Automatisation sur les réseaux sociaux : entre gain de temps et risques imprévus

Automatisation sur les réseaux sociaux : entre gain de temps et risques imprévus

L’automatisation est devenue un pilier incontournable dans la gestion des réseaux sociaux, permettant de gagner du temps, d’optimiser les processus et d’analyser des données en un clin d’œil. Mais ce qui pourrait sembler être une aubaine pour les particuliers et les entreprises cache aussi de nombreux défis, notamment en matière de cybersécurité et de conformité aux règles des plateformes. Dans cette chronique, je vous propose d’explorer les avantages et les pièges de l’automatisation dans la gestion des réseaux sociaux, en mettant en lumière la complexité de l’approche adoptée par les géants du secteur.

Pour lire la chronique telle que parue initialement dans la revue animée et interactive LES CONNECTEURS :

Les applications de suivi : un couteau à double tranchant

Pour les particuliers, des applications automatisées permettent d’obtenir instantanément des informations, comme les désabonnements, les comptes qui ne vous suivent pas en retour, et bien d’autres métriques. Bien qu’efficaces, ces outils sont souvent développés par des tiers, sans lien direct avec les plateformes elles-mêmes, ce qui représente un risque en termes de sécurité. Non seulement ces applications nécessitent des permissions d’accès au compte, mais elles enfreignent souvent aussi les règles des plateformes qui interdisent l’usage de l’automatisation non autorisée.

En effet, les réseaux sociaux voient d’un mauvais œil ce genre d’outils automatisés. Leurs politiques de sécurité sont claires : tout usage abusif d’applications tierces peut entraîner la suspension ou même la suppression de comptes. Cela s’explique par une volonté de préserver l’intégrité des interactions sociales, en limitant les actions non humaines et répétitives. Ainsi, si les utilisateurs peuvent gagner du temps avec ces applications, ils courent aussi un risque sérieux : la suspension de leur compte pour non-respect des règles. Cela nous amène à faire un constat ironique, car les plateformes elles-mêmes s’appuient de plus en plus sur l’IA et des systèmes d’automatisation pour faire respecter leurs propres règles.

L’ironie de l’automatisation des sanctions

Les plateformes comme Meta utilisent l’IA et des algorithmes pour gérer et appliquer leurs règlements. Cela signifie que lorsqu’un contenu est signalé ou qu’une publicité est jugée non conforme, la décision de retrait est souvent prise par un système automatisé. Si ce système peut s’avérer efficace à grande échelle, il engendre aussi des erreurs, parfois frustrantes et injustes pour les utilisateurs.

J’ai personnellement fait l’expérience de cette automatisation : ma page Facebook a un jour été suspendue pour une supposée violation des règles, alors que je n’avais rien fait de répréhensible. Après un appel de la décision, Meta a finalement admis une erreur et réactivé la page. Ce genre de situation est plus fréquent qu’on ne le pense, les algorithmes n’étant pas infaillibles. En cas de compromission de compte, les procédures de vérification, elles aussi automatisées, peuvent poser problème ; il suffit parfois qu’une photo ne soit pas parfaitement cadrée pour que la demande de récupération soit automatiquement refusée.

Ce recours massif à l’automatisation révèle un paradoxe : bien qu’elle permette de traiter un volume énorme de données et de décisions, elle crée également une distance et des erreurs qui pourraient être évitées avec une intervention humaine plus fréquente.

Gestion automatisée des publications : pratique, mais risquée

Dans le monde professionnel, l’automatisation prend une dimension tout aussi importante. Les entreprises, en particulier les agences marketing, utilisent de plus en plus des outils en ligne pour programmer et publier du contenu sur différents réseaux sociaux à partir d’une seule interface. Pouvoir fixer des horaires de publication à l’avance et gérer plusieurs plateformes en un clic est assurément un gain de temps.

Cependant, ces plateformes de gestion tierces, bien que pratiques, introduisent un nouveau risque pour la cybersécurité. Ces outils nécessitent des accès privilégiés aux comptes de réseaux sociaux, ce qui leur confère un certain contrôle. Or, en matière de cybersécurité, il est essentiel de se rappeler que la gestion ultime d’une page ou d’un compte se fait toujours directement à partir du réseau social, et non des outils tiers.

Le risque ici réside dans le transfert partiel du contrôle des réseaux sociaux à une plateforme externe. Si des failles de sécurité apparaissent au sein de ces outils ou si les accès ne sont pas révoqués correctement, cela peut mettre en péril les comptes associés. C’est pourquoi il est crucial d’appliquer rigoureusement les bonnes pratiques de sécurité sur les réseaux sociaux eux-mêmes. Cela inclut, entre autres, de vérifier régulièrement les administrateurs, de mettre en place une authentification à deux facteurs, et de s’assurer d’avoir un contrôle total de ses ressources.

Un équilibre entre efficacité et sécurité

L’automatisation est devenue une nécessité face à l’immense volume de données et d’activités générées quotidiennement sur les réseaux sociaux. Cependant, cette technologie, si prometteuse, montre ses limites. Alors que les algorithmes et l’IA évoluent, ils continuent de produire de faux positifs, d’introduire des frustrations et de créer des situations délicates pour les utilisateurs.
L’enjeu pour les entreprises et les particuliers est d’adopter une approche équilibrée : profiter des avantages de l’automatisation tout en étant conscient des risques et des bonnes pratiques de cybersécurité. La prudence et la vigilance restent les meilleures alliées pour naviguer dans cet environnement automatisé et préserver la sécurité de ses comptes et ses données.