« Allez dehors, ça fait du bien pour le moral! » a lancé François Legault en début de semaine en conférence de presse. Oui et pourquoi pas avec un masque sur le visage? Car il semblerait que la stratégie du gouvernement du Québec ait évolué concernant le port de ce dernier depuis le début de la crise sanitaire. On comprenait qu’au tout début de la pandémie, ce soit un peu flou pour tout le monde. Qu’avec la pénurie, il fallait laisser cet accessoire au combien essentiel, aux personnels de santé, et qui plus est, les masques médicaux ou chirurgicaux comme les modèles N95.
Une recommandation
Mais aujourd’hui, il semble que les lignes bougent. Le sémillant Dr Horacio Arruda a assoupli sa position cette semaine. En vue du déconfinement, le directeur national de la santé publique, a fait savoir mercredi qu’il recommandera le port du masque lorsque la distance de 2 mètres ne pourra être respectée. Cette mesure « ne sera efficace que si les gens le portent adéquatement et n’oublient pas de se laver les mains ». Le masque ne fait pas de nous des « superhéros » a-t-il ajouté.
Pour la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le port du masque va devoir s’imposer, notamment dans les transports collectifs sans toutefois devenir une obligation.
Le port d’un masque non-médical, même sans symptômes, est « une mesure supplémentaire que vous pouvez prendre », recommandait récemment l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, Theresa Tam.
Même Denis Levesque, le présentateur de LCN/TVA, incitait lundi soir les téléspectateurs à oser porter le couvre-visage en pleine émission. « J’ai ce masque-là. Ça a l’air fou. Mais il va falloir qu’on atteigne la période où c’est de ne pas en porter qui aura l’air fou. On s’en va vers là », a-t-il lancé.
En Europe
En Europe et particulièrement en Allemagne, le port du masque se généralise. Alors que le pays entame un déconfinement progressif, une majorité des États régionaux a adopté l’obligation du port du masque. La ville de Berlin va même imposer à partir du 27 avril les masques dans les transports en commun, a annoncé mardi le maire Michael Müller.
En France, l’Académie nationale de médecine a exhorté les Français à porter un masque sans attendre. “Aux masques citoyens!” a-t-elle déclaré dans un communiqué mercredi. Dans les transports publics, “il faudra probablement imposer le port du masque”, a, en outre, fait savoir l’Élysée jeudi.
Un peu partout, il semblerait que l’on doive s’habituer à ce que ce précieux accessoire, artisanal ou médical, fasse partie de notre décor.
Il est d’ailleurs à souligner, que les pays dans lesquels le virus s’est le moins disséminé, comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou encore Taïwan, sont les pays qui ont exigé le port du masque à toute la population.
Que dit la Science ?
Selon Santé Canada, le masque même artisanal peut constituer une mesure supplémentaire que vous pouvez prendre pour protéger les personnes qui vous entourent, même si vous ne présentez aucun symptôme.
La Dre Caroline Quach-Thanh microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine à Montréal, nous éclaire sur ce point: « Le masque a deux fonctions. Protéger celui qui le porte et protéger l’environnement. Si je porte un masque parce que je suis malade, et que je tousse ou que je parle, les gouttelettes pleines de virus s’arrêtent dans le masque. À ce moment-là, le masque à une fonction bénéfique. C’est-à-dire, que je sois symptomatique ou pas. Si je porte le masque tout le temps, je ne vais pas mettre de virus partout autour de moi et donc les gens qui passeront n’attraperont pas ces gouttelettes. Le problème avec le coronavirus, c’est qu’il se transmet même quand on n’a pas de symptômes, on peut être porteur de la maladie sans le savoir. La raison pour laquelle le masque a été mis un peu de côté au départ, c’était la crainte en fait, qu’avec lui les gens se considèrent comme invincibles et ne fassent pas attention aux autres mesures préconisées ».
On a bien compris qu’on avait intérêt à avancer toutes et tous masqués en période de déconfinement, sans oublier de maintenir une bonne distance et de continuer à se laver les mains. Le masque va, semble-t-il, faire partie de notre quotidien pendant quelques mois encore. Va-t-il pour autant devenir une nouvelle norme sociale? L’avenir nous le dira.
En attendant, prenez soin de vous!