Initiative lancée en février 2023, la feuille de route 2035 de PRIMA Québec (Pôle de Recherche et d’Innovation en Matériaux Avancés) est décrite par la grappe de l’innovation comme marquant une étape cruciale dans la quête du Québec pour devenir un leader mondial dans le secteur des matériaux avancés. Un projet qui mobilise un écosystème diversifié, pour élaborer des solutions écoresponsables, ciblant les enjeux urgents de décarbonation et de compétitivité industrielle. Voilà ce qui en fait l’approche audacieuse et inédite, selon les experts interrogés par CScience, dans ce dernier reportage du dossier consacré à la révolution des matériaux avancés.
Une vision ambitieuse pour l’innovation et la durabilité
Se voulant unique, tant par l’ampleur de sa vision que par son effort de mobilisation, le projet de PRIMA Québec vise à structurer un secteur encore fragmenté de par sa nature transversale, en réunissant les acteurs de l’industrie et de la recherche autour de trois axes stratégiques : la transition énergétique, la transformation numérique et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement.
« C’est une première, tant à l’échelle du Québec que du Canada. »
– Marie-Pierre Ippersiel, présidente et directrice générale de PRIMA Québec
En intégrant ces éléments, le projet entend faire des matériaux avancés un pilier essentiel pour atteindre les objectifs de décarbonation du Québec et réduire la dépendance aux matières premières étrangères. « C’est une première, tant à l’échelle du Québec que du Canada », soutient Marie-Pierre Ippersiel, présidente et directrice générale de PRIMA Québec.
Mobilisation de l’écosystème et progrès concrets
L’un des aspects les plus novateurs de cette feuille de route serait la manière dont elle mobilise l’ensemble de l’écosystème des matériaux avancés, puisque PRIMA Québec a mis en place un comité de pilotage incluant des représentants de l’industrie, de la recherche et du secteur financier, une démarche qui n’aurait pas de précédent dans le domaine.
« Plus de 280 participants ont été impliqués dans des consultations, ce qui démontre un fort engouement pour cette initiative », explique Marie-Pierre Ippersiel. Ce processus collaboratif a permis de sélectionner quatre secteurs prioritaires : l’énergie, les transports, l’électronique et l’environnement, choisis en fonction de leur potentiel de marché, de leur capacité d’innovation et de leur contribution à la décarbonation.
Luc Pouliot, CEO de Polycontrols Technologies et président du conseil d’administration de PRIMA Québec, insiste également sur la notion d’« inédit ». « La feuille de route a reçu l’appui enthousiaste et unanime de l’ensemble des membres du conseil d’administration de PRIMA », précise-t-il. Depuis son lancement, le comité de pilotage a défini des orientations claires et travaille actuellement à formuler des recommandations concrètes. « Nous cherchons à inclure autant que possible des cibles quantifiées afin d’assurer un suivi efficace », ajoute-t-il.
Un enthousiasme qui trouve son homologue à l’externe, auprès du reste de l’écosystème de l’innovation, notamment en Luc Sirois : « Leur feuille de route de l’industrie donne une vue d’ensemble de tout ce qui doit être accompli, et par qui, pour propulser leur industrie, et contribuer à nous décarbonner (…) C’est du génie », a commenté l’innovateur en chef du Québec, au sortir du dévoilement.
Développement durable et décarbonation : des enjeux cruciaux
La feuille de route se distingue également par son engagement envers le développement durable. « Les matériaux sont au cœur du processus d’innovation industrielle », atteste Marie-Pierre Ippersiel. Le projet vise à asseoir le développement économique du Québec sur une empreinte écologique minimale, alignée sur les objectifs de carboneutralité d’ici 2050. « En facilitant l’accès à des matériaux avancés plus performants et respectueux de l’environnement, cette initiative ouvre la voie à des procédés industriels optimisés et à une meilleure efficacité énergétique », déclare la PDG de PRIMA Québec.
Pour Luc Pouliot, cette transformation est impérative. « Concevoir et fabriquer des produits de façon écoresponsable coûte plus cher à court terme, mais c’est une nécessité, insiste-t-il. Des technologies comme la fabrication additive et les nouveaux alliages légers peuvent révolutionner les processus industriels, réduisant ainsi l’empreinte carbone de manière significative », évoquant ainsi l’importance de démontrer la valeur ajoutée de ces nouvelles approches. Il ajoute que « Les entreprises doivent pouvoir quantifier l’impact de leur démarche pour répondre aux enjeux de durabilité ».
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Des défis de taille et des opportunités à saisir
L’initiative doit composer avec des défis majeurs à relever, en particulier en matière de financement et de réglementation. « Il est crucial que nos start-up soient bien accompagnées, qu’elles aient accès à du capital patient et à des partenaires stratégiques », souligne Marie-Pierre. L’ajustement des cadres réglementaires est également nécessaire pour accompagner le développement de ces nouveaux matériaux, tout en assurant la conformité aux normes environnementales.
Luc Pouliot fait la même analyse, ajoutant qu’il faut une stratégie à long terme pour soutenir ces initiatives. « Nous devons réviser les cadres législatifs pour favoriser l’écoconception et l’écoresponsabilité, argumente-t-il. Sensibiliser la population et les acteurs économiques aux enjeux environnementaux est tout aussi essentiel. »
Malgré ces défis, les opportunités offertes au Québec sont immenses. En encourageant l’émergence de start-up et en soutenant les PME innovantes, le Québec peut renforcer sa position sur la scène mondiale. « Le Québec a le potentiel de devenir un chef de file mondial dans les matériaux avancés », affirme Luc. Pour atteindre cet objectif, l’augmentation de la circularité des matériaux dans les chaînes d’approvisionnement est identifiée comme un levier crucial.
Un impact économique et sociétal attendu pour 2035
D’ici 2035, cette feuille de route ambitionne de transformer l’économie québécoise en favorisant le développement et la commercialisation accélérée de matériaux avancés durables. « Nous anticipons une nouvelle génération de matériaux et de procédés qui permettront de réduire l’empreinte carbone des industries tout en améliorant leur compétitivité à l’échelle mondiale », déclare Mme Ippersiel. Ce projet contribuera également à renforcer l’indépendance du Québec face aux matières premières étrangères, tout en optimisant la gestion des ressources naturelles.
Luc Pouliot adhère à cette vision, évoquant l’impact global que cette initiative aura, selon lui, sur l’autonomie économique de la province. « Les innovations que nous développons permettront de renforcer l’autonomie du Québec dans des secteurs stratégiques et d’ouvrir de nouvelles perspectives économiques », conclut-il.
Si la révolution des matériaux avancés apparaît comme un levier incontournable pour positionner le Québec au centre des enjeux de durabilité et de compétitivité mondiale, les acteurs de l’innovation misent sur la feuille de route 2035 de PRIMA Québec en guise de vecteur de transformation pour les industries québécoises. S’appuyant sur l’innovation et la mobilisation d’un écosystème varié, cette nouvelle ressource pourrait propulser le Québec comme leader mondial dans le secteur des matériaux avancés. « Grâce à cette vision ambitieuse, nous sommes prêts à relever les défis environnementaux tout en assurant une compétitivité économique durable », pense Marie-Pierre Ippersiel.
Crédit Image à la Une : Luc Sirois, Marie-Pierre Ippersiel et Luc Pouliot au dévoilement de la feuille de route 2035 de PRIMA Québec.
À consulter :
[Dossier] La révolution des matériaux avancés : les grands défis