Les 6 grandes tendances technologiques sur lesquelles miser, et les risques associés

Les 6 grandes tendances technologiques sur lesquelles miser, et les risques associés

Quelles sont les grandes tendances qui ont le potentiel de transformer dramatiquement nos façons de faire dans les années à venir, peut-être même notre façon de penser? Je prends quelques instants pour lancer cette réflexion.

Voir cette chronique telle que parue initialement dans la revue animée et interactive LES CONNECTEURS :

N’étant pas devin, je propose une analyse qui se focalise sur les grandes avancées et, surtout, une réflexion sur comment ces technologiques émergentes pourraient interagir entre elles, et bouleverser nos vies, pour le meilleur et pour le pire…

« Mon fils est indécis vis-à-vis sa carrière. Vers quoi crois-tu qu’il devrait s’orienter? La cybersécurité ? », m’a demandé un ami, me pensant bien placé pour aborder le sujet.

Ma réponse, après un moment de réflexion, en rendra plusieurs perplexes : « Non, pas en cybersécurité. Je recommanderais d’aller en technologies vertes ou en robotique. »

La cybersécurité, c’est exigeant. Je me donne pour mission de contribuer à l’éradication de la cybercriminalité, dont je prévois l’atteinte d’ici 10 ans, ce qui ne laisse pas beaucoup de perspectives d’avenir dans ce domaine pour ces enfants! Mais au-delà de cela, la robotique deviendra un fait d’armes dès que nous commencerons à vouloir que l’IA commence à interagir dans le monde physique, ce qui ne devrait tarder vue la pénurie de talent. Et pour ce qui est des technologies vertes, simple logique. La planète ne se nettoiera pas toute seule, et nos émissions ne baissent pas assez vite. Donc, la seule option que je vois pour sortir de ce bourbier est de construire et d’exploiter de nouvelles technologies, qui nous aideront à sauver la planète et, par la même occasion, l’humanité.

1. L’IA

L’intelligence artificielle et ses modèles génératifs ne sont que la pointe de l’iceberg, qu’un avant-goût servant à amener l’IA a être acceptée socialement. C’est une expérience d’intégration dans nos mœurs. Si tel est vraiment le cas, quelles en sont les prochaines étapes?

La perfusion

L’étape de la perfusion a déjà commencé, avec l’intégration de l’IA à toute les sauces, soit dans l’analyse des conversations avec le groupe de soutien, par exemple, pour évaluer le niveau de satisfaction des utilisateurs, ou encore à travers les modèles d’analyse et de prédiction de trafic dans les grandes villes, jusqu’à votre éditeur de textes ou de photos favoris.

L’accélération de l’évolution

Avec la venue des nouveaux modèles viendra une nouvelle réalité ; celle de la « super intelligence ». J’entends certains spécialistes dire que l’IA atteindra un quotient intellectuel, dans certains secteurs, de 1,500. En comparaison, Albert Einstein, était à 180. Que dire de notre QI de 120 en moyenne? Du point de vue du consommateur moyen, cette super intelligence a le potentiel de tirer vers le haut, en permettant une résolution plus rapide mais, surtout, une compréhension approfondie de certaines facettes de la société, l’environnement et notre planète.

L’accélération des découvertes

Si un groupe de chercheurs, issus de la recherche médicale, génétique, sociale, physique ou chimique, ont accès à cette super intelligence, imaginez un instant ce qui pourrait en émaner : de nouveaux médicaments, de nouveaux procédés, de nouveaux matériaux, toute une nouvelle façon d’innover. Mais l’un des risques à y voir est que les découvertes technologiques et les avancées dépassent notre capacité à s’adapter au changement.

L’IA et les émotions

Croyez le ou non, je crois que cela est l’un des dommages collatéraux de la super intelligence. Si l’on se fie à Yuval Noah Harari, auteur de « 21 leçons pour le XXIe siècle », les sentiments, lorsqu’on les analyse d’un point de vue purement mathématique, ne sont que du code, interprété par notre cerveau. Une série de 0 et de 1, interprétés par nos synapses. Si l’on entraîne un modèle d’IA afin qu’il accomplisse la tâche d’analyser votre langage corporel, ou l’intonation de votre voix pour savoir si vous mentez, il sera, en théorie, meilleur qu’un être humain, ses capacités de calcul pouvant en théorie dépasser grandement les vôtres, déjà parce qu’il aurait un accès instantané à toute l’information pertinente pour l’y aider.

L’impact écologique et l’hybridation de l’IA

Selon un confrère que je respecte beaucoup, Nikolaj Van Omme, le futur de l’intelligence artificielle passe par l’hybridation au sens de combiner plusieurs approches, et je suis d’accord avec lui. Nous ne pouvons continuer à consommer l’énergie de façon exponentielle, sans mettre les modèles d’IA sur un régime minceur, ce que permettrait une certaine hybridation de l’IA.

