L’informatique quantique : la prochaine manne techno au Québec ?

L’informatique quantique : la prochaine manne techno au Québec ?

Après le jeu vidéo et l’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique sera-t-elle la prochaine industrie qui fera rayonner les talents québécois ? Voici ce qu’en pensent certains experts.

Ce nouveau domaine technologique fait rêver ! Des ordinateurs surpuissants qui seront capables de résoudre des problèmes mathématiques toujours plus complexes et bien plus rapidement que les appareils conventionnels.

Mais, au-delà de ce fantasme de la machine futuriste à des années-lumière de nos capacités actuelles, la quantique ouvre la voie à des possibilités d’innovations multiples dans les prochaines décennies.

D’après une analyse du Conseil national de recherches Canada datant de 2017, il est estimé que d’ici 2030, le secteur national des technologies quantiques pourrait valoir 8,2 milliards de dollars et employer 16 000 personnes au pays. Cette technologie prendrait ainsi de l’ampleur de façon rapide selon les prévisions.

En effet, d’ici 2040, période au cours de laquelle le taux d’adoption des technologies quantiques devrait atteindre 50 %, l’informatique quantique pourrait représenter 142,4 milliards de dollars en valeur, et créer 229 000 emplois au Canada, soit 27 milliards de dollars et 45 000 emplois au Québec.

Ces données ont été présentées lors d’une table ronde organisée par IBM Canada, le 5 octobre dernier. Pour Hubert Bolduc, d’Investissement Québec international, la province est en bonne position pour se démarquer dans les prochaines années.

« Avec la qualité du talent que l’on retrouve ici, on peut s’attendre à revivre ce qu’on a connu avec l’industrie du jeu vidéo il y a vingt ans et celle de l’IA il y a cinq ans » – Hubert Bolduc, président d’Investissement Québec International

POTENTIEL DE LA QUANTIQUE

Avec une architecture basée sur les qubits [plus petite unité de stockage d’information quantique] plutôt que sur les bits conventionnels, les ordinateurs quantiques ont la capacité d’effectuer certains types de calculs beaucoup plus rapidement que les superordinateurs usuels. De ce fait, leur adoption dans divers secteurs pourrait décupler l’efficacité et la production.

« Ces technologies [quantiques] nous permettraient d’accélérer la simulation de propriétés de nouveaux matériaux, et ce, plus rapidement et à moindres coûts. » Marie-Pierre Ippersiel, présidente et directrice générale de PRIMA Québec

Patrick Jeandroz, expert en science des données et calcul haute performance à l’Institut de Recherche d’Hydro-Québec, abonde dans le même sens.

Effectivement, certaines des centrales hydroélectriques vieillissantes de la société d’État devront subir d’importants travaux de réfection dans les prochaines années, et M. Jeandroz a hâte de pouvoir profiter du pouvoir de la quantique pour y parvenir.

« Cela apportera son lot de défis et nous sommes désireux de trouver de nouveaux matériaux pour la réfection de nos centrales », souligne-t-il.

La puissance de calcul prometteuse de l’informatique quantique pourrait aussi aider à mieux optimiser les algorithmes dédiés à la gestion des énergies renouvelables.

Certes, les énergies solaires et éoliennes sont prometteuses, mais aussi intermittentes. Des outils de gestion capables de prévoir la demande en électricité et la capacité de production des centrales faciliteraient l’adoption des énergies vertes.

« Pour l’instant, on doit couper les coins ronds avec l’optimisation des algorithmes, parce qu’on ne possède pas la puissance de calcul optimale », affirme M. Jeandroz.

« Des équations que l’on veut résoudre en ce moment nous prendraient 800 ans à compléter avec un superordinateur conventionnel » -Patrick Jeandroz, Chef expert en science des données et calcul haute performance, Institut de Recherche d’Hydro-Québec

Le Québec et le Canada sont sur la bonne voie pour se tailler une place de choix sur l’échiquier mondial de la quantique, d’après Christian Sarra-Bournet, directeur exécutif de l’Institut quantique de l’Université Sherbrooke.

« Il faut continuer à investir dans la recherche fondamentale, si on veut conserver notre position en tête de peloton », indique celui-ci.

D’ailleurs, ce dernier se réjouit de la reprise des discussions entre le milieu universitaire et le gouvernement à la suite des élections. Du reste, le dernier budget fédéral prévoit de consacrer 360 millions de dollars à la recherche dans la quantique, dans le cadre de la stratégie nationale.

Crédit photo : Flickr / IBM