L’Institut de valorisation des données (IVADO) et l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA) proposent désormais une bourse visant à explorer les « enjeux de pouvoirs, d’inégalités et de discriminations en intelligence artificielle (IA) spécifiques aux peuples autochtones ».
« On veut mettre en lumière les questions d’équité, de diversité et d’inclusion (ÉDI) pour faire en sorte que les personnes sous-représentées aient une place dans les milieux de pouvoir », souligne Mariloue Daudier, conseillère ÉDI à l’IVADO.
Selon celle-ci, la bourse de maîtrise est ouverte à toute personne qui est inscrite en intelligence numérique de près ou de loin.
Que ce soit en apprentissage automatique, en recherche opérationnelle ou encore en sciences sociales, l’objectif est de soulever les potentielles injustices engendrées par le numérique et l’IA que subissent les communautés autochtones.
« On pourrait s’intéresser aux biais des algorithmes du point de vue sociologique par exemple », indique Mme Daudier.
On encourage donc des projets de recherche « interdisciplinaires, mobilisant des savoirs et des méthodologies autochtones », en partenariat avec des communautés touchées par l’IA.
Ainsi, la bourse, renouvelable l’année suivante, s’élève à 20 000$.
De plus, un montant de 10 000 $ est prévu pour les transports afin que l’étudiant à la maîtrise puisse aller à la rencontre des communautés autochtones.
Enfin, à tout cela s’ajoute une enveloppe additionnelle de 10 000 $ pour des « accompagnements EDI ».
« On innove avec ce programme pour surmonter les enjeux que les étudiants peuvent connaître. Par exemple, si une personne est seule avec un ou plusieurs enfants, ça peut servir à couvrir des frais de garde, ou encore ceux liés au soutien d’un préposé pour une personne en situation de handicap », explique Mme Daudier.
REPRÉSENTATION ET INCLUSION
L’ubiquité du numérique étant de plus en plus évidente dans notre société, Mme Daudier croit que chacun mérite qu’on s’attarde aux conséquences spécifiques de la technologie sur nos vies.
« L’IA, l’intelligence numérique, occupe tellement d’espace dans nos vies. Tout le monde a un téléphone intelligent, tout le monde utilise des applications, donc [à l’IVADO] on se dit : « Pourquoi ne pas inclure des personnes autochtones dans ce secteur aussi », insiste-t-elle.
Au-delà de la recherche universitaire, examiner de tels enjeux pourrait avoir un impact plus prosaïque.
En effet, documenter les problématiques liées aux personnes sous représentées donnerait un élan au financement des programmes publics.
« Tout programme, toute organisation communautaire nécessitent des recherches qui démontrent la pertinence d’appuyer de telles initiatives », affirme la conseillère de l’IVADO.
Cela est d’autant plus crucial dans le contexte où il existe très peu d’informations quant à la représentativité des personnes autochtones dans le milieu de la recherche en IA.
C’est ce que confirme Mme Daudier, mettant de l’avant un récent sondage à l’interne qui révèle que parmi les 2 000 scientifiques rattachés à l’IVADO, un très faible taux d’entre eux sont autochtones. « C’est certainement moins que 1% », se désole-t-elle.
Les détails concernant la bourse seront présentés lors d’une séance d’information le 2 novembre.
Les candidats ont jusqu’au 10 décembre pour présenter leur projet de maîtrise et l’annonce des résultats se fera le 14 février 2022.
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