« Nous ne pouvons continuer à consommer l’énergie de façon exponentielle, sans mettre les modèles d’IA sur un régime minceur, ce que permettrait une certaine hybridation de l’IA. »

L’IA hybride d’après Nikolaj, c’est quoi? Vous aurez des chances d’en comprendre le concept, si vous passez quelques heures à discuter avec lui, que vous avez de bonnes notions en mathématiques, et que vous n’avez pas peur de saigner du nez! Vous pouvez sinon vous contenter du résumé que j’en fais.

Il existe – grosso modo – deux grandes approches en IA : l’IA connexionniste (comme l’apprentissage profond), qui est plus récente, et l’IA symbolique (fondée sur des symboles et des règles), qui existe depuis un peu plus longtemps. Nikolaj – comme d’autres mais ils ne sont qu’une minorité – propose de combiner les deux, pour obtenir des systèmes plus souples, plus robustes et bien moins énergivores, soit des IA dites « frugale ».

2. Les senseurs

Ce qui alimente l’IA, ce sont les données. Mais il y a un type de données largement sous-estimé : celles qui proviennent des senseurs. Ces derniers peuvent géolocaliser votre téléphone, déterminer s’il est dans votre main ou dans votre poche, ou si vous êtes en train de marcher, courir ou dormir. 

Il y en a aussi dans votre auto, dans l’autobus que vous prenez, dans le bâtiment où vous habitez, où vous travaillez. Ces senseurs recueillent l’information pour votre compagnie d’assurance, vérifient l’état des fruits envoyés outre-mer, etc. La liste est sans fin, et ne fait que s’allonger, de mois en mois.

Donc, qu’est-ce que cela implique pour l’avenir? D’abord, que la création de senseurs et l’intérêt pour les données qui en sont issus ne sont pas près de s’essouffler. 

Considérez simplement les faits suivants : nous devons désormais limiter notre impact carbone, et donc le mesurer ; nous devons mettre à jour nos modèles climatiques, et en mesurer l’amélioration ; nous devons réduire notre consommation énergétique, qui doit elle aussi être mesurée ; si nous souhaitons améliorer l’interaction avec l’IA, que ce soit par la voix, ou la vue voire même le touché, cela demandera des senseurs.

Donc, pour garantir que l’IA puisse interagir de façon intelligente avec son environnement, et que nous puissions approfondir de plus en plus notre relation avec elle, les senseurs deviennent un passage obligé.

3. La robotique

Interagir avec une super intelligence, par la voix ou un clavier, c’est bien beau. Mais qu’arrivera-t-il lorsque nous souhaiterons nous attarder au manque de talents dans certains secteurs? Nous voudrons alors que l’intelligence interagisse avec le monde physique, et c’est là que les choses iront très vite.

D’abord, avec une innovation galopante, nous voyons déjà apparaitre des solutions à des problèmes auxquels nous n’avions pas encore pensé. Comment un robot fera-t-il pour attraper un bébé, ou quelque chose de fragile, sans exercer trop de pression mais juste assez? Avec une nouvelle peau synthétique bourrée de senseurs, bien sûr! Et comment pourra-t-il simuler les divers mouvements et la force d’un bras ou d’une jambe humaine? Avec des muscles synthétiques, bien sûr! Nos institutions de recherche s’y attardent déjà.

On explore également l’idée d’avoir des robots qui soient conçus directement pour être des experts en carrelage, ou en coupe et installation de comptoir de marbre. Il ne suffira que d’adapter un modèle avec les connaissances ancestrales, et d’y intégrer les bons outils.

4. Les technologies biologiques

Nous avons désormais une IA bonifiée de senseurs et de capacités supérieures d’interprétation, qui a accéléré dramatiquement l’univers de la robotique. Quelle sera la prochaine étape? J’entrevois des technologies qui vont s’intégrer à la biologie, être en mesure de remplacer des muscles endommagés, créer des remplacements de peaux synthétiques et, surtout, redonner la mobilité à ceux qui l’auraient perdue.

Qu’est-ce qui empêcherait aussi à la super intelligence de créer un remède ou un traitement génétique contre le diabète ou l’épilepsie? D’éliminer des maladies chroniques, stopper des épidémies et régler d’autres problèmes fondamentaux? La nouvelle capacité de recherche, d’innovation et de raisonnement pourra nous offrir des trésors en longévité et en qualité de vie, mais pas sans les visées commerciales qui accompagnent ces opportunités. C’est pourquoi nous devons nous attendre à ce que l’humanité fasse quelques bourdes, en espérant que les films de science-fiction les plus funestes ne rejoignent jamais la réalité.

