L’intelligence artificielle occupe une place croissante dans notre quotidien, et profite à tous les secteurs. Le domaine de l’énergie n’y fait pas exception, et de nombreux nouveaux cas d’usages voient le jour autour de cette technologie, de sorte à améliorer voire révolutionner entièrement certains champs d’activité. Mais qu’est-ce qu’apporte l’IA au domaine de l’énergie aujourd’hui, et comment pourrait-elle le transformer, dans les années à venir?
Pour lire cette chronique telle que parue initialement dans la revue animée et interactive LES CONNECTEURS :
La prédiction de consommation d’électricité
L’invention de l’ampoule en 1879 par Thomas Edison a amorcé l’arrivée massive de l’électricité dans nos foyers. Aujourd’hui, elle est un outil indispensable pour notre quotidien, que ce soit pour nos loisirs, nos déplacements ou bien nos communications. Pourtant, la disponibilité de cette ressource est un enjeu complexe pour les entreprises qui la produisent.
« (…) la consommation électrique de l’IA pourrait atteindre (…) l’équivalent de la consommation d’un pays comme le Japon. »
Le bon fonctionnement des réseaux électriques repose sur un équilibre précaire entre la quantité d’électricité produite et la quantité consommée. Une surproduction d’électricité entraînerait un gaspillage de ressources, tandis qu’une sous-production provoquerait des coupures d’électricité dans les usines ou les foyers. Avec des historiques de consommations importantes, des tendances et de fortes saisonnalités dans notre consommation électrique, l’intelligence artificielle dispose de tous les éléments requis pour un apprentissage efficace et des performances intéressantes.
Cette prédiction fine de la consommation d’électricité des ménages pourrait permettre d’anticiper les pics de consommation et ainsi optimiser au mieux l’utilisation des différentes sources de production électrique, pour privilégier des sources renouvelables quand elles sont accessibles.
Cette optimisation est d’autant plus cruciale compte tenu de la consommation élevée d’électricité par les modèles d’IA. D’après l’Agence Internationale de l’énergie, la consommation électrique de l’IA pourrait atteindre 1000Twh, soit l’équivalent de la consommation d’un pays comme le Japon.
L’IA au service d’un réseau électrique plus intelligent
La généralisation de la prédiction de consommation d’électricité pourrait être le premier pas vers la création d’un réseau électrique plus intelligent. Les enjeux sont d’autant plus importants car la stratégie de sobriété énergétique de nombreux pays repose largement sur l’électrification des transports. De ce fait, la demande sur le réseau électrique continue de s’intensifier et une meilleure gestion des ressources devient nécessaire.
« Un réseau augmenté par l’IA pourrait permettre de mieux orchestrer la recharge (des véhicules électriques). »
Bien que les voitures électriques soient introduites comme une partie de la solution au dérèglement climatique, elles ajoutent leur lot de complexité à un réseau électrique déjà existant. Leur arrivée massive sur le marché (337 854 en 2024 rien qu’au Québec) modifie les habitudes de consommation des foyers, et augmente la demande sur le réseau électrique. Un réseau augmenté par l’IA pourrait permettre de mieux orchestrer la recharge de ces véhicules en personnalisant la durée de recharge en fonction des habitudes des utilisateurs ou en utilisant ces dernières pour délester une surcharge de production.
En cas de catastrophe naturelle ou de déconnexion d’une partie du réseau, l’IA pourrait rediriger l’électricité là où les besoins sont prioritaires, afin d’assurer un fonctionnement minimal des foyers, d’un hôpital ou même d’une usine si nécessaire. Les véhicules électriques branchés sur le réseau pourraient alors même servir de stockage d’urgence de l’électricité afin de la redistribuer au réseau, en cas de besoin.
Vers une décentralisation de la production électrique grâce à l’IA
Aujourd’hui, l’électricité est produite par des centrales de production qui génèrent de très grosses quantités d’électricité. Que ces centrales de production soient thermiques, hydroélectriques ou nucléaires, elles ont toutes le point commun de centraliser dans des lieux précis la production d’électricité. Cette centralisation permet de limiter les coûts de production en optimisant les infrastructures. Cependant, cette centralisation rend le réseau, et donc les foyers, dépendants de ces lieux de production spécifiques. En cas de dysfonctionnement ou de problème sur le réseau, des dizaines de milliers de personnes pourraient être privées d’électricité pendant plusieurs jours.
Un réseau électrique plus intelligent pourrait ainsi permettre de faciliter la décentralisation de la production d’électricité, et donc rendre possible des productions plus petites mais beaucoup plus éparpillées sur un territoire. Ainsi, de nombreux moyens de production d’électricité plus petits, utilisant les énergies renouvelables et ayant un impact moindre sur l’environnement, pourraient voir le jour.
Dans ce contexte, l’intelligence artificielle jouerait un rôle fondamental dans la gestion de manière efficace des multiples sources de production d’électricité, mobilisant l’électricité produite là où elle est nécessaire, tout en assurant une stabilité dans le réseau.
Activant un levier clé dans la transformation du secteur de l’énergie, et dans l’optimisation des ressources, l’IA a le potentiel de renforcer une nouvelle vision quant à notre façon de produire et de consommer l’électricité, accompagnée de nombreux défis, mais aussi de bénéfices considérables pour la société et l’environnement.
Crédit Image à la Une : Revue LES CONNECTEURS