Le confinement et la distanciation sociale bouleversent le quotidien et bon nombre d’industries. Le secteur des transports n’est pas épargné. Tour d’horizon des solutions innovantes en matière de véhicules autonomes.
Les employés de la STM manifestent leurs inquiétudes face à la contagion au sein du personnel. Les usagers appréhendent l’utilisation du transport collectif, ne serait-ce que pour aller chercher nourriture et médicaments. Afin de limiter ces désagréments, certaines solutions partielles se dressent à l’horizon.
Circuit fermé
La ville de Candiac en Montérégie, a réalisé un projet pilote prenant fin en 2019 où une navette (conçue en partenariat avec Keolis Canada et NAVYA) transportait des citoyens d’un point A (stationnement incitatif) à un point B (station EXO). Une façon d’économiser sur le “dernier kilomètre” qui sépare l’utilisateur d’une empreinte écologique minimale. Un trajet de deux kilomètres, avec quelques arrêts.
“L’intérêt de ces premières applications, ce sont les trajets numérisés de très près sur des tronçons spécifiques.” explique Alain McKenna, journaliste spécialisé en technologie et en économie. “Dans de tels contextes, l’environnement est connu, et donc la technologie est efficace” poursuit-il.
Une expérience similaire a été entamée dans le quartier de la Petite-Bourgogne à Montréal, interrompue par la pandémie. Un tracé de 2,5 kilomètres, un véhicule électrique, sans conducteur (ou presque, question de satisfaire aux exigences de la loi), qui permettrait à une population fragilisée de sortir de son désert alimentaire et ainsi fréquenter une offre locale autrement inaccessible.
“Avoir ces navettes, c’est super intéressant, ça ajoute des options de mobilité dans un cocktail transport pour délaisser l’auto-solo” explique Sarah Houde, Présidente-directrice général de Propulsion Québec.
Un projet initialement conçu pour briser l’isolement pourrait humaniser la distanciation sociale. Pourrait-on imaginer un même tracé restreint, mais adapté pour livrer nourriture et médicaments ?
“En ce moment ces navettes sont plus efficaces sur des circuits fermés comme des campus universitaires ou des hôpitaux”, ajoute Sarah Houde, “mais plus on le teste sur le terrain et plus le produit est perfectionné.” Et avec le perfectionnement du produit, selon la PDG, viendra inévitablement la demande.
Mon pays, c’est l’hiver
Les autobus de la STM conduits par l’intelligence artificielle auraient les mêmes problèmes que les voitures circulant sur le territoire québécois: la neige, la glace et la boue nuisent aux différents capteurs des véhicules intelligents, les rendant inutilisables pendant une bonne partie de l’hiver.
“Un des meilleurs systèmes – le Eyesight de Subaru – détecte les voitures qui s’en viennent, qui freinent.” confie Marc-André Gauthier, journaliste pour Le guide de l’auto. “Mais si la voiture est moindrement sale, le système ne peut plus fonctionner. Comment opérer alors dans un contexte de routes enneigées?”
Cadillac développe déjà ce genre d’options, avec caméras braquées sur le conducteur pour assurer une concentration continue sur la route.
“Ce qu’on va voir dans les prochaines années, c’est un hybride entre la voiture manuelle et la conduite intelligente. Une voiture presque intelligente” explique Samuel Lessard, journaliste pour RPM.
L’expertise Québécoise
Au Canada, l’intelligence artificielle demeure une industrie en pleine croissance. Il est donc possible d’imaginer des joueurs locaux, comme Leddartech au Québec, prendre une part considérable du marché grâce à la présence croissante de technologie au sein des véhicules, à l’instar de Tesla et des gros joueurs comme Mercedes-Benz.
“Il y a vraiment des startups qui viennent compétitionner à arme égale avec des constructeurs établis. C’est là qu’entre en scène Uber, Waymo, même Cruise Origin de GM,” avance Samuel Lessard. “Là où le Québec va avoir un impact, c’est dans l’expertise.”
Selon Marc-André Gauthier, “Montréal est un des centres les plus importants dans le monde dans le développement de l’intelligence artificielle. Le Québec est un joueur important. On a l’expertise. Mais la première voiture intelligente, à quoi va-t-elle ressembler? C’est dur à dire.”
Crédits Photos : Keolis Canada / STM / LeddarTech