Les algorithmes n’ont fait leur entrée que tout récemment dans le monde des vins. Pourtant, certains annoncent déjà la révolution du numérique en œnologie.
Le goût est l’un des sens les moins explorés par les technologies de l’intelligence artificielle (IA). Comparativement aux avancées en reconnaissance des images et des sons et même de l’odorat, peu de percées ont encore été accomplies pour simuler la perception des saveurs par nos papilles gustatives.
Pourquoi ne pas vous fier à une IA pour choisir le millésime qui répond le mieux à vos goûts ?
Voilà la proposition faite par l’entreprise californienne Tastry qui a développé un modèle d’IA capable de classifier la composition chimique d’un vin et de l’associer avec ses divers aspects gustatifs.
Rond en bouche, ample, capiteux, fruité ou sec : toutes ces particularités qui peuvent se trouver dans une bouteille sont le résultat de la chimie du raisin, de son passage en fût et du processus de fermentation.
TOUTE LA CHIMIE DU VIN
Ainsi, bien qu’une machine ne soit pas encore en mesure de goûter véritablement un verre de vin, il est possible à l’algorithme de Tastry de choisir un vin « sur mesure » selon le profil d’un individu.
« Les données de chaque analyse de produit sont introduites dans un moteur d’IA pour “connaître sa spécificité” par comparaison avec d’autres produits et avec les appariements de palais [ saveurs du vin ; traduit de l’anglais] » – site Internet de Tastry
Contrairement à la chimie, « il n’existe aucun moyen de contrôler complètement un test sensoriel émis par l’humain », souligne l’entreprise américaine. En effet, les données obtenues à partir de l’évaluation sensorielle humaine sont intrinsèquement incohérentes parce qu’elles « découlent nécessairement des préférences du goûteur », argumente Tastry.
Pourtant, la fondatrice, Katerina Axelsson, une diplômée en chimie de l’Université d’État polytechnique de Californie a voulu miser sur l’apport objectif de la présence de certaines molécules contenues dans le vin pour guider le choix d’une bouteille qui arrosera une soirée entre amis ou qui accompagnera un repas.
L’entreprise a ainsi créé l’application Bottlebird pour aider quiconque à sélectionner le meilleur vin selon ses goûts personnels.
Tastry apporte aussi des solutions pour les vignobles et les distributeurs qui leur permettent d’ajuster la production et l’offre selon les préférences les plus récentes du marché, afin d’accroître les revenus et de limiter le gaspillage.
BIG DATA ET LA PHÉNOLOGIE DE LA GRAPPE
L’Europe, berceau de l’œnologie, n’est pas en reste en matière d’emploi des technologies numériques pour améliorer la production vinicole.
BigDataGrapes, une structure européenne, propose de rassembler les forces vives de l’industrie afin d’extraire des données qu’elles créent pour améliorer les rendements.
Deux projets pilotes sont actuellement à l’essai.
Le premier se trouve dans des vignobles de Grèce pour « collecter et surveiller les données de capteurs, d’élevage et phénologiques dérivées ».
Ainsi, les propriétés du sol, les conditions climatiques et les techniques de culture sont des informations importantes qui affectent la qualité du vin que l’on souhaite préserver afin de prendre de meilleures décisions dans la production.
Dans le second projet, l’un des partenaires français de BigDataGrapes, l’Institut national de recherche pour l’agriculture l’alimentation et l’environnement, mène des études dans son laboratoire de Pech Rouge de la région du Languedoc-Roussillon.
Les recherches portent sur la viticulture et l’écophysiologie de la vigne, ainsi que l’observation et le contrôle en temps réel du processus de fermentation.
Encore une fois, l’objectif est d’améliorer toute la chaîne de production, de la grappe à la bouteille, afin que viticulteurs, commerçants et consommateurs en profitent.
Alors pendant les fêtes, trinquez à votre santé et à celle de l’IA, car sait-on jamais, un jour c’est peut-être le meilleur des vins qui coulera de son fût ?
Crédit photo : Pexels / Cottonbro