se sentent pas suffisamment formés pour utiliser efficacement les outils numériques
Mais cette utilisation est souvent restreinte aux communications de base. Le manque de formation est un obstacle majeur : près de 60 % des enseignants québécois ne se sentent pas suffisamment formés pour utiliser efficacement ces outils. Cela freine l’intégration des technologies, limitant leur impact sur la réussite des élèves.
Les risques et la sécurité des données
L’utilisation des technologies en éducation n’est pas sans défis, notamment en matière de sécurité des données. La collecte et l’analyse des informations sur les apprenants posent des questions éthiques et de confidentialité. Les enseignants doivent être formés non seulement quant à l’utilisation de ces outils, mais aussi quant à la protection des données sensibles. La cybersécurité doit être une priorité, surtout lorsqu’on travaille avec des mineurs, et les établissements ainsi que les enseignants doivent être certains que l’entreprise technologique dont le service est utilisé respecte les normes légales quant aux données en vigueur dans le pays des utilisateurs.
« Les enseignants doivent être formés non seulement quant à l’utilisation de ces outils, mais aussi quant à la protection des données sensibles. »
Équité et personnalisation : une opportunité inexploitée
L’automatisation offre des solutions pour réduire les écarts éducatifs. Les élèves/étudiants en difficulté reçoivent un soutien ciblé, tandis que ceux qui progressent rapidement peuvent être « challengés » par des contenus plus avancés. L’utilisation d’outils automatisés permet de personnaliser l’apprentissage, favorisant un environnement où chaque élève a la chance de s’épanouir. Selon des études, les écoles utilisant des technologies de planification et de suivi automatisé enregistrent une augmentation de 20 %.
Saisir l’avenir technologique
Pour que le système éducatif québécois soit à la hauteur des standards internationaux et tire pleinement parti du potentiel des technologies éducatives, il est impératif de promouvoir l’automatisation. Cela nécessite des programmes de formation continue et une sensibilisation accrue. L’automatisation ne remplace pas l’enseignant ; elle le soutient, lui permettant de se concentrer sur ce qui compte le plus : la pédagogie, l’innovation et la relation humaine. Intégrée de manière réfléchie, l’automatisation peut transformer l’éducation, non seulement en allégeant la charge de travail des enseignants, mais aussi en créant des parcours éducatifs plus justes et personnalisés pour chaque apprenant.
Avec la technologie en soutien, le potentiel éducatif est sans limites. Le Québec doit saisir cette opportunité pour transformer son système éducatif et se préparer aux défis de demain, offrant aux futures générations les outils nécessaires pour réussir et s’épanouir pleinement.
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