L’année 2025 s’annonce comme un carrefour décisif pour l’innovation au Québec et au Canada. Deux piliers stratégiques se démarquent : l’intelligence artificielle (IA) et l’énergie. Ces secteurs ne sont pas seulement des moteurs économiques, mais aussi des leviers pour répondre aux défis environnementaux, sociaux et géopolitiques d’un monde en mutation rapide.
Pour lire cet éditorial sous sa forme initiale dans le magazine LES CONNECTEURS :
L’IA : un écosystème en effervescence
Le Québec s’affirme comme un leader mondial en IA, grâce à des centres d’excellence tels que MILA à Montréal et l’Institut intelligence et données (IID) à Québec. Ces institutions mettent en avant une recherche fondamentale de pointe et des applications concrètes dans des domaines variés, comme la santé, l’environnement et les technologies éthiques. Cependant, cette position enviable exige un encadrement rigoureux. La démocratisation de l’IA doit aller de pair avec une réflexion éthique pour garantir qu’elle serve le bien commun, comme le souligne Yoshua Bengio, pionnier québécois de ce domaine.
Énergie : transition et innovation
En parallèle, le secteur énergétique connaît une transformation majeure. Le Québec investit massivement dans les énergies vertes et la transition énergétique, notamment avec le fonds Capital ressources naturelles et énergie. Avec une enveloppe de 500 millions de dollars, ces initiatives visent à accélérer la production d’énergies renouvelables tout en stimulant la compétitivité des entreprises locales.
Les tensions avec les États-Unis : un défi stratégique
Sur la scène internationale, le retour de Donald Trump à la présidence américaine exacerbe les tensions commerciales avec le Canada. Des menaces tarifaires sur les exportations canadiennes pourraient plonger le pays dans une récession brutale. Cette instabilité met en lumière l’urgence pour le Québec et le Canada de diversifier leurs partenariats économiques et d’accélérer leur autonomie technologique.
L’innovation comme réponse aux défis
Face à ces enjeux, l’innovation devient une nécessité stratégique. Investir dans l’IA et l’énergie ne se limite pas à une quête de croissance économique; c’est aussi une manière de renforcer la résilience du pays face aux bouleversements mondiaux. À travers des initiatives collaboratives et inclusives, le Québec peut continuer à rayonner sur la scène internationale tout en répondant aux besoins locaux.
En 2025, il est crucial que nos choix technologiques soient éclairés par des valeurs humaines fortes. L’innovation doit être au service d’une société plus durable, équitable et prospère.
L’encadrement de l’IA : une opportunité manquée
Alors que le Canada souhaite renforcer sa position de chef de file en intelligence artificielle, l’absence d’un cadre réglementaire solide freine cet élan. Le projet de loi C-27, qui devait encadrer les systèmes d’IA à incidence élevée, est aujourd’hui en suspens après la démission de Justin Trudeau et sa demande de prorogation du Parlement canadien. Ce vide législatif laisse les entreprises sans directives claires pour gérer les risques associés à l’IA, compromettant la confiance des citoyens et ralentissant l’innovation responsable.
Faire face aux menaces économiques de Trump en misant sur nos richesses naturelles
Les récentes menaces de Donald Trump – qui fantasme la conquête du Canada pour en faire le 51ème État américain – d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les exportations canadiennes représentent un défi majeur pour l’économie. Pour résister à ces pressions, le Canada pourrait envisager plusieurs stratégies : renforcer ses alliances commerciales avec l’Union européenne et l’Asie, mobiliser des groupes d’influence américains pour souligner les impacts négatifs sur leur économie, et engager des négociations bilatérales fermes mais diplomatiques. Plusieurs leaders politiques, dont la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, préconisent une approche axée sur les ressources énergétiques et minérales du Canada. Lors de sa rencontre avec Trump à Mar-a-Lago, Mme Smith a souligné que des centaines de milliers d’emplois américains dépendent des exportations énergétiques albertaines, positionnant le pétrole et le gaz comme des leviers stratégiques pour négocier une relation économique équilibrée. Elle a également mis en garde contre les répercussions des mesures extrêmes comme un embargo énergétique qui, selon elle, créerait une « crise d’unité nationale », en affectant l’approvisionnement essentiel des provinces canadiennes elles-mêmes. Dans le point de presse de ce mercredi 15 janvier 2025, le premier ministre du Québec, François Legault, n’a pas écarté l’option de couper l’Hydro aux Américains. Plaider plutôt pour une stratégie de négociation faisant valoir les avantages mutuels d’une collaboration énergétique, ou se déclarer la guerre? Telle est la question.
Dans ce numéro de LES CONNECTEURS, nos journalistes et chroniqueurs abordent à la fois la thématique sous cet angle plus complexe, mais aussi l’IA et l’énergie de manière plus accessible, à travers des sujets légers et conseils utiles au quotidien pour apprivoiser les enjeux, défis et succès du Québec et du Canada en matière de consommation responsable d’IA et d’énergie.