Paramédicaux surchargés, patients délaissés… Le fléau du manque de ressources des services préhospitaliers est un problème majeur au Québec. Alors que les services des urgences saturent dans la région, Urgences-santé, en collaboration avec Airudi, mise sur l’intelligence artificielle pour pallier la surcharge hospitalière.
Pour lire l’article original dans le magazine animé et interactif LES CONNECTEURS, en page 14 :
Une crise institutionnelle hospitalière au Québec ?
Beaucoup de facteurs pointent du doigt un manque de ressources flagrant quant aux soins préhospitaliers. On compte 2,5 millions de personnes à Montréal et Laval qui bénéficient des soins paramédicaux d’Urgences-santé, et 1 000 appels par jour, soit environ 36 % des demandes d’ambulance au Québec. Un phénomène qui ne risque pas de s’atténuer avec le vieillissement de la population, qui indique une hausse estimée à 10 % d’ici 2033.
36 % des demandes d’ambulance au Québec sont pour le territoire de Montréal et Laval.
Une étude menée par des avocats ontariens spécialisés en dommages corporels (Preszel Injury Lawyers) a utilisé les données de l’Institut canadien de la santé pour expliquer la hausse des demandes de soins préhospitaliers au Canada. Parmi les 10 raisons principales qui amènent la population à se présenter aux urgences, la première concerne les douleurs abdominales et pelviennes, qui comptabilisent 415 195 visites sur l’année 2023.
Ce que l’on constate en étudiant le nombre de visites aux urgences et le pourcentage de personnes renvoyées chez elles sans admission à l’hôpital, c’est la grande proportion de cas contrôlables ne nécessitant que peu de soins immédiats.
Dans les nombreux motifs de visites aux urgences qui figurent dans cette étude (troubles abdominaux, cardiaques ou respiratoires), est soulignée la sévérité des symptômes qui pousse la population à chercher des soins immédiats en se présentant aux urgences.
Cela résulte ainsi en des visites aux urgences parfois prématurées, au sein d’un système de santé qui n’est pas en mesure de traiter rapidement les cas les plus légers.
Si l’on combine alors l’appréhension des patients qui craignent pour leur santé avec les paramédicaux en sous-effectif, on obtient ainsi panique générale et surcharge considérable des urgences, pouvant mener à la mise en danger de certains patients avec des troubles plus graves.
L’intelligence artificielle pour optimiser les services préhospitaliers
Lors de l’événement ALL IN (le plus important événement dédié à l’IA du Canada) du 12 septembre dernier, Urgences-santé, en collaboration avec Airudi, une PME québécoise spécialisée en conception de solutions d’intelligence artificielle (IA), a fait l’annonce officielle de la plateforme MODUS. Une solution propulsée par l’IA qui les aidera à relever leurs défis liés à la planification et la gestion des effectifs paramédicaux grâce à une meilleure prédiction de la demande.
« Grâce à l’IA et ses algorithmes, nous développons un nouvel outil d’aide à la décision pour nos gestionnaires (…) qui permettra de suivre l’évolution en temps réel des niveaux de services préhospitaliers (…) »
– François Charpentier, président-directeur général d’Urgences-santé
Cette nouvelle solution de prise en charge innovante sera utilisée afin de mieux gérer les ressources humaines, en optimisant la répartition des effectifs et la réponse aux urgences. Une sorte de triage intelligent qui pourra mieux prioriser les cas les plus graves.
L’objectif de cet outil est de répondre au besoin d’efficacité, pour permettre aux patients avec les troubles les plus légers d’obtenir des soins rapides et, de ce fait, induire une décharge des urgences.
La plateforme sera ainsi constituée d’un algorithme sophistiqué intégrant divers éléments pour développer un modèle de prédiction d’appels, une façon d’anticiper les demandes et d’agir plus efficacement en fonction du besoin médical.
« Grâce à l’IA et ses algorithmes, nous développons un nouvel outil d’aide à la décision pour nos gestionnaires. En plus des tableaux de bord déjà existants au Centre de gestion des opérations, nous nous dotons désormais d’un tableau de bord intelligent qui permettra de suivre l’évolution en temps réel des niveaux de services préhospitaliers et prédire la demande à long, moyen et court termes », relate François Charpentier, président-directeur général d’Urgences-santé.
Une technologie collaborative à l’échelle nationale
Cette technologie de pointe qui sera déployée au cours des prochains mois se veut instructive et collaborative avec le reste de l’écosystème de santé canadien et québécois, afin de parvenir à alléger les services d’urgence, ainsi qu’à mieux veiller à la santé de la population.
Une formule qui vient soulager autant les patients que les paramédicaux, qui pourront travailler dans de meilleures conditions grâce à cette plateforme.
Satisfaite des résultats préliminaires observés, l’équipe d’Airudi a déjà entamé « des discussions avec d’autres acteurs importants du secteur paramédical à l’échelle du Québec et du Canada, qui ont exprimé un vif intérêt pour bénéficier d’une solution similaire. », explique Marc Plamondon, vice-président et directeur général de la division Santé au sein de l’entreprise.
Ainsi, la plateforme MODUS apparaît comme premier pas vers une modernisation des services paramédicaux, ayant pour vocation de soulager le fardeau qui pèse sur le système de santé actuel.
Crédit Image à la Une : Dévoilement du projet MODUS à l’événement ALL IN à Montréal. (Photo : LinkedIn)