[ANALYSE] Métavers et métamobilité : le virtuel entre promesses et dérives

[ANALYSE] Métavers et métamobilité : le virtuel entre promesses et dérives

Fusion entre monde virtuel et monde réel, le Métavers est le grand phénomène de l’heure. Un univers qui ne se limite plus au divertissement et qui gagne de jour en jour d’autres domaines d’activité.

Le Métavers (metaverse) est un espace où chaque utilisateur est amené, par sa simple participation, à construire un environnement virtuel. C’est un univers qui peut s’ajouter au monde réel, sous la forme d’une réalité augmentée, et peut également exister par lui-même en tant que réalité virtuelle.

Le Métavers grandit à travers l’expérience des utilisateurs et inversement l’expérience des utilisateurs se raffine avec l’usage. Désormais en mode immersif, la navigation ne nécessite plus aucun clavier, et se crée à travers les gestes des individus comme dans le monde réel.

LA CONSOMMATION VIRTUELLE

La plateforme Decentraland. Crédit photo Decentraland

Le Métavers se divise en plusieurs univers et comprend celui, assez connu, baptisé Decentraland. Les utilisateurs sont donc amenés à choisir un ou plusieurs mondes, dans lesquels ils peuvent posséder des biens virtuels, que ce soient des objets ou des immeubles.

Une activité économique qui existe depuis un certain temps, mais qui décuple depuis l’annonce du patron de Facebook, à coup de dizaines de millions de dollars investis dans le métavers. À première vue et pour une personne non initiée, cette activité apparaît sans intérêt. Pourtant des milliards y circulent.

Voici les étapes simples pour faire des transactions importantes, comme l’achat d’une maison ou d’un local commercial :

  1. Vous possédez un compte en banque
  2. Vous choisissez un des mondes auquel vous souhaitez vous joindre
  3. Vous ouvrez un portefeuille de cryptomonnaie
  4. Votre portefeuille se connecte à votre nouveau monde
  5. C’est parti!

Mais, quel intérêt peuvent bien trouver les acheteurs à de telles transactions ? Tout d’abord, les achats prennent de la valeur. Ensuite, on peut décider de construire ou bien d’avoir nos installations clés en main et accessibles immédiatement. Pour notre avatar, évidemment ! Sans frais d’architecte !

« Decentraland compte 300 000 utilisateurs par mois. » – Lorne Sugarman, directeur général, Metaverse Group

Il existe aussi beaucoup plus d’options que dans le monde réel. De surcroît, l’achat est vécu comme un véritable raccourci vers nos rêves numériques.

Bref, c’est un capital qui prend de la valeur, tout comme l’immobilier. Vous pouvez vérifier les chiffres par vous-mêmes. Vous verrez que les marchés virtuels sont en expansion !

MÉTAMOBILITÉ… UN PONT ENTRE DEUX MONDES

Étrangement, la métamobilité va plus loin que le métavers. Elle envisage l’utilisation de la robotique pour faire le pont entre les deux mondes.

Selon Hyundai, les robots « agiront comme un médium entre le monde réel et le monde virtuel, permettant aux utilisateurs de réaliser des modifications dans le métavers et de voir ces derniers être reflétés dans la réalité. »

« L’idée derrière la métamobilité est de faire en sorte que l’espace, le temps et la distance deviennent inutiles. » – Chang-Hyeon Song, Président du groupe Hyundai

Autrement dit, les gestes exécutés dans le monde virtuel auront un impact réel sur le monde physique. Un utilisateur du métavers pourra caresser un vrai chat qui se trouve de l’autre côté de la planète ou sur Mars !

DES DOMMAGES PHYSIQUES ET MATÉRIELS

On doit alors se demander ce que ressentirait le chat… « Les dommages matériels ou corporels pourraient provenir d’erreurs courantes des utilisateurs via leurs avatars dans le métavers, et non plus d’erreurs de programmation », nous dit le philosophe Octave Larmagnac-Matheron.

On pourrait blesser malencontreusement le chat avec nos gants haptiques (tactiques). Les métaversiens pourraient « subir des influences négatives, des attaques et des fraudes déjà très présentes dans le cyberespace actuel », nous rappelle le philosophe.

DISTANCIATION SOCIALE RESPECTÉE

Comme si les restrictions sanitaires actuelles dues à la COVID ne suffisaient pas, l’entreprise Meta instaure la distanciation sociale entre les avatars ! 

En effet, après de premiers cas de harcèlement virtuel, le groupe instaure une distance minimum entre les avatars, dans son réseau social Horizon. Cette fonctionnalité doit permettre d’éviter les interactions non désirées, dans les mondes virtuels nommés HorizonWorld et HorizonVenues.

Cercle de protection; crédit photo Metaverse.

La fonction de distanciation se nomme PersonalBoundary, pour évoquer les limites personnelles. Elle empêche les avatars de s’approcher trop près les uns des autres. Pour l’instant, une limite de 4 pieds est préconisée.

En définitive, les univers nous offrent de belles promesses et émoustillent notre imagination. Mais, alors que l’aspect fictif tend à devenir réel, les deux mondes se chevauchent et nous préparent à de toutes nouvelles interactions. 

Comprendre la société, ses avantages et ses travers, relève de la sociologie. Quelle science saura alors comprendre et analyser les comportements virtuels, semi-virtuels et robotisés des individus ?

BIBLIOGRAPHIE

Larmagnac-Matheron, Octave. (2022). Du métavers à la métamobilité : un nouvel “anéantissement du temps” ?. Philosophie Magazine.

Lee, Katy. (2021). Dans le métavers, l’immobilier numérique a la cote. La Presse.

Métavers. (2022). Metaverse properties.

Virilio, Paul. (1984). L’espace critique. La ville superposée. Christian Bourgois Euiteur.

Virilio, Paul. (1991). Les perspectives du temps réel. Chimères. Revue des schizoanalyses.

Waterworth, Kristi. (2022). 3 Reasons You Should Buy an Estate in the Metaverse. The Motley Fool.

Crédit photo: Barbara Zandoval, Unsplash