Alors que les nombreux projets émergent et que les entreprises étrangères viennent poser bagages, le Québec est plus que déterminé à poser ses marques comme leader mondial d’informatique quantique. Comment la province parvient-elle à se placer comme pôle d’innovation dans le domaine?
Consultez ce reportage tel que paru initialement dans la revue interactive LES CONNECTEURS, ou poursuivez votre lecture plus bas :
Qu’entend-on par informatique quantique?
Si l’informatique quantique est une notion encore floue pour le public, elle représente pourtant un facteur clé en vue d’une économie du futur pour les experts dans le domaine.
Le quantique, souvent associé à la mécanique ou à la physique, parvient avec difficulté à résonner dans les oreilles de la population comme sphère informatique aux ambitions révolutionnaires.
Le superordinateur quantique que le Québec exploite à Bromont est le quatrième de ce type opérationnel dans le monde
Il reste difficile de définir précisément une technologie qui bouleversera de nombreux domaines. Retenons surtout que l’informatique quantique permettra de résoudre de multiples problèmes complexes, en exploitant une puissance de calcul bien supérieure à celle des ordinateurs traditionnels.
« L’informatique quantique est un domaine émergent de l’informatique de pointe, qui exploite les qualités uniques de la mécanique quantum pour résoudre des problèmes qui dépassent les capacités des ordinateurs classiques les plus puissants. », explique IBM (International Business Machine Corporation).
Le Québec à l’avant-garde
Mais alors, qu’est-ce qui place le Québec comme pôle d’innovation en la matière?
La province rayonnait déjà l’an dernier avec l’arrivée du superordinateur opéré par IBM dévoilé à Bromont et exploité par la plateforme d’innovation numérique et quantique du Québec (PINQ2). Une annonce qui a mobilisé de nombreux acteurs de l’écosystème puisque le Canada est la quatrième nation après les États-Unis, l’Allemagne et le Japon à avoir un superordinateur opéré par IBM à travers le monde.
Ce superordinateur, sous les feux des projecteurs lors de son inauguration, met également de l’avant les nombreuses infrastructures québécoises à la pointe de la technologie, réunissant l’ensemble de l’écosystème quantique.
Distriq en passe de faire du Québec la puissance mondiale la plus en vue dans le quantique
On appelle « Distriq » la zone d’innovation quantique du Québec, située au cœur de la ville de Sherbrooke. Décrite comme une organisation qui catalyse l’expertise et les infrastructures, elle connecte et intègre les initiatives collaboratives en augmentant la synergie entre les différents acteurs de l’écosystème quantique d’ici.
L’année dernière, l’Espace Quantique 1 (EQ1) avait d’ailleurs rassemblé une foule d’acteurs de l’écosystème ainsi que quelques représentants ministériels pour inaugurer cet espace muni de nombreux locaux et matériels. Cette infrastructure mise à disposition des start-up, entreprises et organismes impliqués, offre également le DevteQ, un laboratoire de Développement des Technologies Quantiques d’une surface de 20 000 pieds carrés qui promet d’offrir un avantage compétitif sur le marché.
La priorité dans la mise en place de ces infrastructures est bel et bien de permettre aux entreprises de démarrer ou de prendre de l’accélération comme le suggère le directeur général de Distriq, Martin Enault.
Cet avantage compétitif s’associe également à la volonté d’attirer des joueurs internationaux afin que des entreprises étrangères viennent s’implanter dans la zone d’innovation.
« Avec cet investissement majeur dans la zone d’innovation Distriq, on contribue à la création et à l’implantation de nouvelles entreprises dans un secteur stratégique d’avenir. Les retombées de ce projet assureront que les talents et l’expertise sont au rendez-vous », soutenait Pierre Fitzgibbon, ancien ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie. « C’est grâce à des initiatives comme celle-ci qu’on va hisser le Québec comme leader à l’échelle mondiale dans les sciences quantiques », avait-il ajouté.
Ces investissements proviennent en partie du gouvernement québécois ayant octroyé un budget à hauteur de 65,3M$ lors de l’inauguration de l’EQ1 en 2023. Les fonds investis ont ainsi pu permettre à cinq grands projets de voir le jour, permettant d’enrichir l’écosystème quantique et de créer de l’emploi.
Des financements qui ont surtout pour vocation d’intégrer différentes start-up étrangères, notamment l’entreprise française PASQAL, qui a bénéficié d’un prêt de 15 M$ pour s’implanter dans la zone d’innovation, afin de fabriquer des ordinateurs quantiques destinés au marché nord-américain.
Cette attractivité pour les entreprises étrangères a d’ailleurs récemment incité la start-up française Quandela à s’ajouter dans les rangs en annonçant l’ouverture d’une filiale canadienne à Montréal, en septembre dernier.
MonarQ, une initiative québécoise pour du quantique québécois
MonarQ, une des dernières actualités quantiques, vient signer une nouvelle ambition quantique québécoise avec l’annonce du premier superorodinateur conçu au Québec.
Lancé par l’équipe de Calcul Québec, cet ordinateur dont le nom fait référence au papillon « monarque » comme symbole de transformation, selon la directrice générale de Calcul Québec, Suzanne Talon, constitue un pas de plus pour offrir à la communauté de la recherche et de l’innovation « une occasion unique de développer et tester de nouveaux algorithmes quantiques et hybrides ».
Annoncé en septembre dernier et décrit comme un supraconducteur de 24 qubits, il promet d’être adapté aux besoins actuels de la recherche et de résoudre des problèmes selon de nouvelles approches, tout en garantissant que l’ensemble de la propriété intellectuelle générée demeure au Québec.
Entouré d’autres superodinateurs et accessible dès janvier 2025, il se trouve actuellement dans un local de l’École de technologie supérieure (ÉTS) à Montréal, renforçant encore ce lien entre le monde quantique et le monde universitaire.
« L’arrivée de MonarQ permettra à la communauté universitaire, scientifique et aux entreprises d’avoir accès aux technologies quantiques nécessaires pour des recherches dans des domaines aussi variés que l’énergie, le transport, la pharmaceutique ou les matériaux. En soutenant l’innovation de cette manière, nous nous assurons de bien positionner les PME et les organisations du Québec, et de renforcer notre leadership mondial dans ce domaine », amène Soraya Martinez Ferrada, ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.
Former une main-d’oeuvre en quantique dans le milieu académique
L’Institut quantique de Sherbrooke vient compléter la zone Distriq, avec l’ouverture du premier programme d’informatique quantique au monde.
Cet institut de recherche de l’Université de Sherbrooke se concentre ainsi sur la science et les technologies quantiques, en réunissant des scientifiques spécialistes en matériaux quantiques, en information quantique et en ingénierie quantique dans le but d’effectuer des travaux de recherche fondamentale et de développer les technologies quantiques du futur. Tout cela en familiarisant les étudiants à ses fonctions et ses aspirations pour l’avenir. Une autre occasion de créer un pont entre le monde académique et la recherche, dans un domaine encore complexe à démystifier pour l’opinion publique.
« Le financement de la recherche est la base pour le développement des technologiques quantiques, et Distriq s’assure de créer des ponts entre cette recherche et les entreprises utilisatrices de solutions quantiques. Ainsi, le développement est encadré de façon éthique pour des innovations socialement responsables », affirme Richard St-Pierre, directeur général de Distriq, faisant référence au programme de financement STIMuleS du Fonds de Recherche du Québec.
Il sera possible de visionner notre émission C+Clair sur la thématique de la recherche et de l’innovation en quantique responsable, dès le 11 décembre prochain sur le site de LES CONNECTEURS