IA et tennis : les juges de lignes en voie de disparition

IA et tennis : les juges de lignes en voie de disparition

Alors que l’US Open bat son plein à New-York, il manque pourtant des acteurs autrefois essentiels sur les terrains de tennis : les juges de lignes, remplacés par le système Hawk-Eye Live. La compagnie britannique Hawk-Eye Innovations Limited avait déjà été mandatée pour superviser la VAR lors de la coupe du monde de soccer en 2022.

Finies les contestations d’un John McEnroe passablement énervé ! Terminés les arbitres qui bondissent de leur chaise pour tenter de retrouver l’impact de la balle ! Désormais un système de caméras scrute en permanence les lignes du court, au millimètres près, pour annoncer si les balles sont « fautes » ou « out ». La marge d’erreur est de 3,6 millimètres.

« Si le Hawk-Eye Live avait existé à mon époque, j’aurais été de 15 à 20 % meilleur. Mais j’aurais été plus ennuyant »

– John McEnroe, ancien tennisman américain

Même si quelques joueurs tentent bien parfois de remettre en cause le système, même s’ils disposent d’un nombre de défis pour faire appel de la décision, le verdict de la machine est implacable.

Le système Hawk-Eye Live, c’est 18 caméras qui scrutent les lignes en permanence. Six caméras surveillent les fautes de pieds. Les caméras, reliées à un ordinateur, permettent ainsi de tracer la trajectoire de la balle et de générer une vidéo en 3D. Des voix enregistrées annoncent les fautes.

L’arbitrage électronique sur l’ensemble du circuit dès 2025

L’US Open et l’Open d’Australie ont été les premiers tournois du Grand Chelem à utiliser ce système en 2006 et 2007 pour assister les juges de lignes. Depuis 2021, seul l’arbitrage électronique est utilisé dans ces tournois, comme à Montréal pour l’Omnium de la Banque National. Le système devrait se généraliser sur l’ensemble du circuit de tennis masculin d’ici 2025, a annoncé l’ATP.

Même la terre battue, sur laquelle la marque de la balle est visible à l’œil nu, n’échappera pas à cette révolution. Les organisateurs de Roland-Garros, réfractaires à cette technologie, devront se faire une raison.

« La tradition est au cœur du tennis et les juges de ligne ont joué un rôle important dans le jeu au fil des années (…) Notre sport mérite la forme d’arbitrage la plus précise »

– Andréa Gaudenzi, président de l’ATP

Dans un communiqué en avril 2023, le président de l’ATP, Andréa Gaudenzi, admettait : « La tradition est au cœur du tennis et les juges de ligne ont joué un rôle important dans le jeu au fil des années (…)  Nous avons la responsabilité d’adopter l’innovation et les nouvelles technologies. Notre sport mérite la forme d’arbitrage la plus précise ».

Lors de la coupe du monde de soccer 2022, l’arbitrage vidéo généré par le système Hawk-Eye avait déjà régné sur les matches.

Un entrainement sous haute surveillance

L’incursion de la technologie dans le tennis ne s’arrête pas là. À l’entrainement, les joueurs professionnels disposent d’outils pour analyser et améliorer leur jeu, voire pour scruter le jeu de leurs adversaires.

L’ancien joueur français, Jo-Wilfried Tsonga a présenté, l’année dernière, un système combinant drone et IA qui, d’après l’ex-tennisman, devrait “révolutionner le coatching du tennis”.

« Le système nous permettra de récupérer beaucoup de données mais aussi des images non visibles à l’œil nu. »

– Jo-Wilfried Tsonga, ancien joueur français

En partenariat avec le constructeur Parrot, M. Tsonga a mis au point des drones qui filment les entrainement et analyse les comportements des joueurs. “Le système nous permettra de récupérer beaucoup de données mais aussi des images non visibles à l’œil nu”, justifie l’ex-joueur français, lors de la présentation du nouveau système, en avril 2022, dans le cadre du World Artificial Intelligence Cannes Festival.

Si la raquette connectée a fait long feu, la raquette bardée de capteurs permet d’analyser les coups avec précision : puissance, direction, vitesse, rotation…

Des logiciels, gavés de données et dopés à l’intelligence artificielle, permettent de prédire les coups des adversaires célèbres comme Djokovic ou Alcaraz.

7 millions de données collectées durant l’US Open

L’US Open, en partenariat avec IBM, capture et analyse sept millions de données durant le tournoi. Plus de 125 000 points seront joués par les 256 joueuses et joueurs au cours de la quinzaine. Chacun de ces points génère son propre ensemble de données : direction du service, vitesse, type de tir de retour, type de tir gagnant, nombre d’échanges et même position de la balle.

IBM® Watsonx, une plateforme d’IA et de données de nouvelle génération, traite toutes ces données pour alimenter les applications Match Insights et le nouveau AI Commentary.

Match Insights délivre une probabilité de victoire sur un prochain match et l’éventuelle difficulté d’un tirage au sort est générée par la nouvelle fonctionnalité AI Draw Analysis.

AI Commentary permet de commenter artificiellement les points clefs des matchs. Les centaines de matchs joués sur les 22 courts durant deux semaines ne sont pas tous commentés par les journalistes sportifs. L’US Open a demandé à IBM de mettre au point un commentaire artificiel des principales phases d’un match, disponible sur l’application ou le site internet du tournoi. Une intelligence artificielle a entrainé, avec des données de tennis, un modèle de langage appelé Sandstone (qui comprend déjà la langue anglaise). Les scènes de tennis ont été traduites en phrases complètes.

L’entrainement en réalité virtuelle

L’ATP est bien décidée à poursuivre son incursion dans la technologie. Il y a quelques jours, l’association des professionnels du tennis a annoncé un partenariat avec Sense Arena, leader mondial du tennis en réalité virtuelle (VR), pour lancer l’ATP Tour Sense Arena. La plateforme, opérée via un casque Quest 2 et une raquette haptique, offrira des applications d’entrainement pour tous les joueurs à travers le monde.

De plus, les 100 meilleurs joueurs en simple et les 25 meilleurs joueurs en double de l’ATP recevront un accès gratuit pour s’entraîner avec la meilleure technologie VR de Sense Arena. De quoi collecter une foultitude de données…

Crédit Image à la Une : Wikipedia, Alan Macías (Pexels)

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