Constatant beaucoup de réticences de la part des femmes à propos des effets secondaires de la pilule, une jeune graduée de l’Université McGill veut révolutionner la façon dont sont prescrits les contraceptifs grâce à l’intelligence artificielle (IA) et aux données de masse.
Jaclyn Hearnden est derrière la start-up Pill0, une initiative dont l’objectif est de « fournir des recommandations sur l’utilisation de la pilule contraceptive fondées sur des modèles de données ».
Cette jeune pousse propose un prototype qui permet d’illustrer la prévalence des effets secondaires des différentes marques de contraceptifs oraux pour les femmes.
Les effets secondaires ont été rapportés par les consommatrices lors de sondages en ligne trouvés sur des sites comme Drugs.com et WebMD.
PLATEFORME ÉDUCATIVE
Ainsi, on peut y apprendre que 27 % des femmes sondées sur l’utilisation du Desogestrel ont affirmé avoir eu des poussées d’acné, tandis que 29 % de celles qui ont reçu une prescription de Drospirenone ont ressenti pour effets secondaires des symptômes de la dépression.
On peut aussi rechercher de l’information sur différentes pilules par symptômes, tout en modulant l’âge de l’utilisatrice.
«Il ne s’agit pas de conseils médicaux, mais bien d’une plateforme éducative pour la patiente moyenne» – Jaclyn Hearnde, fondatrice de Pill0
Toutefois, la double diplômée en biochimie espère que les informations élégamment classées par les algorithmes aideront les médecins à mieux guider les femmes lorsque vient le moment de leur prescrire un moyen de contraception.
D’ailleurs, l’IA et particulièrement les réseaux de neurones pourraient discerner les tendances dans les modèles médicaux, au-delà des capacités humaines.
Éventuellement, les algorithmes seront capables de mettre en évidence les relations complexes entre le passé médical d’une patiente et les effets secondaires de la pilule, souhaite la chimiste.
«Les docteurs généralistes et gynécologues ont habituellement le choix entre à peu près une douzaine de marques de pilules, dont les effets secondaires rapportés sont plus ou moins similaires. Nous pensons que puisqu’ils n’ont pas beaucoup d’informations à ce sujet, ils choisissent une option modérée, se basant sur leur expérience avec leurs patientes», affirme-t-elle.
MANQUE DE SATISFACTION
Un autre prototype plus élaboré que celui disponible en ligne devrait voir le jour en juin, indique Mme Hearnden.
Grâce aux données de masses colligées sur les sites de la Food and Drug Administration aux États-Unis et d’autres sondages en ligne, celle-ci espère pouvoir élaborer, avec son conseiller technique, Justin Harris, une application capable de fournir encore davantage «d’indices» quant aux effets secondaires de la pilule.
«Depuis les années 1960, la composition chimique de la pilule contraceptive n’a pas beaucoup changé», s’exclame-t-elle.
Cette dernière croit qu’il est temps de revoir la contraception orale de sa création à sa prescription. «Les femmes ne veulent plus être des cobayes vivants parce qu’elles décident d’utiliser une forme de contraception», martèle-t-elle.
C’est études à l’appui que celle-ci indique que pour plusieurs, les effets secondaires ont été une raison d’abandonner une forme ou une autre de méthode contraceptive.
En effet, un rapport de la Centers for Disease Control and Prevention aux États-Unis, basé sur des sondages menés auprès de plus de 20 000 femmes entre 2006 et 2010, révèle que près du tiers des personnes qui ont déjà fait appel à la pilule ont cessé son emploi après un manque de satisfaction par rapport à ses résultats.
De ces insatisfaites, plus de 60 % ont soulevé les effets secondaires comme raison de leur mécontentement, qui sont de loin la cause la plus citée.
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