Elle est en marche cette révolution de l’intelligence artificielle, tout comme à son époque l’électricité ou encore l’arrivée d’Internet. Et pourtant à cette époque, ces technologies de rupture avaient leurs détracteurs, ceux qui pensaient que tout cela ne faisait que passer, que ce n’était qu’une question de temps avant que la bulle n’éclate.
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Bon… pas certain que la notion de « bulle » existait en ces temps-là, mais vous comprenez ce que je veux dire. Et aujourd’hui, c’est pareil avec l’intelligence artificielle ; elle a ses détracteurs. Mais si vous me posiez la question, « bulle ou pas bulle? », je vous répondrais que nous avons face à nous une technologie, oui, de rupture, mais aussi et surtout fondamentale et structurante, tout comme les semi-conducteurs sur lesquels elle repose. Une technologie qui nous permet d’améliorer nos usages existants, et d’en créer de nouveaux. Une technologie qui nous libère de la capacité et du temps. Une technologie qui nous apprend à penser autrement, à s’affranchir de certaines limites, celles de nos connaissances, celles de notre créativité. Et cette technologie va structurer nos modèles économiques de façon aussi profonde que durable. Le temps et l’usage rendent l’homme sage, paraît-il…
« (…) il est tout à fait légitime de se demander comment va l’adoption de l’IA dans nos entreprises. Et la réponse, c’est qu’elle varie considérablement selon les régions et les secteurs. »
Une fois que l’on a dit cela, il est tout à fait légitime de se demander comment va l’adoption de l’IA dans nos entreprises. Et la réponse, c’est qu’elle varie considérablement selon les régions et les secteurs. Voici un aperçu de la situation au Québec, au Canada, et dans le monde.
Le portrait local
Selon le ministère de l’Économie, environ 5 % des entreprises utilisent l’IA. C’est peu et beaucoup à la fois. Mais au moins, cela a le mérite de laisser une bonne marge de progression à la frange de l’économie qui en profite, soit les fournisseurs de solutions, de puissance de calcul et les experts.
Il reste que le plus intéressant dans tout ça, c’est que ces 5 % d’entreprises qui l’utilisent le font sur des projets à réelle forte valeur ajoutée, ce qui devrait, à terme, créer un effet d’entraînement. Et dans ces projets, selon le Conseil de l’Innovation du Québec, on parle de 36 % qui seraient dans l’optimisation et l’amélioration des processus de vente, de bon augure pour l’expansion internationale de l’économie québécoise.
Les taux d’adoption de l’IA au sein des entreprises sont respectivement de 5 et 3,7 % au Québec et au Canada
À l’échelle nationale, l’adoption de l’IA est cependant légèrement inférieure, avec environ 3,7 % des entreprises canadiennes utilisant cette technologie. Après quoi, c’est certain que les grandes entreprises (celles de plus de 100 employés) sont souvent plus susceptibles d’adopter rapidement l’IA, grâce à leurs équipes ou leur facilité à aller chercher une expertise à l’externe. Pour vous donner une idée, on parle ici d’un taux d’adoption de 20 %, principalement dans les secteurs tels que ceux des services publics, de la finance et de l’assurance.
Et dans le reste du monde?
Globalement, certains pays sont en avance sur le Canada en termes d’adoption de l’IA, tandis que d’autres traînent un peu en arrière. Par exemple, en Inde, c’est 59 % des entreprises qui utilisent l’IA ; aux Émirats arabes unis, on parle de 58 % ; à Singapour, de 53 % ; en Chine, de 50 %. Parmi ceux qui tirent quelque peu en arrière, on peut nommer l’Australie, avec un taux de 29 %, et la France avec 26 %.
Si l’adoption de l’IA, malgré tout, est en croissance rapide, on comprend que si elle varie en fonction de la taille de l’entreprise et du secteur d’activité, elle varie aussi selon les politiques gouvernementales de soutien à l’innovation. Gage que le Canada et le Québec ont le potentiel de tirer une épingle du jeu, mais laquelle?
L’intelligence artificielle ne semble donc pas être qu’une mode passagère ou une bulle prête à éclater, comme on peut souvent le lire actuellement. Elle est, quant à moi, une force transformatrice, tout comme l’ont été l’électricité et Internet avant elle. Si son adoption en entreprise reste variable, elle a le mérite d’être en constante progression, et promet de remodeler nos économies et nos sociétés de manière profonde et durable, car l’IA, qui n’est pas une fin en soi mais un outil puissant, lorsque bien utilisée, peut libérer notre potentiel créatif et intellectuel. Elle nous pousse à repenser nos limites et à envisager de nouvelles possibilités. Comment pouvons-nous, en tant que société, tirer le meilleur parti de cette technologie tout en en minimisant les risques? La réponse à cette question déterminera non seulement notre avenir économique, mais aussi la manière dont nous vivons et interagissons les uns avec les autres. Le défi est grand, mais les opportunités le sont tout autant. À nous de jouer!