La cyberintimidation est une problématique bien connue des réseaux sociaux. Depuis des années, les campagnes de sensibilisation mettent en lumière les dégâts qu’elle peut causer : anxiété, isolement, voire des impacts plus graves sur la santé mentale des victimes. Pourtant, dans cet effort de sensibilisation, un aspect crucial est souvent laissé de côté : les solutions techniques offertes par les plateformes elles-mêmes.
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Des outils de confidentialité méconnus et sous-utilisés
Sur Instagram, X, TikTok et Facebook, les utilisateurs disposent d’un éventail d’options pour limiter l’accès à leur contenu et réduire ainsi les risques de cyberintimidation. Par exemple, mettre son compte en mode privé est une solution simple mais efficace. Dans ce mode, seuls les abonnés approuvés peuvent consulter vos publications et interagir avec elles. Cette barrière limite considérablement les comportements hostiles émanant d’inconnus.
« Ces outils, souvent méconnus ou ignorés, peuvent jouer un rôle clé dans la prévention des interactions négatives. »
Cependant, tous ne souhaitent pas se rendre « invisibles ». Notamment chez les jeunes, l’envie d’être vu et apprécié entre en contradiction avec ces mesures. Pour eux, la visibilité est synonyme de validation sociale, un besoin légitime mais difficile à concilier avec la protection contre la cyberintimidation.
Heureusement, même en gardant un compte public, il est possible de mieux se protéger. Instagram, TikTok, et Facebook offrent des paramètres permettant de restreindre qui peut commenter vos publications, les partager ou encore vous envoyer des messages privés. Ces outils, souvent méconnus ou ignorés, peuvent jouer un rôle clé dans la prévention des interactions négatives.
Limiter les possibilités pour freiner les comportements
La solution paraît presque évidente : réduire la possibilité de commettre des actes de cyberintimidation en exploitant les paramètres de confidentialité et de sécurité accessibles. En activant ces options, chacun peut adapter son expérience en ligne à ses besoins, tout en minimisant les risques. Toutefois, cela demande une prise de conscience collective. Enseigner aux jeunes, comme aux adultes, l’importance de configurer correctement ces outils devrait faire partie des campagnes de sensibilisation.
La modération en ligne : un progrès constant, mais imparfait
Les plateformes sociales, conscientes des critiques envers leur gestion de la toxicité en ligne, ont investi dans des outils de modération de plus en plus performants. Prenons l’exemple des commentaires masqués. Sur Instagram, TikTok ou Facebook, une catégorie spécifique regroupe les commentaires jugés inappropriés, vulgaires ou offensants. Par défaut, ces messages ne sont pas visibles sous une publication, bien qu’ils restent accessibles à quiconque choisit de consulter cette section.
Le simple fait de ne pas les afficher directement a un effet non négligeable : cela réduit leur visibilité immédiate, empêchant ainsi un phénomène de contagion où des propos négatifs ou offensants pourraient être amplifiés par d’autres utilisateurs. En masquant ces commentaires dès le départ, les plateformes limitent l’effet boule de neige et favorisent un environnement plus sain.
De plus, les utilisateurs eux-mêmes disposent désormais de plus de contrôle pour se protéger dans leurs espaces en ligne. Il est par exemple possible de bannir certains mots ou expressions. Toute tentative de publier un commentaire contenant ces termes sera automatiquement bloquée. Concernant les messages privés, des filtres permettent de rediriger les contenus inappropriés directement dans un dossier spam, limitant ainsi leur impact.
Ces fonctionnalités témoignent des progrès constants des outils de modération. Cependant, leur portée reste encore inégale : si les commentaires et les messages privés bénéficient d’une attention particulière, la modération des publications elles-mêmes reste un défi majeur à surmonter.
La modération des publications : un chantier à poursuivre
Dans ce domaine, les plateformes ont encore un long chemin à parcourir. Les algorithmes peinent à détecter certains contenus problématiques, et les signalements par les utilisateurs ne suffisent pas toujours. Parfois, ce sont les publications malveillantes qui échappent à la vigilance, mais il arrive aussi que des contenus légitimes soient injustement supprimés.
En outre, la modération reste complexe en raison de la nature même des réseaux sociaux. La diversité des contenus publiés, leur volume et la difficulté à distinguer automatiquement une critique légitime d’un propos malveillant rendent le processus imparfait. À cela s’ajoute la rapidité d’action nécessaire dans un environnement où les contenus deviennent viraux en quelques heures.
Un équilibre à trouver
Réduire la cyberintimidation sur les réseaux sociaux exige une approche équilibrée entre sensibilisation, utilisation des outils techniques accessibles et amélioration continue des systèmes de modération. Si les utilisateurs doivent apprendre à mieux exploiter les fonctionnalités de protection, les plateformes ont, elles aussi, une responsabilité majeure : garantir des outils accessibles, performants et adaptés à une diversité d’usages.
En fin de compte, agir pour le règne de saines interactions en ligne est un effort collectif. Chacun a un rôle à jouer pour faire des réseaux sociaux des espaces plus sécuritaires et respectueux. La technologie, lorsque bien utilisée, peut y contribuer de manière significative.
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