Une deuxième soirée-conférence, organisée par Prompt, Hacking Health et le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), consacrée aux « Femmes en Technologies de la Santé » a réuni quatre conférencières pour présenter des modèles et histoires inspirantes de femmes dans le domaine de la santé numérique et des technologies médicales. L’occasion d’échanger avec l’une d’entre elles, sur la place des femmes dans ce secteur.
Sarah Jenna, est PDG de MIMs, My Intelligent Machines. Avec ses équipes, elle utilise l’IA pour développer des systèmes d’intelligence augmentée pour les scientifiques de la vie travaillant dans les domaines pharmaceutiques et agricoles.
C’est après 20 ans de carrière dans le milieu académique, dont plusieurs années en tant que professeure à l’université, que Sarah Jenna découvre l’entrepreneuriat, pour qui cela a été une révélation de carrière.
CSIA : Pourquoi consacrer un évènement pour parler des Femmes et des technologies de la santé ?
SJ : La première chose, c’est que les femmes sont encore sous-représentées dans le secteur des technologies, c’est donc une bonne chose qu’elles entendent des femmes qui travaillent dans ce domaine, dont certaines qui occupent des postes importants.
CSIA : Comment expliquez-vous cette situation ?
SJ : Les femmes ont parfois peur d’aller dans le secteur des technologies, de se retrouver dans un « boys club » dans lequel elles ne se sentiraient pas acceptées, ou peut-être pas les bienvenues.
Par exemple chez MIMs, nous sommes 50% de femmes, et on se rend compte qu’on attire beaucoup de femmes car on est déjà nombreuses.
Quand on atteint un certain pourcentage de femmes dans une entreprise, cela permet de déverrouiller la peur de postuler.
C’est pour cela que c’est important d’en discuter, pour que les femmes postulent plus, et que l’on arrive à un minimum de 30% de femmes dans les entreprises.
CSIA : Les compagnies en tech ne font pas assez d’efforts pour attirer les femmes ?
SJ : Au contraire, je vois beaucoup d’efforts déployés par les compagnies pour accueillir les femmes dans le secteur des technologies.
Le problème c’est que les femmes s’auto-censurent, elles ont peur de ne pas être assez qualifiées pour les postes sur le marché.
Il y a de l’éducation à faire, et beaucoup en direction des femmes. Il faut être capable de les rassurer, de leur expliquer qu’elles ont une responsabilité du fait que l’on soit aussi peu nombreuses en technologies.
CSIA : Et c’est particulièrement le cas en technologies de la santé ?
SJ : Il y a un gros boom en technologies de la santé aujourd’hui, avec des opportunités d’emplois extraordinaires.
“L’IA a connu la grande vague d’engouement qu’on lui connaît. Au départ on parlait beaucoup de commerces électroniques, de voitures autonomes, etc., et ces dernières années, il y a eu beaucoup d’intérêt pour l’application de ces technologies aux domaines de la santé et des sciences de la vie.” – Sarah Jenna
Des grappes de compagnies sont en train de se créer. Un travail extraordinaire a été fait, entre autres, par Montréal Invivo sur les applications de l’IA dans le domaine de la santé. Il y a Medtech aussi, qui est extrêmement actif.
Beaucoup de postes extrêmement bien rémunérés sont disponibles dans ce domaine, et il ne faut pas que cela profite uniquement aux hommes. Les femmes doivent comprendre qu’elles ont une place à prendre.
Il faut qu’il y ait une parité dans les postes importants dès maintenant, car si les femmes arrivent trop tard, on va encore ramer derrière.
CSIA : Et dans le domaine de l’IA, les femmes ont-elles déjà trouvé leur place ?
SJ : Nous sommes sommes tellement peu nombreuses. 2,5% des PDG de compagnies en IA sont des femmes. À chaque qu’il y a un board, qui cherche une équité quelconque et qui travaille sur l’IA, je me fais appeler. Ce n’est pas parce que je suis exceptionnelle, c’est juste parce que je suis toute seule (rires) !
Crédit photo : @MIMs