« On pense que le métavers est remplacé par l’IA. La réalité, c’est plutôt que le métavers et l’IA sont en train d’avancer ensemble. » C’est ce qu’a soutenu Emmanuel Moyrand, vice-président de France Méta Association, dans le cadre de la 3e édition d’Humanitek, organisée par Numana le 15 juin à Montréal.
Alors qu’on reproche souvent au métavers de ne pas avoir de clients, la réalité est autre : l’industrie du métavers a près de 400 millions d’utilisateurs mensuels, et plus de 3 milliards de personnes jouent activement à des jeux vidéo (de plus en plus de jeux et de consoles sont liés à la réalité virtuelle et au métavers), ce qui montre des tendances assez prometteuses pour ce nouveau monde qui évolue très vite.
« Le métavers de demain pourra activer vos cinq sens (…) Il ne faut pas parier que le métavers sera réduit à ce qu’on voit aujourd’hui (…) »
– Emmanuel Moyrand, vice-président de France Méta Association
« Le métavers de demain pourra activer vos cinq sens (…) Il ne faut pas parier que le métavers sera réduit à ce qu’on voit aujourd’hui, toutes les techniques sont en train de concourir pour ce que l’immersion que vous allez vivre soit de plus en plus forte », rapporte Emmanuel Moyrand.
Cette immersion quasi totale inquiète. L’une des principales craintes est que le métavers vienne isoler les gens dans la technologie. « Je ne suis pas convaincu qu’aujourd’hui vous passiez moins de 5 heures par jour sur votre téléphone. Ces cinq heures, demain, vous les passerez dans un métavers », répond M. Moyrand, qui est l’auteur du livre “Métavers: Une vision pratique”.
Il soulève le point que le cellulaire a la capacité de nous faire sentir proche des gens loin de nous, mais que notre dépendance à cette technologie freine et nuit parfois les échanges réels avec les personnes physiquement près de nous. Il avance que le métavers a le potentiel de permettre d’entrer davantage en connexion avec des personnes indépendamment de leur distance physique.
Le métavers comme solution à une multitude de problèmes
Si les inquiétudes entourant le métavers sont nombreuses, M. Moyrand avance que cette technologie peut être une piste de solution concrète à différents enjeux.
« Si un patient ne semble pas opérable, on va opérer son avatar, contenant les données médicales de la personne, jusqu’à ce qu’on trouve la solution pour opérer le patient. Grâce à ces avatars tests, on sauve des gens qu’on ne pouvait pas soigner avant. » – Emmanuel Moyrand, vice-président de France Méta Association
Les métahôpitaux, que l’on trouve entre autres en Israël, révolutionnent le domaine de la santé. « Si un patient ne semble pas opérable, on va opérer son avatar, contenant les données médicales de la personne, jusqu’à ce qu’on trouve la solution pour opérer le patient. Grâce à ces avatars tests, on sauve des gens qu’on ne pouvait pas soigner avant », explique M. Moyrand.
Différents tests ont observé que l’utilisation du métavers chez les personnes âgées augmente leur motricité et peut limiter leur sentiment d’isolation. « L’idée n’est pas de passer sa vie dans un casque. Mais pour le maintien à domicile, il y a un gros sujet : pragmatiquement, ça apporte réellement quelque chose », affirme l’auteur.
Il croit aussi que le métavers peut aider à la lutte contre les changements climatiques. À titre d’exemple, le métavers peut réduire la nécessité de voyager par affaires à multiples reprises, sachant que les voyages par avion sont une immense source de pollution. Le métavers offre une alternative moins froide que les visioconférences et qui permet de réduire le besoin de se déplacer par vol.
Les îles Tuvalu, situées dans l’ouest de l’océan Pacifique, sont presque assurément condamnées à disparaître en raison de la montée des eaux. Un métavers extrêmement réaliste a été créé de ces îles, afin de garder l’endroit en mémoire. Il s’agit de la première nation numérique au monde.
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Entre outil et danger
Même si le métavers amène des possibilités et des opportunités nombreuses, Anthony Fradette du Boston Consulting Group (BCG) met en garde les entrepreneurs attirés par cette technologie alléchante. « On peut se perdre dans l’évolution technologique rapide et essayer de trouver un code d’usage qui utilise un buzzword (comme métavers) pour faire partie du bateau. Ce n’est pas l’approche qu’il faut avoir en tête. » Il invite les entrepreneurs à d’abord bien cibler le problème en soi afin de savoir si un outil technologique est la solution qui convient le mieux.
Dans plusieurs cas, la technologie peut s’avérer être une solution à envisager face à un problème. « Dans le cas des protéines alternatives, le problème était qu’il y a de plus en plus de consommation de protéines dans le monde. Cette demande est difficile à combler, génère beaucoup de CO2. Donc, avoir des alternatives à partir de plantes ou créer en laboratoire vient pallier ce problème », explique M. Fradette.
« On a beaucoup parlé de la technologie comme quelque chose qui amène des solutions et des opportunités, mais la réalité, qui ne surprend personne, c’est que cette technologie présente aussi des risques et des menaces, dont au niveau de la compétition et de la régulation », rappelle Alexandre Torres du BCG.
« Le développement responsable des nouvelles technologies est un impératif non négociable aujourd’hui pour tous ceux qui développent de nouvelles technologies. » – Alexandre Torres du Boston Consulting Group
Les progrès en accélération de la technologie peuvent permettre autant un meilleur développement des médicaments et des vaccins, mais du développement d’armes biologiques. La même chose peut être dite pour les changements climatiques, où des solutions par milliers peuvent provenir du deeptech, mais les systèmes derrière ces solutions ont une empreinte écologique importante.
« Le développement responsable des nouvelles technologies est un impératif non négociable aujourd’hui pour tous ceux qui développent de nouvelles technologies », conclut M. Torres.
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Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle
