[Émission C+clair] Comment Lyon et Sherbrooke ont-elles transformé leurs régions en modèles d’innovation ?

[Émission C+clair] Comment Lyon et Sherbrooke ont-elles transformé leurs régions en modèles d’innovation ?

Le 30 novembre dernier, à l’Atrium des Sciences de l’Université de Sherbrooke, et à l’occasion des Entretiens Jacques Cartier 2022, se tenait le tournage d’une émission C+ Clair sur les modèles d’innovation que sont les régions de Sherbrooke au Québec, et Lyon en France, diffusée depuis le 2 décembre.

Des acteurs clés de ce transfert d’innovation ont participé à cette émission C+ Clair sur la thématique suivante : « Comment Lyon et Sherbrooke ont-elles transformé leurs régions en modèles d’innovation ? »

Une centaine de personnes étaient réunies pour assister au tournage de l’émission, qui s’est déroulé en compagnie des animateurs Philippe Régnoux, directeur de publication de CScience, et Isabelle Lacroix, vice-doyenne au développement et à l’international de la faculté des lettres et sciences humaines à l’Université de Sherbrooke, ainsi que de la rédactrice en chef de CScience, Chloé-Anne Touma, du Directeur général des Hospices Civils de Lyon, Raymond Le Moign, de l’Innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, et de la directrice générale du Centre Jacques Cartier, Amandine Bresselle.

« Les Entretiens Jacques Cartier, c’est un événement annuel qui a lieu en alternance, en France et au Québec. C’est une rencontre entre partenaires au sein d’un réseau d’universités, de collectivités, d’institutions et d’entreprises, qui se retrouvent sur chacun des territoires, autour de sujets liés à l’innovation », explique Mme Bresselle au début de l’émission.

3 axes de discussion

Pendant une heure répartie en trois blocs de 20 minutes, les invités se sont relayés aux micros pour répondre aux questions des animateurs et aux interrogations et enjeux soulevés.

1. Une politique de valorisation de la recherche

« Depuis 2015, pas moins de 40 à 50 % des inventions issues de la recherche de l’Université de Sherbrooke sont brevetées. En France, la région d’Auvergne-Rhône-Alpes est la plus représentée au palmarès des PME déposantes de brevets », a illustré notre rédactrice en chef, en se référant aux données universitaires du Québec et à celles de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). « Cette porosité, cette habileté de connecter avec les milieux technologique, innovant et clinique, c’est la clé de la créativité en santé », a lancé Luc Sirois.

40 à 50 %, c’est le taux de commercialisation des inventions issues de la recherche de l’Université de Sherbrooke

– Institut national de la propriété industrielle (INPI)

« L’innovation, c’est quelque chose d’incroyable. On peut avoir de l’innovation technologique, administrative, organisatonnelle et sociale. Une communauté professionnelle aux Hospices Civils de Lyon, c’est 24 000 salariés. Parmi eux, vous avez des gens qui réfléchissent à l’avenir, qui ont des idées, et qui veulent répondre à des questions qui n’ont jamais été traitées jusqu’à présent. Il sont les porteurs d’un esprit d’innovation. Mon enjeu à moi, c’est de leur créer des conditions pour qu’ils puissent aller à la rencontre du monde académique, industriel et économique, et qu’ils aient cet esprit entrepreneurial, quel que soit leur dimension. », a complété M. Le Moign.

le Président-directeur général d’Axelys, Jesse Vincent-Herscovici, et le Président de l’Université Grenoble Alpes, Yassine Lakhnech, ont aussi parlé de la politique de valorisation de la recherche, qui explique ce succès. « L’impact de l’université Grenoble Alples se mesure en termes d’emplois et de valeur ajoutée brute (VAB), équivalant à 4 G$ à l’échelle nationale et 36 800 emploies qui dépendent de l’université », a rapporté M. Lakhnech. L’avantage qu’apporte Axelys, c’est la couverture de tous les domaines et disciplines, malgré l’existence de tendances, car il est très dur de prévoir ce dont le marché a besoin. « Il faut être polyvalent et mettre en place des courroies de transmission et des canaux rétroactifs étroits entre le marché et le domaine de la recherche, pour rester en amont de la courbe qui mène vers la prochaine tendance », a mentionné M. Vincent-Herscovici.

2. Un modèle de formation basé sur l’expérience

Marie-Christine Baietto, directrice de la Recherche à l’INSA Lyon, et Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures à l’Université de Sherbrooke, ont abordé l’importance de miser sur un modèle de formation basé sur l’apprentissage expérientiel, et sur la collaboration entre régions francophones. « Quand on fait de la science et de la recherche, on réfléchit en utilisant notre langue commune, c’est le même chemin de réflexion », a souligné M. Perreault. « Chez nous, ce qui stimule les étudiants, c’est qu’on les met très tôt sur des projets collectifs, qui sont en lien avec la recherche. Donc, ils travaillent directement sur des projets concrets, car la région Auvergne-Rhône-Alpes et la première région industrielle de France », a complété M. Baietto.

3. Des retombées positives pour les communautés

Enfin, Richard Saint-Pierre, directeur général de la Zone d’innovation quantique de Sherbrooke, de même que Philippe Caillol, Chef de service du pôle d’innovation Yspot, basé à Grenoble, ont parlé des retombées positives de la recherche et de l’innovation des régions pour leurs communautés, notamment en matière de quantique et d’environnement.

« L’énergie est au coeur de nos questionnements, a entamé M. Caillol. À l’Université de Grenoble, on a la chance, par exemple, d’avoir un réseau de chaleur sur lequel nos équipes peuvent travailler directement. On a ainsi pu mettre en place des systèmes de stockage intelligents de chaleur, qui déchargent la chaleur lors des périodes intéressantes, ce qui permet de moins tirer sur le gaz, et de couper sur les panneaux solaires en toiture de certaines friches industrielles,  générant des retombées en ce que le coût économique pour se chauffer devient alors beaucoup plus faible ».

Selon M. Saint-Pierre, ce qui fait la spécialisation industrielle de l’Université de Sherbrooke dans le domaine du quantique, ce sont « des décennies de fondation qui ont été créées par l’université et l’Institut Quantique, d’où la logique de démarrer la zone d’innovation quantique, qui reflète le rayonnement du Québec à l’international, mais qui se passe ici parce que l’essentiel du tissu de l’écosystème quantique est concentré à Sherbrooke. »

Cette émission a été soutenue par le Conseil de l’innovation du Québec et les Fonds de Recherche du Québec.

Pour consulter la fiche complète de l’émission, ou pour voir d’autres épisodes de C+ Clair : https://www.cscience.ca/cclair/

Crédit photos : GALA MEDIA