Technologies et mobilisation environnementale pour une meilleure santé durable des aînés

Technologies et mobilisation environnementale pour une meilleure santé durable des aînés

L’urgence face à la crise climatique, menace universelle, est de plus en plus pressante, et met à risque la santé des ainés. Dans un contexte où la santé et le bien-être des populations vieillissantes sont en jeu, il est essentiel de réfléchir à des solutions inclusives et adaptées à leurs besoins spécifiques.

Pour lire l’article original dans le magazine animé et interactif LES CONNECTEURS, en page 18 :

« Les changements climatiques n’épargneront la santé de personne. C’est donc vraiment un enjeu qui nous concerne tous, et tout le monde doit s’en préoccuper », pense Stéphanie Meynet, chercheuse postdoctorale à l’Université de Sherbrooke. Cette préoccupation commune se doit d’inclure les aînés, alors que des facteurs autant physiques que politiques, économiques ou sociaux les rendent plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques sur leur santé.

Selon une étude de l’Université d’Ottawa, la régulation de la température corporelle perd en efficacité avec l’âge, ce qui augmente les risques de blessures légères et graves liées à la chaleur.

« (…) les aînés sont en dehors de tout. Il y a beaucoup de progrès à faire à ce niveau-là. »

– Stéphanie Meynet, chercheuse postdoctorale à l’Université de Sherbrooke

Les difficultés des personnes âgées peuvent être exacerbées par un manque d’accessibilité à des infrastructures. En cas de grosses chaleurs, « est-ce qu’il y a des salles climatisées qui sont mises en place dans la communauté? Dans la municipalité? Et comment les personnes aînées vont-elles s’y rendre? Ce sont des questions d’importance primordiale quand les personnes ont des incapacités physiques », soulève Stéphanie Meynet.

La technologie comme solution partielle

Alors que les aînés ressentent moins les effets de la soif, des outils technologiques tels que des montres intelligentes ou des applications, comme Water Reminder ou Water Tracker, peuvent envoyer des rappels d’hydratation aux utilisateurs, selon leur âge et leur corpulence. Des points d’eau accessibles publiquement peuvent également être repérés grâce à des applications comme FreeTaps ou Fountain Finder.

Les patchs électroniques cutanés (qui peuvent mesurer entre autres les signes vitaux d’un patient, sa température corporelle, son niveau d’hydratation et son taux de transpiration) ont fait des progrès remarquables dans le domaine des soins de santé. Le développement de ces technologies est une avenue intéressante pour la prévention des blessures causées par la chaleur, notamment en période de canicule.

En plus de ces solutions, à une échelle plus individuelle, de nouveaux robots permettent des avancées en recherche afin de mieux protéger la santé des personnes vulnérables et de créer de solutions plus adaptées à l’hyperthermie (les « coups de chaleur », de plus en plus observés avec des records de chaleur en crescendo). Andi, un mannequin thermique développé dans le sud-ouest des États-Unis, facilite la compréhension scientifique des réactions corporelles humaines en cas de chaleur extrême ; une technologie qui laisse présager un meilleur développement de solutions de santé préventive.

Au Québec, le programme envisAGE, co-dirigé par MEDTEQ+ et AGE-WELL, soutient le développement de projets en AgeTech, c’est-à-dire de solutions visant l’amélioration de la qualité de vie des aînés. Par son développement de nouvelles technologies, envisAGE vise à changer la manière de vivre au Canada, en s’adaptant aux enjeux touchant directement la santé des aînés.

Un enjeu pour tous

Mais au-delà des solutions technologiques, une prise de conscience collective est nécessaire puisque, « pour l’instant, les aînés sont en dehors de tout. Il y a beaucoup de progrès à faire à ce niveau-là », dénonce Mme Meynet, qui souhaite que les aînés soient inclus davantage dans les discussions sur le climat, influant fortement sur leur santé.

Dans cette optique, la chercheuse à l’Université de Sherbrooke mène un projet pilote de programme de formation, dont la mise en place commencera en janvier 2025, qui visera près d’une trentaine d’aînés. Le programme RISE (Retirees in Service to the Environment) est issu des États-Unis, et va être testé au Québec pour qu’en soit évaluée l’efficacité. Avec une visée d’intervention intergénérationnelle, RISE a pour but d’inclure les aînés dans la lutte aux changements climatiques en favorisant leur engagement.

Aux États-Unis, RISE a encouragé les aînés à mener des projets à la suite des formations, par la création de plusieurs jardins communautaires, la mise en place d’études sur la faune et la flore, l’installation de panneaux solaires, de récupérateurs de pluie, etc. Les retombées en sont variées et facilitent la prise d’action de la part d’aînés.

Pour Mme Meynet, les aînés sont une source clé dans cette lutte, « non seulement parce que ce sont des personnes qui sont disponibles, qui ont du temps, mais aussi parce qu’elles ont un savoir-faire, une expertise acquise au fil de dizaines d’années professionnelle ».

Les jeunes tendent à être très critiques de l’inaction des aînés dans la crise climatique. Les inclure dans cette lutte, en les sensibilisant aux enjeux climatiques par la « mise en place d’une activité intergénérationnelle, c’est le meilleur moyen de lutter contre l’âgisme qui règne au sein du mouvement climatique », conclut Mme Meynet.

Crédit Image à la Une : LES CONNECTEURS, numéro du 25 septembre 2024