Bienvenue au nouveau panorama de l’industrie de la technologie – gracieuseté de Donald Trump de retour à la Maison Blanche

Bienvenue au nouveau panorama de l’industrie de la technologie – gracieuseté de Donald Trump de retour à la Maison Blanche

Comment parler d’aliénation sociale liée aux technologies sans aborder le sujet de l’éthique et de la gouvernance de l’IA, et les effets de cette dernière sur nos démocraties? Avec les élections américaines bien scellées, ces thèmes prennent encore plus de signification pour les quatre prochaines années, et il y aura de la turbulence dans l’air…

Pour consulter cette chronique telle que parue initialement dans la revue animée et interactive LES CONNECTEURS :

Le Congrès et le Sénat ayant atteint la majorité républicaine, ça laisse le champ libre à un chef d’État, au leadership porteur de grosses dissonances, pour faire à peu près ce qu’il désire. Comme disait mon père, pas besoin d’un cours classique pour comprendre ça. Ce « monsieur » – et j’emploie le terme vaguement – a besoin de balises serrées qu’il n’aura pas d’ici les prochaines élections de mi-mandat, soit dans deux ans.

Un détour : le sujet de l’avortement n’est pas classé

Comme tout le volet législatif sur l’avortement, depuis le renversement de Roe VS Wade, continuera d’être laissé au niveau étatique, les demandes de contraception à long terme et de stérilisation permanente ont augmenté dans tout le pays depuis les élections, indiquent des médecins cités par l’Associated Press. Les entreprises qui vendent des contraceptifs d’urgence et des pilules abortives affirment qu’elles constatent une augmentation significative des demandes de la part des personnes qui stockent ces médicaments.

Pourquoi est-ce si important pour nous? Carence possible de produits de contraception, stérilisation, d’arrêts de grossesses au Canada? Influence au niveau de nos politiques canadiennes en matière d’avortement avec un gouvernement conservateur de Pierre Poilièvre à la tête du pays? Possible… Ne vous faites pas d’illusion SVP. Au lendemain des élections de Trump, j’ai vu un jeune homme avec de la marchandise vestimentaire « trumpiste » dans le métro, et il y avait des rassemblements victorieux à Montréal de supporteurs de Trump le soir et le lendemain des élections.

D’un angle techno-santé, cette tendance aura une influence directe sur plusieurs sujets de  recherches présents et futurs, avec de nouvelles structures de données nominatives et scientifiques en IA – qu’elle soit développée et/ou générative selon la nouvelle réalité. Sans compter l’impact sur l’économie et la décroissance des naissances aux États-Unis.

Trump et la technologie dans son ensemble

En campagne électorale, Trump a promis d’abroger le décret exécutif de Biden d’octobre 2023, lequel visait à encadrer l’utilisation de l’intelligence artificielle pour mieux protéger la vie privée des citoyens.

Alors que les entreprises technologiques sont confrontées à une surveillance accrue, à des amendes et à des régimes réglementaires de plus en plus stricts dans l’Union européenne, les dirigeants de ces entreprises pourraient trouver un allié en la personne de Trump. Il s’entoure de gens qui détestent la réglementation (Musk, Vance et d’autres) et par ricochet, l’éthique et la gouvernance dans l’application des lois au sein des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) risquent d’être relâchées, suaf peut-être pour Apple et Microsoft, dont la longévité et la pérennité les rendent plus stoïques face aux perturbations de Trump. Il y a de fortes chances que la mêlée générale de la tech perde son compas pendant les deux premières années.

On prévoit une accélération de l’IA ; que fera-t-on des enjeux de biais algorithmiques? Des audits des structures de données? De la désinformation influençant nos démocraties par des tissus d’inexactitude sur le web? De la gestion des risques, qui sera malmenée? De la littératie numérique américaine basique et en IA, souffrant de sérieuses carences? À suivre…

On parle aussi d’un certain relâchement des lois « antitrust », favorisant les monopoles ou, à tout le moins, les oligopoles existant en ce moment, renversant les travaux de Biden…

Enfin il y a la « mafia PayPal », à laquelle Musk appartient, et dont les membres ont investi des millions pour soutenir la campagne de Trump. L’objectivité tant requise pour être un(e) bon(ne) chef(fe) d’État ne sera pas au rendez-vous. Trump ne mordra pas les mains qui l’ont nourri pour favoriser le mieux-être de la société américaine dans son ensemble et une saine utilisation des médias sociaux.

