En employant des algorithmes d’apprentissage de modèles, un chercheur montréalais est parvenu à trouver un lien neurologique entre le manque d’interactions sociales et le risque de toxicomanie, de stress et de sentiment de solitude.
C’est ce que révèle une étude conjointe du docteur Danilo Bzdok, titulaire de la Chaire en IA-Canada CIFAR et chercheur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro) et à l’Institut québécois d’intelligence artificielle (Mila).
Ces résultats, obtenus auprès de 40 000 participants recrutés à travers le Royaume-Uni, confirment les suspicions de certains neurologues qui voient un rapport entre le tissu social qu’entretient un individu et sa santé mentale.
« La nouvelle étude d’imagerie génétique [ … ] a évalué de manière systématique les effets du sentiment d’appartenance sociale et des amitiés sur le cerveau, lui conférant des substrats neuronaux particuliers qui permettent de distinguer un soutien social riche d’un soutien faible », explique un communiqué émis à la suite de la publication de ladite étude.
Pour ce faire, les chercheurs ont tout d’abord appliqué des algorithmes avancés d’apprentissage de modèles à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) à haute résolution. Ces informations ont été combinées à des données génétiques et à des résultats d’autoévaluations psychologiques se rapportant à environ 40 000 hommes et femmes âgés de 40 à 69 ans.
Ensuite, les données d’IRM obtenues ont été utilisées pour comparer les participants ayant indiqué se confier quotidiennement à une personne de leur réseau proche avec ceux qui ne le font pas.
Les scientifiques ont observé des régions cérébrales distinctes centrées sur le réseau de saillance, soit des régions cérébrales impliquées dans la communication humaine, le comportement social et la conscience de soi, qui sont en corrélation avec le niveau de soutien social.
De plus, ceux-ci ont identifié des connexions structurelles et fonctionnelles fiables du soutien social régulier des proches dans le système limbique.
« Les circuits neuronaux identifiés, qui sous-tendent l’isolement social étudié, sont étroitement liés au comportement de toxicomanie, à la solitude et à la résilience au stress » – Dr Danilo Bzdok, chercheur au Mila
PANDÉMIE ET ISOLEMENT
Selon le Dr Bzdok, l’information ainsi acquise pourrait aider à identifier de nouvelles pistes de prévention et des possibilités d’intervention médicale à l’avenir.
La pandémie qui s’étire depuis plus d’un an aura imposé des mesures de distanciation sociales et du travail à distance à une importante partie de la population mondiale.
À son sommet, la crise sanitaire a forcé le confinement de presque 4 milliards de personnes dans 90 pays et territoires, soit près de la moitié des individus sur Terre.
Dans ce contexte, de plus en plus de personnes ont vu leurs liens sociaux se réduire, ayant ainsi un impact sur leur qualité de vie et un risque plus élevé de variété de conditions physiques et mentales, selon les chercheurs.
Le lien établi entre le sentiment d’appartenance sociale et la santé fait en sorte que la solitude est désormais considérée comme un fléau mondial.
« Renforçant et élargissant les recherches neuroscientifiques menées récemment par les auteurs qui ont exploré les rapports subjectifs de l’isolement, les résultats de leurs récents travaux soulignent le besoin critique de reconnaître l’essor de la solitude et l’importance de lutter contre ce problème de santé publique au sein de notre société », soulignent les scientifiques.