À la suite d’un diagnostic d’autisme chez un enfant, les parents se retrouvent la plupart du temps face à l’inconnu. Les questionnements se multiplient, et le Web peut alors sembler une bonne solution pour obtenir des réponses. Et pourtant, ils sont confrontés à une masse d’informations de tout genre, difficile à démêler. C’est d’ailleurs à ce problème que s’attaque la plateforme Myelin, notamment grâce à l’intelligence artificielle.
Marc-Olivier Schüle, doctorant en psychoéducation et cofondateur de Myelin, souligne que près de 3000 articles scientifiques en santé mentale sont publiés chaque jour. « Le premier problème, c’est vraiment cette masse d’information. Le deuxième, qui vient un peu avec, c’est que toutes ces informations ne sont pas dans la même catégorie, » explique-t-il.
En effet, en plus du contenu scientifique, il est important de prendre en compte les données obtenues sur le terrain. Celles-ci proviennent des intervenants et des parents. L’objectif de la plateforme est donc de centraliser et de combiner ces différents types d’informations. « Plus on avance, plus on réalise que c’est complexe et que l’intelligence artificielle est pertinente, » souligne M. Schüle.
DES SOLUTIONS PERSONNALISÉES
Myelin fait appel à l’intelligence artificielle selon deux axes. Tout d’abord, elle aide à centraliser l’information. Un premier algorithme permet donc d’extraire les données présentées dans les articles scientifiques. Il fait également un tri dans cette masse de textes.
Le deuxième algorithme sert à personnaliser les informations proposées aux abonnés. En effet, ceux-ci peuvent remplir un questionnaire d’évaluation des besoins. Ils doivent évaluer entre autres leur comportement, leurs habiletés de base, ainsi que leur vie sociale.
Un parent pourrait par exemple chercher des conseils pour réduire l’anxiété de son enfant lorsqu’il va chez le coiffeur. Dans ce cas, l’IA lui permet d’obtenir des réponses personnalisées selon ses besoins. Il lui suggère également les interventions et les études les plus pertinentes et les plus populaires, en plus des commentaires provenant de la communauté.
LES LIMITES DE L’IA
« Nous croyons à l’utilisation de ces outils automatisés afin de traiter les informations, mais avec un point de vue humain qui vient ajouter de la nuance, » mentionne le doctorant. La directrice scientifique et son comité revoient donc toutes les informations extraites par la machine. Ils s’assurent ainsi de l’efficacité des algorithmes.
D’autres situations nécessitent également l’intervention d’un employé. Par exemple, si une seule étude mentionne qu’une intervention est dangereuse, alors que toutes les autres estiment qu’elle est sécuritaire, le rôle de l’humain est d’indiquer aux utilisateurs qu’il y a un risque potentiel, aussi minime soit-il.
UN OUTIL POUR TOUS
La plateforme s’adresse non seulement aux parents et aux intervenants, mais également à la personne autiste elle-même. En plus de fournir des idées d’interventions, elle permet aussi une meilleure communication entre les différents acteurs.
« Ça favorise vraiment un travail de communication efficace. Par exemple, si je suis dans une école et j’ai besoin qu’un professeur me fasse un suivi sur un élève, on n’a pas besoin de s’appeler ou de s’envoyer 52 courriels. Ça fait un travail beaucoup plus complet, » explique Geneviève Chénard, propriétaire et psychoéducatrice à la clinique multidisciplinaire Entre-Nous.
CHANGEMENT DE PLAN
Comme pour bien des gens, la pandémie a modifié les plans de Marc-Olivier et de son équipe. Elle ne les a toutefois pas empêchés d’aider la communauté de Myelin. En effet, en collaboration avec la Fédération québécoise de l’autisme et le Réseau national d’expertise en trouble du spectre de l’autisme, ils ont créé une page spécialement dédiée sur l’autisme et la COVID-19.
« Pendant la COVID-19, nous nous en sommes servi énormément pour donner des références aux parents. On l’a partagée en grand nombre pour qu’ils aient accès à ces informations, » souligne Mme Chénard.
La page présente entre autres des informations expliquant comment mettre un masque, comment faire l’école à la maison, et comment prendre soin de sa propre santé lorsqu’on est un proche aidant. Par manque de contenu scientifique, ils se sont principalement basés sur des données provenant des intervenants et des organisations.
À partir de l’année prochaine, Marc-Oliver Schüle souhaiterait que Myelin s’étende vers d’autres domaines, comme le TDAH. « La notion d’autisme n’est qu’une caractéristique, mais souvent, les gens ont plusieurs diagnostics et tombent entre différentes cases. On aimerait vraiment à long terme ne pas être qu’une plateforme d’information en autisme, mais pouvoir toucher à tout ce qui touche à la santé mentale au sens large, » conclut-il.