Dans le cadre du Mois de la Jeunesse (MNJ), Printemps Numérique investit le versant de la transparence des données utilisateurs. Ces multiples activités reflètent le rayonnement des pratiques émergentes tellement bien portées par l’effervescence montréalaise. En entrevue, Mehdi Benboubakeur, directeur de l’organisme avant-gardiste, maîtrise les évolutions de cette aventure en évoquant ce qui irradie l’écosystème québécois : l’intelligence numérique
De la genèse au contexte pandémique, comment cet allié techno a su déployer ses ressources ?
UN FÉDÉRATEUR DE CRÉATIVITÉ NUMÉRIQUE
En 2014, Printemps Numérique, organisme à but non-lucratif démarre avec un positionnement sur le travail numérique. Pendant une saison, le grand public s’approprie l’identité de Montréal placée comme capitale innovante. Le Québec, et plus particulièrement Montréal, possède un potentiel énorme pour se positionner comme une ville de calibre international. Les pratiques émergentes comme l’art numérique était un pan essentiel à la programmation puis progressivement, les principes se sont étendus. Mehdi Benboubakeur évoque un « ralliement collectif du milieu de la créativité et des arts numériques. ».
La création de Printemps Numérique engendre des projets dont la première orientation est d’exposer les expertises locales. La programmation affiche un annuaire original d’événements qui abat les cloisons de la connaissance et de la littératie numérique. En premier lieu en attirant le grand public, les professionnels puis les acteurs économiques de demain tel que la jeunesse. De quoi diminuer les clivages – parfait antidote contre une faille sociale. Printemps Numérique amorce donc sa mission centrée sur la culture puis glisse au fil du temps vers un mariage mixte, un univers plus large.
LES APPLICATIONS TRANSVERSALES
En 2016, Printemps Numérique commence à s’intéresser aux passerelles qui existent entre ces différents écosystèmes. Comment va-t-on créer une intelligence commune et comment faire en sorte qu’ils dialoguent ? Montréal dispose alors d’un terreau de création qui utilise le codage dans une perspective plus industrielle. Les artistes présentent un intérêt particulier à créer des connexions avec des studios de jeux vidéo, d’effets visuels ou des fabricants de textiles intelligents. Par exemple les Digilabs s’attèlent à développer des projets de jumelage entre les créateurs et les entreprises.
L’accessibilité d’équipements laisse une empreinte socialement positive puisque les parties prenantes s’apportent mutuellement une richesse. Les technologies sont finalement applicables dans d’autres écosystèmes où ce modèle d’affaires va avoir un réel écho. La définition d’une intelligence numérique va plus loin que les simples chiffres 1 et 0 :
« On parle d’intelligence numérique comme capacité collective à exprimer, utiliser et bonifier un savoir et une littératie à travers les communautés et les industries.» – Mehdi Benboubakeur, Président de Printemps Numérique
Ces rassemblements comme le MNJ ouvrent de nouvelles perspectives dans le secteur jeunesse pour préparer la relève. Ce genre de maillage devient dès lors le point d’orgue de l’organisme qui place la démocratisation du numérique au cœur de l’aventure humaine. Par ailleurs, avec MTL Connecte, l’équipe travaille sur cette question de pollinisation croisée. Le rendez-vous annuel fait en sorte que des leaders se rencontrent en formalisant les approches à adopter d’un écosystème à l’autre. La conception de la technologie d’un point de vue transversale et une approche définitivement humaine.
UNE TRANSITION VIRTUELLE ET SOCIALE
Maintenir les écosystèmes
Après deux ans de pandémie, Printemps Numérique expose sa vision stratégique jusqu’à 2024. Dans le Manifeste de l’organisme, le Président du conseil d’administration évoque une prise de conscience collective sur la nécessité de s’adapter aux bouleversements. Guillaume Aniorté parle d’un virage sans précédent dont les organisations et les entreprises les plus avancées ont su tirer profit. Pour Printemps Numérique, la Covid-19 a consolidé sa compréhension du réseau touché de plein fouet certes, mais à la fois propice à de nouvelles expériences virtuelles. Le contexte de pandémie a accéléré l’apport des solutions particulières aux pratiques d’achat, de travail et de sociabilisation.
Ce qui paraissait flou, voire inconcevable au début est pourtant apparu dans la sphère professionnelle et sociale en claquement de doigts. Pour le volet jeunesse, Printemps Numérique a développé son métaverse auprès des étudiants pour pallier aux activités interrompues. L’avatar des utilisateurs les amenait ainsi à des activités de codage, prix, show d’humour, et même à leur bal de fin d’années…
En 2019, la première édition de MTL Connecte reçoit des intervenants internationaux. Un an plus tard, Printemps Numérique revoit son plan avec un déploiement 100 % en ligne avec 12 000 participants. Pour le grand public, l’organisme organise une opération de White hacking – un programme itinérant visant les quartiers les moins touchés par l’art numérique. Une dizaine d’artistes détourne trois camions publicitaires dans un souci d’effacer la notion de fracture entre les diverses couches sociales.
INTERVENIR TOUS AZIMUTS
Associée à cette toile technologique, Mehdi Benboubakeur invoque l’aspect de dualité. Une coexistence existe entre les utilisateurs et les industries : « si ces deux fronts avancent main dans la main, la société ne pourra que s’enrichir. ».
Les activités d’éveil orientent les jeunes sur les possibilités d’évoluer vers les ressources et les acteurs du milieu. Ces interventions prioritaires concernent la nouvelle génération, les jeunes filles et les communautés autochtones (Innus, Micmacs, Atikamekws et Hurons Wendat) parce que Printemps Numérique mise sur le potentiel de chaque front.
« Nous voulons allumer des étoiles auprès de tout le monde et particulièrement auprès des communautés vulnérables. » – Mehdi Benboubakeur, Directeur général de Printemps Numérique.
L’équipe de Printemps Numérique ne mise pas seulement sur l’aspect commercial de l’intelligence numérique, mais plutôt sur le volet social. L’accessibilité et la démocratisation demeurent des perspectives inhérentes à la réduction des inégalités. L’objectif reste que, la société tire toujours profit d’une utilisation résonnée en imaginant le potentiel en chacun de nous.