Un centre de médecine vétérinaire unique ouvre ses portes à Saint-Hyacinthe

Un centre de médecine vétérinaire unique ouvre ses portes à Saint-Hyacinthe

Le Centre d’excellence en médecine interventionnelle (CEMI) de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal (UdeM), qui commençait ses opérations le 22 janvier dernier, est le premier centre de recherche et d’opérations vétérinaires au Canada entièrement dédié à la médecine interventionnelle.

L’UdeM précise que le CEMI « dispose de la toute première salle de médecine interventionnelle vétérinaire intégrée au Canada permettant l’utilisation des technologies et instruments les plus avancés en un seul et même lieu ». Ce centre, unique en son genre, a la capacité de faire des opérations complexes et minutieuses chez des animaux, majoritairement grâce à de la technologie d’imagerie médicale, sans qu’ils aient à subir de traitements post-opératoires.   

Une solution à un grand besoin

La médecine interventionnelle consiste à traiter plusieurs pathologies chez les animaux en utilisant des technologies telles que l’angiographie, l’endoscopie, les échographies et l’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui, la plupart du temps, ne requièrent pas d’incision. Les avantages de ces types d’opérations ? Tel que mentionné sur le site web du Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV) de la Faculté de médecine de l’UdeM, au cours de l’opération, « l’animal est traité avec peu ou sans douleur et peut obtenir son congé de l’hôpital le jour même ». De plus, l’absence d’incision et d’opération à ventre ouvert diminue drastiquement les dangers des procédures sur l’animal. En résumé, les procédures non-invasives permettent à l’animal et à ses propriétaires de retourner à leur quotidien rapidement.

« Il n’y a pas d’autre salle avancée d’intervention aussi bien équipée. C’est vraiment unique au Canada. »

– Dre Marilyn Dunn, vétérinaire et professeure au CHUV et fondatrice du CEMI

La Dre Marilyn Dunn, professeure en médecine interne de la Faculté de médecine vétérinaire, est à l’origine de la création du CEMI. Elle considère que le centre améliore grandement les capacités du CHUV à réaliser des procédures médicales. « Ce qu’on avait avant, c’était un appareil mobile qui était beaucoup moins performant, puis qui n’avait pas toutes les autres modalités d’imagerie intégrée. » Avec la technologie et les machines que le centre a aujourd’hui en sa possession, les vétérinaires sont entre autres capables d’intégrer et d’analyser toutes leurs images sur un même écran, ce qui facilite leur travail. « Il n’y a pas d’autre salle avancée d’intervention aussi bien équipée. C’est vraiment unique au Canada » ajoute la docteure.

Des soins pointilleux et presque sans limite

CHUV

« L’imagerie nous permet de se rendre dans des endroits dans le corps qu’autrement on ne serait pas capable d’atteindre », dit la docteure. Grâce à une combinaison d’imagerie médicale détaillée permettant de bien observer la zone du corps à traiter, et d’utilisation des voies naturelles et des vaisseaux sanguins pour s’y rendre, il est possible d’opérer des endroits délicats, comme les oreilles, les orteils et la tête, et des organes comme les poumons, le foie et les reins. Les vétérinaires peuvent observer en tant réel leurs procédures à l’intérieur de l’animal, et s’assurer qu’ils ont bel et bien éliminé le problème.

Le CEMI est entre autres capable de réaliser des opérations telles que le retrait de pierres aux reins ou à la vessie, des chirurgies au laser, la pose de stimulateurs cardiaques, la pose d’endoprothèse trachéale et le traitement de malformations au foie. 

« Les limites, c’est notre imagination », dit Dre Dunn. « On est encore en train d’apprendre et d’élargir notre gamme de procédures, et c’est quand même un domaine qui est assez nouveau en médecine vétérinaire. Il y a beaucoup de recherche qui se fait […] On s’inspire beaucoup de la médecine humaine aussi, alors si on voit que des techniques ont été développées, on essaye de voir si on est capables de [les] prendre puis de les utiliser pour aider nos patients. »

Du biodôme jusqu’à la ferme, la clinique ne discrimine pas 

Si la technologie du CEMI est remarquable car elle permet de donner un confort médical à ses patients qu’une chirurgie standard ne peut que rêver d’octroyer, elle l’est aussi car elle peut être utilisée pour soigner un grand nombre d’espèces animales.

« C’est surtout les chats et les chiens qu’on traite » dit Marilyn Dunn. « Par contre on traite aussi les animaux exotiques. Jusqu’à date on a traité des lapins, des tortues terrestres, des reptiles, des oiseaux. Tout ce qui est petit mammifère de compagnie, on peut les traiter. On peut également traiter des animaux de la ferme de petits formats, [comme] des poulains, des veaux, des moutons, des chèvres, et des petits cochons. Tout ce qui est en bas de 250 kilos, on est capable de le rentrer dans la salle et le mettre sur la table [d’opération] ».

La docteure explique aussi que le CHUV traite régulièrement des grands animaux de la ferme et des animaux exotiques comme ceux de l’Aquarium de Québec ou du Biodôme de Montréal, donc avec l’ouverture du CEMI, si nécessaire, ces derniers peuvent également tirer profit de la médecine interventionnelle. Les procédures non-invasives leur sont particulièrement bénéfiques, car il peut être difficile de leur donner des soins post-opératoires. Un tigre, par exemple, appréciera grandement pouvoir retourner immédiatement dans son enclos après une opération.

Un bastion de recherche, de formation, et d’inspiration

Le CEMI sert non seulement à soigner des animaux, mais aussi à former des vétérinaires en médecine interventionnelle. Le centre, qui opère entre cinq à huit animaux par semaine et qui possède déjà une liste d’attente d’environ deux mois, traite des patients d’un peu partout au Canada et au nord-est des États-Unis. La demande est grande, et Dre Dunn a hâte d’augmenter l’offre de service.

Selon elle, le CEMI aidera grandement, à travers la formation de vétérinaires d’ici et d’ailleurs, au développement de centres comme celui-ci dans les milieux universitaires et privés, et ce, au niveau local et international. « Plus il y a de centres, plus ces procédures-là peuvent être offertes », dit Marilyn Dunn. 

Crédit Image à la Une : Unsplash