Transport, logement, sécurité… Vers une pérennisation de l’héritage des Jeux Olympiques

Transport, logement, sécurité… Vers une pérennisation de l’héritage des Jeux Olympiques

Les 16 et 17 décembre derniers, la Conférence de Paris a réuni les grands décideurs mondiaux pour échanger sur les défis économiques, sociaux et environnementaux du siècle. Parmi les grandes thématiques de cette édition, les grands événements sportifs, et notamment les Jeux Olympiques que Paris a accueilli cette année. Comment transformer les défis de transport, logement et sécurité de ces événements en héritage durable pour les territoires qui les accueillent ? Les représentantes des villes de Los Angeles, Toronto, et Paris ont contribué à la réflexion.

« Faire face à l’inconnu », c’est le thème général de la huitième édition de cette conférence annuelle portée par le Forum économique international des Amériques (FEIA). Organisé à Paris cette année, l’événement a permis en effet d’évoquer les grandes inconnues en matière de santé, d’énergie, et de technologies, mais aussi dans l’organisation des événements sportifs mondiaux.

Paris 2024, Los Angeles en 2028, les Alpes françaises en 2030, Brisbane en 2032… « L’organisation de ces événements amène une question essentielle qui est l’héritage », souligne Edgar Sée, directeur délégué aux Jeux Olympiques et Paralympiques du Groupe RATP.

Très concrètement, Paris 2024 a comptabilisé 12 millions de tickets vendus, 5 milliards d’audience dans le monde, un budget avec un léger profit – quelques 26,8 millions d’euros sur les 4,5 milliards d’euros dépensés – et un PIB reboosté à hauteur de 0,5 % selon le dernier rapport du Conseil d’Administration des Jeux Olympiques. Mais l’héritage de Paris 2024 ne se situe pas dans ces chiffres, plutôt sur l’histoire et la culture française, qui ont fortement été mises en avant selon le fondateur et directeur général du cabinet de conseil BSC Bernard Spitz.

« L’organisation de ces événements amène une question essentielle qui est l’héritage »

— Edgar Sée, directeur délégué aux Jeux Olympiques et Paralympiques du Groupe RATP

De la durabilité du développement urbain à la sécurité des participants en passant par l’impact social et environnemental des nouvelles constructions, les villes hôtes des prochaines grandes rencontres sportives font face à de nombreux défis. Elles montrent néanmoins une volonté commune : pérenniser l’héritage de ces événements d’ampleur mondiale, avec en premier lieu le réseau de transport urbain.

Améliorer l’offre de transports

Devenir hôte des Jeux Olympiques, c’est accueillir des millions de personnes dans sa ville en l’espace de quelques semaines, et assurer leur transport d’un lieu à un autre. Edgar Sée le sait pertinemment : « Notre système de transport a été utilisé en capacité maximum pendant les JO, mais à cause d’infrastructures anciennes, notre organisation a dû évoluer ». Doublement des réseaux de métro, développement de connexions rapides vers les aéroports et les banlieues… Paris 2024 a été l’occasion d’améliorer le réseau de transport parisien.

« On avait l’impression que c’était très facile de se rendre d’un lieu à un autre à Paris, et on veut que les visiteurs et les visiteuses aient cette expérience en 2028 »

— Stephanie Wiggins, directrice générale du réseau de transport métropolitain de Los Angeles LA Metro

Stephanie Wiggins est directrice générale du réseau de transport métropolitain de Los Angeles. Crédit photo : IEFA

Une organisation saluée par la directrice générale du réseau de transport métropolitain de Los Angeles LA Metro Stephanie Wiggins. « On avait l’impression que c’était très facile de se rendre d’un lieu à un autre à Paris, et on veut que les visiteurs et les visiteuses aient cette expérience en 2028 » reconnaît-elle. Un véritable défi en Californie du sud où se tiendront les prochains Jeux Olympiques, car les lieux sont très espacés.

« Paris a cent ans d’avance pour les trains régionaux, tandis que nous on accomplit tout juste notre révolution ferroviaire. À terme, on veut que le métro soit le premier choix » souligne Stephanie Wiggins. Un moyen d’encourager le développement de transport public, avec l’acquisition notamment de 3 000 nouveaux bus, et ainsi faire comprendre les bénéfices des transports légers aux populations locales.

Réhabiliter les infrastructures

Les Jeux Olympiques représentent également un défi en terme de réutilisation des équipements. Ici, le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024 a fait le choix stratégique d’implanter les nouvelles infrastructures dans les département moins favorisés de la région, à l’instar la piscine Camille Muffat en Seine-Saint-Denis.

« On est la première région économique d’Europe en termes de PIB, mais Paris est une seule des 1 000 communes de cette région très diversifiée. C’est pourquoi on a redirigé beaucoup de fonds vers la Seine-Saint-Denis » rappelle Alexandra Dublanche, présidente de l’agence de promotion des investissements d’Île-de-France Choose Paris Region. De même, les logements du « Village des athlètes » implanté lui aussi en Seine-Saint-Denis vont être réhabilités en 700 lots, du studio au T4.

« On est la première région économique d’Europe en termes de PIB, mais Paris est une seule des 1 000 communes de cette région très diversifiée. C’est pourquoi on a redirigé beaucoup de fonds vers la Seine-Saint-Denis »

— Alexandra Dublanche, présidente de l’agence de promotion des investissements d’Île-de-France Choose Paris Region

Alexandra Dublanche est présidente de l’agence de promotion des investissements d’Île-de-France. Crédit photo : IEFA

« Cette notion d’héritage sous le prisme de l’impact social me semble encore plus importante en France » ajoute Alexandra Dublanche. Le choix de ne pas construire de nouveau stade à Paris a permis de concentrer les efforts budgétaires sur d’autres éléments.

Sécurité, inclusion, culture

La venue de grands événements sportifs est aussi l’occasion d’améliorer ses équipements technologiques en matière de sécurité et d’inclusion. Durant les Jeux Olympiques de Paris, l’intelligence artificielle a été utilisée à différents endroits : caméras de sécurité pour les services de police, accessibilité pour les personnes mal-voyantes, traduction en direct sur tablette pour le personnel…

« La traduction simultanée fait désormais partie de notre héritage pour accueillir les touristes à Paris » souligne Edgar Sée. Selon lui, il est important de savoir ce qu’on laisse au bénéfice public du quotidien après l’événement. « Il faut le garder en tête au moment de la préparation et se dire très concrètement : Qu’est ce qu’il en restera ? » préconise-t-il.

Shelley Carroll, conseillère municipale et représentante du maire de Toronto pour le développement économique et la culture, va plus loin encore. « On sait que des dizaines de millions de dollars seront dépensés chaque jour dans le dispositif de police, profitons-en pour développer d’autres aspects stratégiques comme féminiser les effectifs de police, en formant les policières à encourager les femmes à rejoindre la profession » explique-t-elle.

Selon elle, l’événement doit avant tout être vendu aux concitoyens et concitoyennes de la ville hôte. Et pour leur faire bénéficier de cet héritage sportif, la représentante de la ville de Toronto entend placer l’année 2025, qui correspond à l’année avant l’événement – la Coupe du monde de la FIFA 2026 – sous le signe de l’animation culturelle. « C’est d’ailleurs le coup de fouet dont on a tous besoin » conclut-elle.

Pour aller plus loin :

Les grands événements sportifs et la technologie : redéfinir l’expérience des fans

Crédit Image à la Une : Pixabay