LeddarTech et IA : un fleuron québécois de l’innovation relancé

Les technologies de pointe demandent de nombreux financements avant de porter leurs fruits. LeddarTech est un leader mondial des logiciels évolués d’aide à la conduite (ADAS) reposant sur l’IA. Si la firme de Québec a connu de grandes difficultés en début d’année, ses principaux partenaires financiers croient toujours en elle. Mais pourquoi? Son PDG, Frantz Saintellemy, l’explique à la rédaction de LES CONNECTEURS, et parle des projets en cours.

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Un leader mondial des logiciels automobiles

Frantz Saintellemy, PDG de LeddarTech (Courtoisie).

Développée par LeddarTech, sa technologie phare LeddarVision permettrait aux véhicules de mieux comprendre la scène et de mieux détecter ce qu’il se passe, de la façon dont l’humain opère. « Le système sensoriel prend les données brutes provenant de l’environnement et notre cerveau, puis fait la fusion. Si nous voyons un véhicule stationné et immobile, mais que l’on entend le moteur qui tourne, notre cerveau nous dit qu’il y a un risque. Notre système nerveux commence à réagir », explique M. Saintellemy.

« LeddarTech a inventé et développé une approche basée sur la fusion et la perception de données brutes. Tous les grands joueurs de l’industrie automobile reconnaissent que c’est celle de l’avenir. »

– Frantz Saintellemy, PDG de LeddarTech

« LeddarTech a inventé et développé une approche basée sur la fusion et la perception de données brutes. Tous les grands joueurs de l’industrie automobile reconnaissent que c’est celle de l’avenir. » Le système d’IA récupèrerait, de la même façon, les données brutes issues de la caméra, du radar, de l’ultrason, mais aussi de la dynamique de l’auto. « Le véhicule va savoir si vous être sur une chaussée mouillée ou des graviers. Tout cela est fusionné dans un modèle environnemental en 3D de très haute définition, entre 15 et 30 fois à la seconde, et nous y appliquons notre intelligence artificielle », résume-t-il.

Les marques automobiles comme BMW, Mercedes, Volvo, Renault ou Volkswagen utilisent des processeurs informatiques de marque Qualcomm ou Nvidia. « Notre logiciel est déjà porté dans ces processeurs-là et cela facilite son intégration. Nous collaborons aussi avec des partenaires comme ARM, leader dans les cœurs de processeurs, ou Texas Instruments, dans l’automobile », ajoute-t-il.

De récentes difficultés

Les informations concernant LeddarTech se limitaient ces derniers mois à de mauvaises nouvelles, comme des pertes se chiffrant à une dizaine de millions de dollars canadiens, et la chute de 95 % du cours de son action à la bourse américaine (NASDAQ). Si le Mouvement Desjardins a accepté d’alléger les conditions d’un prêt, Frantz Saintellemy, son dirigeant, a dû également convaincre ses principaux partenaires de lui accorder des prêts relais, comme FS Investors ou Investissement Québec (IQ), pour un total de 9 millions de dollars américains à ce jour. Les demandes de financement se poursuivront jusqu’à l’automne. Ces prêts relais pourront être transformés en action à une valeur de l’action bien supérieure au cours boursier. « Nos trois actionnaires principaux nous ont même avancé leur portion de financement [FS a déjà converti 1,5 M$ à 2 $ l’action, soit le double de sa valeur], se réjouit Frantz Saintellemy. Ils ont confiance en notre compagnie. Cela nous donne du capital et plus de flexibilité pour pouvoir atteindre un très bon financement de 35 M$ cet automne. »

Pourquoi aider une Tech en souffrance?

Le gouvernement du Québec (via IQ) et ses amis ne sont pas tombés sur la tête. S’ils vont rassurer les marchés et sauver le fleuron provincial, ils voient plus loin. Dans ce cas, LeddarTech a 80 brevets et développe des logiciels uniques au monde. Pour exemple, la technologie LeddarVision est en évaluation depuis 2022 chez une trentaine de manufacturiers et d’équipementiers, ses clients de l’industrie automobile.

Les règlements automobiles européens et américains vont exiger, dans les années à venir, et pour tous les nouveaux véhicules, d’avoir des technologies embarquées de haut niveau.

Si l’investissement est colossal dans ces centres de recherche et de développement, les recettes se font attendre mais vont bien arriver. « Nous avons des jalons qui viennent à brève échéance, confirme M. Saintellemy. Nos actionnaires sont des insiders (« initiés » ou personnes privilégiées par leur position ou leur expérience interne), et ils y voient une opportunité. Ils ont décidé d’en tirer avantage. Cela devrait être un signal positif. »

Les règlements automobiles européens et américains vont par ailleurs exiger, dans les années à venir, et pour tous les nouveaux véhicules, d’avoir des technologies embarquées de haut niveau. LeddarTech a une bonne longueur d’avance sur ses concurrents.

Même s’il convient de rester prudent, le ciel s’éclaircit pour LeddarTech. Place à l’innovation.

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Crédit Image à la Une : LeddarVision pour applications ADAS de niveau 2/2+