Est-ce bon pour le Canada? Malheureusement, je ne le crois pas.  Le Canada et le Québec devront être vigilants, et monitorer le terreau américain pour réduire les débordements potentiellement négatifs sur le contenu canadien, sinon attribuables aux utilisateurs canadiens qui naviguent sur des sites américains dont l’éthique et la gouvernance en IA sont quasi-inexistantes.

Trump et la cryptomonnaie

Alors qu’il dénigrait toutes formes de cryptomonnaies lors de son 1er terme, la création de World Liberty Financial, une plateforme de crypto contrôlée par ses fils, lui a fait faire une volte-face complète. Il a même accepté des dons à sa campagne dans certains types de monnaies digitales. Il veut faire des États-Unis la capitale mondiale de la cryptomonnaie. Je reprends les paroles de mon père : quand tu ne connais rien et que tu bluffes, ta vision ne se tient pas debout…

De ce que j’ai lu, et après réflexion, voici les motifs de cette nouvelle posture, à mon avis :

  1. Contourner le monitoring de commission américaine des titres et de la Bourse (Security Exchange Commission) dans le cadre des actions de ses sociétés, toujours négociées en bourse, en fonction du dollar (fiat) américain, et qui font donc l’objet d’une vigie constante de la part de la SEC dans le cadre de ses multiples démêlées avec les diverses instances judiciaires étatiques et/ou fédérales, touchant sa créativité financière et comptable des dernières années ;
  2. Réduire le pouvoir d’influence de la Réserve fédérale et de Jerome Powell ;
  3. Utiliser les cryptomonnaies pour réaliser des comptes financiers très créatifs afin de rester politiquement correct, car la traçabilité avec les cryptomonnaies est beaucoup plus difficile, dirons-nous ;
  4. Déstabiliser l’économie mondiale en favorisant l’utilisation des cryptomonnaies sans une transition qui tient la route.

Il faudra suivre les travaux du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale dans les prochains mois, quand leur attention sera portée vers les États-Unis.

Pour ce qui est du Canada et du Québec, ce sera à l’avant-plan de notre écran radar, face aux ententes commerciales que nous avons actuellement en vigueur. Je suis certaine que la Banque du Canada a un œil ouvert là-dessus.

Trump et le rôle de la femme dans la société

Trump a affirmé durant sa campagne qu’il sera le « protecteur » des femmes, qu’elles le veuillent ou non. Hum..

Il a fait campagne avec des hommes utilisant un langage sexiste et grossier, et qui ont exprimé leur inquiétude à l’idée que les femmes puissent voter différemment de leurs maris.

L’ancien président républicain a suggéré que la démocrate Kamala Harris, tentant de devenir la première femme à gagner la Maison-Blanche, serait « submergée » et « s’effondrerait » face à des dirigeants masculins autoritaires, qu’il considère comme des durs à cuire.

Dans les derniers jours de sa campagne, M. Trump a présenté une vision du monde sexuée, que ses détracteurs considèrent comme dépassée et paternaliste. J’en fais fièrement et courageusement partie.

Trump et certains de ses alliés les plus en vue se sont livrés à un sexisme pur et simple. L’ancien animateur de Fox News Tucker Carlson, lors d’un événement avec le candidat républicain à la présidence, a comparé M. Trump à un père en colère, qui donnerait une fessée à une « mauvaise petite fille » qui, comme l’a dit M. Carlson, « a besoin d’une fessée énergique ».

Charlie Kirk, fondateur de l’organisation de jeunesse conservatrice Turning Point, qui jouait un rôle clé dans l’opération de vote de la campagne, a déclaré que tout homme qui vote contre Trump n’est « pas un homme ». 

Ne soyons pas naïfs et naïves ; ces propos, et les résultats de toutes ces postures cognitives,  se retrouveront dans des structures de données et des algorithmes au fil du temps, car ils reviendront régulièrement durant son mandat. Nos sociétés en seront impactées.

Conserver son courage, sa résilience et sa clairvoyance. C’est en dénonçant que les choses vont bouger. J’espère dans cette chronique avoir contribué un peu à lever des drapeaux rouges…

Crédit Image à la Une : Adobe express