Malgré la Déclaration sur les armes létales autonomes faites à Stockholm en 2108, des drones tueurs sont actuellement utilisés, tant du côté russe que du côté ukrainien.
Les drones dont l’abréviation est UAV pour Unmanned Aerial Vehicles peuvent être des armes de combats militaires. On les qualifie alors de UCAV pour Unmanned Combat Aerial Vehicle.
Alors que certains drones sont télépilotés, d’autres possèdent une conduite autonome. De plus, certains d’entre eux sont spécifiquement programmés pour tuer sans l’intervention d’un humain, de manière autonome.
LA DÉCLARATION DE STOCKHOLM
Lors de la Conférence Internationale Conjointe sur l’Intelligence
Artificielle (IJCAI) en 2018, plus de 2 400 personnes se sont engagées à encadrer l’utilisation des armes autonomes.
« Nous convenons que la décision de prendre une vie humaine, ne devrait jamais être déléguée à une machine. » – Elon Musk, PDG de Tesla, les co-fondateurs de DeepMind et le Larry Fondation XPrize.
Or, des drones tueurs sont actuellement utilisés dans la guerre en Ukraine. Tentons de comprendre, la capacité de frappe de ces engins et leur part de responsabilité dans le conflit.
LE DRONE BAYRAKTAR TB2
Créé par la firme turque Baykar, le drone TB2 peut décoller, atterrir et naviguer de manière autonome, grâce à son guidage par laser. Mais, la prise de décision, qui consiste à larguer les bombes, reste accordée à un humain. Cependant, on doit noter que le système est suffisamment sophistiqué pour guider les frappes d’artillerie.
Aujourd’hui, neuf pays les utilisent, dont l’Ukraine qui en dispose d’environ une vingtaine et qui en reçoit actuellement de nouveaux. D’après le site de Baykar, le drone TB2 mesure environ 39 pieds de long et peut voler jusqu’à 222 km/h. Il peut transporter jusqu’à 4 munitions intelligentes. Son autonomie de vol est estimée à environ 24 heures, ayant déjà atteint 27 heures.
« Les drones Bayraktar valent 69 millions de dollars. » – Andrew Eversden journaliste au Breaking Defense.
Dès le début du conflit, ce drone a servi à l’Ukraine en détruisant un obusier russe, dans la région orientale du Donbass. « Aujourd’hui, les Russes commencent à l’expérimenter et vont certainement tenter de le contrer avec d’autres types de drones », précise Andrew Eversden.
LE DRONE LANTSET
De son côté, la Russie dispose d’un drone kamikaze autonome nommé le Lantset. ZALA Aero Group (ou A-Level Aerosystems) est la compagnie russe qui fabrique ces drones. Le Lantset est techniquement une arme « vagabonde » (loitering), conçue pour attaquer:
- des chars;
- des colonnes de véhicules;
- des concentrations de troupes.
Une fois lancé, il encercle une zone géographique prédéfinie, jusqu’à ce qu’il détecte une de ces trois cibles. Tel un kamikaze, il plonge ensuite sur la cible et fait exploser l’ogive qu’il transporte.
En dehors de son ogive, le drone comprend un module de reconnaissance, de navigation et de communication. Il est capable de « déterminer les coordonnées de diverses sources et d’objets, sans navigation par satellite », d’après RealClearDefense.
Le drone peut frapper des cibles à l’intérieur d’un rayon de 40 km et être entraîné pour attaquer les drones ennemis. Pouvant atteindre une vitesse de 300 km/h dans sa plongée, le Lantset est à même de toucher les drones plus lents que lui.
IA ET STRATÉGIE MILITAIRE
La Russie a fait de l’IA, une priorité stratégique, rappelle Jeremy Kahn du magazine Fortune. En 2017, Vladimir Poutine a déclaré que le leader de l’IA deviendrait « le maître du monde ». Or, selon le Center for Naval Analyses américain, « la Russie serait en retard sur les États-Unis et la Chine, dans le développement de l’IA et de ses capacités militaires. »
Mais d’après Melissa Heikkilä du Politico, la Chine fournirait à la Russie des armes intelligentes plus avancées que celles utilisées en Ukraine. En échange, la Russie partage avec la Chine la manière dont les drones sont intégrés dans les opérations de combat. De plus, rappelle la journaliste, « c’est un domaine dans lequel la Russie possède une expertise syrienne éprouvée au combat, ce qui manque à la Chine. »
Avec l’IA, « les décisions sont prises beaucoup trop rapidement pour que les humains puissent les corriger », note Vivek Wadhwa du Center for the National Interest. En temps de guerre, on peut donc s’attendre à des erreurs impardonnables.
LA SINUEUSE CHAÎNE DES RESPONSABILITÉS
Les accusations faites par les Conventions de Genève, aux généraux et à Valdimir Poutine, de criminels de guerre doivent s’accompagner de preuves. Or ces preuves sont assez complexes à fournir. Le crime de guerre est une violation des règles établies par le droit pénal international.
« Ce que les Russes font sur le terrain, en ciblant des civils, des hôpitaux et des journalistes, ce sont des crimes de guerre ! » – Annie Lafontaine, avocate et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la justice internationale pénale et les droits fondamentaux.
Alors qu’Ursula von der Leyenla, présidente de la Commission européenne, a annoncé la mise en place par l’Union européenne d’une « équipe conjointe avec l’Ukraine pour enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité », on s’attend à un travail excessivement difficile.
Un des principaux enjeux de ces accusation de crimes de guerre, sera de remonter la chaîne des responsabilités. Dans ces circonstances, les drones militaires autonomes (les UCAV) ont un statut particulier, car ce sont des machines qui décident de tuer par elle-même. Ces drones auront-ils le titre de Général ? Une question étonnante, mais qui montre l’écueil moral de ces armes.
Pour poursuivre votre lecture en lien avec le conflit en Ukraine, La guerre en Ukraine et les risque de cyberconflits.
Crédit photo: Wikipédia.
BIBLIOGRAPHIE
Wadhwa, Vivek et Salkever, Alex. (2022). Artificial Intelligence and the Future of War. Center for the National Interest.
Future of Life Institute (The). (2018). Lethal Autonomous Weapons Pledge.
Heikkilä, Melissa. (2022). AI: Decoded: Putin’s high-tech war — Making sense of AI systems — Deepmind controls nuclear fusion reactor. Politico.