Que ce soit dans le secteur automobile, l’éducation ou encore la construction, l’impression 3D se développe de plus en plus. C’est aussi le cas dans le secteur de la santé.
Lire ce reportage dans la revue interactive LES CONNECTEURS, en page 24 :
Chez votre dentiste, c’est peut-être déjà le cas : vous recevez votre nouvelle couronne dentaire parfaitement adaptée à votre bouche sans ajustement nécessaire ni envoi au laboratoire seulement quelques heures après que votre dentiste a pris l’empreinte de votre dentition. Si c’est le cas, vous pouvez sans doute remercier l’impression 3D. Sinon, ce genre d’expérience ne saurait sans doute tarder pour vous.
Car l’impression 3D ne se limite plus à la chirurgie dentaire et gagne de plus en plus de terrain dans l’industrie de la santé, et en particulier dans les établissements hospitaliers. Son marché dans ce domaine serait notamment estimé à 5 800 milliards de dollars d’ici 2030, selon Allied Market Research, un chiffre qui illustre son caractère prometteur et sa croissance exponentielle. C’est ce dont sont venus témoigner certains responsables de l’innovation hospitalière au 10ème grand rendez-vous des technologies à Lyon en France, le SIDO.
Un outil de simulation et d’éducation
Modèles anatomiques, prototypes, dispositifs médicaux ou encore supports de rééducation, les solutions de technologies 3D sont nombreuses et les bénéfices évidents pour les professionnels de santé. « La 3D sert aussi bien les soignants que les infirmiers et les médecins. Elle peut servir en tant que simulateur pour remplacer l’organique par le synthétique et ainsi éviter les tests sur les animaux », explique en début de conférence Delphine Prieur, directrice opérationnelle de PRIM3D. À ses côtés, Samuel Guigo, coordinateur de la plateforme d’impression 3D W.Print au CHU de Brest ajoute : « C’est aussi un véritable gain de temps, le praticien gagne 45 minutes sur 3 heures d’opération s’il s’entraîne avant ».
« La 3D sert aussi bien les soignants que les infirmiers et les médecins. Elle peut servir en tant que simulateur pour remplacer l’organique par le synthétique et ainsi éviter les tests sur les animaux »
– Delphine Prieur, directrice opérationnelle de PRIM3D
Si la fabrication additive semble à première vue aider le corps médical, elle est également avantageuse pour les patients. « La 3D va améliorer la prise en charge des patients et leur permettre de mieux comprendre ce qui se passe dans leur corps. Elle fournit une véritable éducation thérapeutique et peut également les rassurer », ajoute Delphine Prieur.
Modélisation et impression
La 3D ne passe pas forcément par l’impression. Même si cette dernière est importante et constitue une véritable réplique d’entraînement pour le chirurgien, la modélisation est la plus souvent utilisée. « La modélisation permet de comprendre l’image, aussi bien pour le patient que pour le praticien », précise Delphine Prieur.
Parmi les secteurs utilisant le plus l’impression 3D, le dentaire est en tête. Elle peut également impacter la fabrication de médicaments ou encore la planification chirurgicale. Cette solution permet de créer des dispositifs sur mesure, auxquels les industriels ne peuvent pas toujours répondre.
« L’idée n’est pas non plus de faire concurrence, mais de combler ce qu’on n’arrive pas à trouver. Par exemple, pour la stérilisation, nous n’avons pas les mêmes notions que certains industriels », explique la directrice opérationnelle de PRIM3D.
Une technologie de plus en plus adoptée
Pour le moment, l’impression 3D est principalement utilisée au sein des Centres hospitaliers universitaires, où une à deux machines sont généralement présentes. Mais cette technologie tend à se développer. En 2023, l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) a lancé la création d’un réseau national des plateformes d’impression 3D des CHU français.
Ce réseau permet de réunir régulièrement les représentants de 19 CHU dans une démarche d’harmonisation des pratiques en France. Pour coordonner ces projets, un comité scientifique évalue la pertinence de l’impression 3D en fonction de différents critères. « Nous allons voir le côté innovant des solutions proposées, l’amélioration de la qualité de vie des soignants, de la prise en charge des patients, ainsi que la possibilité de partager ces solutions avec d’autres services », explique Delphine Prieur.
Du côté lyonnais, les HCL (Hospices Civils de Lyon), en collaboration avec l’INSA Lyon, ont mis en place la plateforme CO’LAB 3D en 2020. Cette plateforme, portée par un collectif de professionnels de santé, dispose d’un service d’ingénierie dédié. Son objectif est de développer la fabrication de produits sur mesure.
« En quatre ans, nous avons rencontré beaucoup d’établissements qui souhaitent développer ce service. Nous organisons également des formations pour ceux qui veulent se spécialiser dans la 3D », ajoute Peggy Leplat-Bonnevialle, adjointe à la direction de l’innovation des HCL.
« En quatre ans, nous avons rencontré beaucoup d’établissements qui souhaitent développer ce service. Nous organisons également des formations pour ceux qui veulent se spécialiser dans la 3D. »
– Peggy Leplat-Bonnevialle, adjointe à la direction de l’innovation des HCL
L’objectif pour les entreprises de ce secteur reste avant tout de l’étendre aux plus petites structures. Une ambition partagée par Samuel Guigo, coordinateur de la plateforme d’impression 3D W.Print au CHU de Brest: « Je suis seul au sein de l’unité, mais j’offre ce service à tout l’hôpital, que ce soit pour un chirurgien ou pour un agent d’entretien qui nettoie son bureau. Mais cela évolue vite, peut-être que dans cinq à dix ans, nous serons capables d’imprimer nous-mêmes des implants ou autres dispositifs. »
Au vu de l’intérêt réel que représente l’impression 3D dans le secteur médical, elle est appelée à évoluer davantage. Le taux de croissance annuel estimé pour l’impression 3D médicale jusqu’en 2030 est par ailleurs de 20,10 %, selon Allied Market Research.
Pour aller plus loin:
Crédit Image à la Une : Justine Magand