Un nombre croissant de solutions bancaires sont automatisées et font appel à l’intelligence artificielle (IA). Au-delà du simple agent conversationnel prêt à guider la clientèle en ligne vers les ressources appropriées, les algorithmes déployés par les banques peuvent désormais analyser dépenses et revenus, placements et plans de retraite individuels pour offrir un service sur mesure. S’arrogeront-ils la place des planificateurs financiers?
Le 3 février dernier, la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC) lançait son nouvel outil nommé « À la loupe CIBC ».
Faisant appel à l’IA et à l’apprentissage machine, la technologie « offre aux clients des recommandations personnalisées fondées sur des données qui se basent sur leurs opérations financières », indiquait un communiqué de l’institution bancaire.
L’engin « détermine » les tendances et les écarts dans les finances de la clientèle en épluchant les transactions par carte de débit et de crédit.
Des conseils et des suggestions personnalisés fondés sur l’historique bancaire des particuliers peuvent aussi prévoir « l’établissement de limites » de certaines dépenses ou envoyer des « rappels pour placer les fonds disponibles dans l’épargne ».
À l’instar de médias sociaux populaires, un fil d’actualité dans l’interface envoie des messages aux utilisateurs leur suggérant des opérations jugées profitables.
LA FIN DES PLANIFICATEURS HUMAINS?
La puissance des algorithmes de plus en plus affinés aux besoins des particuliers ne fait pas craindre à Chantal Lamoureux la disparition de la variable « humaine » de l’équation financière.
Pourtant, c’est un peu l’avenir de son organisme qui est en jeu, puisqu’elle est la présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).
« Les tâches des planificateurs financiers changeront certainement dans les années à venir, certes, mais ils seront toujours présents. Ils pourront mettre davantage d’emphase sur la relation avec le client. Ça va devenir une valeur ajoutée », indique-t-elle.
L’IA sera plutôt un outil qui permettra aux planificateurs humains de « mettre en images et de discuter » les finances de la clientèle, croit la PDG.
« Certaines décisions financières ont un fort impact émotif sur les gens. Choisir à quel âge on encaisse son régime de rentes peut être très stressant. C’est pourquoi la présence humaine d’un planificateur sera toujours importante » – Chantal Lamoureux, PDG de l’IQPF
L’IQPF, qui est l’organisme de formation par lequel passent les planificateurs au Québec, devra tout de même s’adapter à cette nouvelle technologie.
« On prend cela en considération. Déjà, on offre une formation sur la bonne gestion des données, dans laquelle on explique aux futurs planificateurs les bonnes pratiques en termes de confidentialité, par exemple. »
UN ÉVENTAIL DE SERVICES PROPULSÉS PAR L’IA
Quoi qu’il en soit, les banques ne ralentissent pas la cadence dans la création de tels outils assistés par l’IA.
En effet, CIBC offre déjà un assistant virtuel conversationnel qui peut effectuer des opérations bancaires et répondre aux questions des clients.
Un autre service, « Pro-objectifs CIBC », est une plateforme interactive qui, avec l’aide d’un conseiller de CIBC, appuie le processus de planification des objectifs.
Et plusieurs autres banques ont emboîté le pas vers la création de conseils financiers automatisés.
Pour sa part, la Banque royale du Canada (RBC) a sa propre application mobile, « Demandez à NOMI » qui répond aux questions, facilite la navigation des clients dans l’application et simplifie des tâches comme la recherche d’opérations.
Un outil additionnel, « Perspectives NOMI », fournit lui aussi des alertes, des rappels et des informations personnalisées aux clients.
Enfin, « TrouvÉpargne NOMI » « mise sur une technologie prédictive pour aider les clients à épargner », explique Denis Dubé, Directeur des communications pour RBC.
La Banque de Montréal (BMO) s’est aussi lancée dans la planification financière assistée par l’IA.
« Mon info BMO » est une solution intégrée aux services mobiles de l’institution qui fournit des informations personnalisées, automatisées et exploitables aux clients des services bancaires courants.
Enfin, l’outil « SuiviArgent » offre des informations financières en temps réel qui prédisent intelligemment un déficit de liquidités à venir.
De quoi prendre des décisions éclairées sans même avoir besoin de solliciter une expertise humaine. Reste à voir le niveau de satisfaction des utilisateurs. À suivre!
Crédit photo: Pexels/Anthony Shkraba