5. Les technologies vertes

Force est de constater que l’état de notre planète se dégrade de façon alarmante. Une action concertée et vigoureuse s’impose pour inverser la tendance. Malheureusement, les récents résultats électoraux dans l’hémisphère sud ne semblent pas favorables à cette cause environnementale, à moins que la dérèglementation fasse apparaître, par miracle, une jeune pousse dans le domaine, mais permettez-moi d’en douter. J’entrevois que la période d’illusion tire à sa fin, et que les gouvernements n’auront d’autre choix que de commencer à intervenir massivement. Voici mes recommandations.

« J’entrevois un progrès considérable, attribuable à l’innovation dans le secteur des technologies vertes. »

Indexer la valeur boursière selon la pollution

Si le but est d’éviter que les grands pollueurs, qui détiennent d’énormes budgets, se permettent de faire dérailler ce qui devrait être une conférence de solutions climatiques, il faudra que globalement, nous décidions que le marché financier soit aligné sur de vraies valeurs, et non simplement sur le capitalisme, un modèle où, si vous polluez plus, la valeur de votre entreprise est moindre, tandis qu’elle augmente si vous faites partie de la solution.

Se doter d’infrastructures innovantes

Si un gouvernement veut investir des milliards pour construire une nouvelle autoroute, un pourcentage (10, 15, 20%) doit être investi pour que cette nouvelle infrastructure fasse partie de la solution, à travers un nouveau pavé qui récupère l’eau de pluie, un revêtement avec du solaire, ou des éoliennes sur le bord des routes pour capter l’énergie générée par les véhicules. Si vous dépenser des milliards, ce ne peut pas être pour générer plus d’îlots de chaleurs et plus de véhicules. Pas d’investissements sans réduction des GES!

Pas d’investissements sans transparence

Il deviendra également impératif de pouvoir tracer le résultat des investissements. Sinon, ce n’est qu’un cirque! Il faut voir des résultats concrets. Pour chaque dollars investi, nous devons établir une quantité de GES éliminées et intégrés à l’index carbone. Si le fond Vert doit intervenir pour éliminer davantage de GES, ou rendre le projet réaliste, il faut éviter de continuer à faire s’enrichir de grands pollueurs.

Se retirer des sources de GES

Dans le même ordre d’idées, il faut cesser immédiatement de financer ces grandes sociétés qui contribuent à polluer notre planète. Il ne s’agit pas de créer de l’équité interprovinciale, mais bien d’agir pour avoir encore une planète à léguer à nos enfants. Et, surtout, qu’elle soit toujours viable.

D’un point de vue technologique, les avancées ont déjà commencé. Nous découvrons des enzymes qui peuvent digérer le plastique, inventons des véhicules qui décontaminent l’océan des résidus de plastique, et d’autres innovations qui permettent de transformer des routes en panneaux solaires, chauffées et rétroéclairées.

J’entrevois un progrès considérable, attribuable à l’innovation dans le secteur des technologies vertes. La survie de notre espèce en dépend!

6. Les technologies quantiques

Et pour ceux qui me suivent, cela ne sera pas une surprise. Je fonde énormément d’espoir sur l’informatique quantique. J’entrevois vraiment ce nouveau paradigme positivement, et espère que l’entreprise Microsoft, dans sa vision de s’en servir pour améliorer la planète, est sérieuse dans sa démarche.

Les nouveaux modèles, et surtout les possibilités liées à ce nouveau format, sont pratiquement infinies. Imaginez que dans votre poche, vous ayez un accès sans fil à la capacité de calcul de 100, voir 1 000 ans de calcul, en quelques secondes. C’est un peu la promesse quantique, pour tout ce qui est de la recherche et des calculs très complexes. La capacité de résoudre d’énormes problèmes, à une échelle jusqu’à maintenant impossible.

La convergence de tout ça

Et après avoir regardé toutes ces possibilités, il faut se demander comment ces diverses plaques tectoniques vont se chevaucher. Je prédis que peu importe l’ordre dans lequel ces technologies émergeront, elles auront chacune un effet énorme sur notre vie quotidienne. Et c’est lorsqu’elle commenceront à se superposer que nous aurons le début d’une nouvelle ère, non seulement celle de l’IA, mais aussi celle de l’innovation, ayant le potentiel de nous sauver ou de nous détruire, en tant qu’humanité.

De la même façon que l’IA cible et recommande certaines zones de frappe militaire, cette même technologie peut aussi sauver des vies, en détectant et prévenant des cancers plus d’une décennie plus tôt. La technologie elle-même n’est pas bonne ou mauvaise. C’est l’utilisation que l’on choisit d’en faire qui est déterminante quant aux conséquences qu’elle aura sur soi et sur les autres. Je nous souhaite une belle décennie des lumières, une nouvelle ère de l’innovation et, surtout, d’être en mesure de concevoir des solutions qui amélioreront globalement la qualité de nos vies. Bonne année 2025!