L’avenir industriel du Québec se dessine à grands traits, entre les promesses de l’industrie 5.0 et les débats politiques qui l’accompagnent. La récente proposition du Parti québécois (PQ) de miser sur la robotisation pour réduire drastiquement le nombre de travailleurs étrangers temporaires jette un éclairage nouveau sur les enjeux auxquels notre société fait face. Une vision audacieuse.
Le Parti Québécois propose de faire passer le nombre de travailleurs étrangers temporaires de 270 000 à 40 000, en s’appuyant massivement sur l’automatisation et la robotisation. Cette approche, inspirée de pays comme la Corée du Sud, le Japon ou l’Allemagne, soulève des questions cruciales sur l’avenir du travail et de l’immigration au Québec. Mais les péquistes ne sont pas les seuls à voir en l’automatisation la solution. Dans le dernier numéro de LES CONNECTEURS, notre journaliste Sacha Israël, notait l’intérêt marqué de Martin Caron, président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), pour l’« accroissement des investissements en automatisation et robotisation » dans le secteur qu’il représente.
Les défis de la transition
Or, si l’intention de stimuler l’innovation est louable, la transition vers une économie hautement automatisée ne se fera pas sans heurts. Les secteurs agricoles et manufacturiers, particulièrement dépendants de la main-d’œuvre temporaire, devront faire face à des investissements colossaux pour s’adapter. La proposition du PQ, bien qu’ambitieuse, sous-estime les défis pratiques et financiers d’une telle transformation. Et ce n’est pas faute d’avoir déjà investi des sommes faramineuses dans l’IA, qui tarde maintenant à être adoptée par les entreprises de différents secteurs.
L’innovation au cœur de la stratégie québécoise
Heureusement, le Québec ne part pas de zéro. La Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation (SQRI2) 2022-2027 prévoit des investissements de 7,5 milliards de dollars sur cinq ans pour stimuler l’innovation. Cette stratégie globale, qui couvre l’ensemble du cycle de l’innovation, offre un cadre prometteur pour accompagner la transition vers l’industrie 5.0.
L’industrie 5.0 promet une symbiose entre l’humain et la machine, où la technologie vient augmenter nos capacités plutôt que de nous remplacer. La SQRI2, avec sa vision globale et intégratrice, offre un cadre plus équilibré pour aborder ces défis. Elle reconnaît que l’innovation n’est pas qu’une question de technologie, mais aussi de capital humain et de collaboration entre tous les acteurs de la société.
Dans ce numéro de LES CONNECTEURS, notre rédaction et nos chroniqueurs illustrent la compatibilité entre l’utilisateur humain, la machine et les visées de développement durable, ainsi que les moyens d’adhérer à ce mouvement dans différents secteurs, relevant au passage l’importance d’investir dans la formation continue afin de permettre aux utilisateurs de tous les milieux d’apprivoiser les technologies, avant d’embrasser leur plein potentiel.
L’avenir de l’industrie au Québec ne se résume pas à un choix binaire entre robotisation et immigration. Il s’agit plutôt de trouver un équilibre intelligent qui valorise à la fois l’innovation technologique et le potentiel humain. C’est dans cette voie nuancée et réfléchie que le Québec trouvera sa place dans l’industrie 5.0, en restant fidèle à ses valeurs d’inclusion et de progrès social.