Sommet de Montréal sur l’innovation (SMI) : Entre Terre et techno, ça clique ?

Sommet de Montréal sur l’innovation (SMI) : Entre Terre et techno, ça clique ?

Après deux ans de report en raison de la pandémie, le Sommet de Montréal sur l’innovation (SMI) revient en présentiel, pour une 9ème édition qui se tiendra ce jeudi 26 mai de 12h30 à 17h20 au Centre Phi. Quels objectifs et thématiques mèneront le bal?

Technologie et développement durable

Animé par Leïla Copti et présenté par le Quartier de l’Innovation (QiMtl), le SMI s’articule autour d’une question-thématique précise : « Entre Terre et techno, ça clique ? » Pour y réfléchir, acteurs de l’industrie, conférenciers et chercheurs de renommée internationale ont choisi de répondre présents à l’événement.

Des conférences interactives

Les organisateurs avaient promis aux participants une expérience interactive et des rencontres avec les grands noms de l’innovation locale et étrangère, selon une formule de conférences-débats rassemblant plus de 175 invités. Avec des noms comme Dr. Bruno Colmant, membre de l’Académie royale Belge et Ph.D en économie, et Mehbs Remtulla, directeur principal de la technologie d’Oracle, on peut dire que la programmation n’a pas failli.

Parmi les conférenciers, on compte notamment Martin Deron, qui abordera, avec son co-panéliste Guillaume Pitron, les principaux constats quant aux enjeux de la transition numérique en lien avec les problématiques environnementales. « Il sera notamment question d’expliquer comment faire converger la transition numérique avec celle écologique. Mon partenaire s’en occupera de façon plus internationale et transversale, tandis que je me concentrerai sur la question au Québec, en présentant les grandes étapes par lesquelles nous devrons passer au cours des 20 prochaines années », explique M. Deron, qui est aussi chargé de projet pour Chemins de transition à l’Université de Montréal.

« Bien qu’on en parle souvent comme d’une entité, le numérique se décline en une multitude d’applications, dans tous les secteurs. Si certaines apportent une plus-value, d’autres répondent plutôt à des intérêts financiers ou de marketing, et il faudra aborder cette coexistence en faisant la part des choses », amène le chercheur, pointant une dualité qui sera au cœur des échanges de la journée.

« Nous mettons le citoyen lambda au cœur des projets et des processus (…) »

– Damien Silès, directeur général du Quartier de l’Innovation

Pour le meilleur et pour le pire

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Damien Silès (Photo : Quartier de l’Innovation)

« Nous sommes fiers de revenir sur la mappe avec cette neuvième édition du Sommet, car la pandémie a empêché la tenue des deux dernières. Le fait de revenir en présentiel plutôt qu’en vidéo, d’interagir avec un public intéressé aux problématiques abordées nous enthousiasme particulièrement », nous confie en entrevue Damien Silès, directeur général du QiMtl.

Pour le directeur, c’est l’occasion d’aborder les enjeux liés aux effets de notre consommation technologique selon leur contexte global, et non pas que pour louanger l’innovation et les machines. « On rappellera, par exemple, que bien qu’on puisse se dire qu’un téléphone nous est utile et que c’est génial, il a fallu 100 kg de matière première pour le fabriquer, et c’est sans compter l’énergie consommée pour chaque courriel envoyé. »

Selon Corinne Gendron, Professeure au Département de Stratégie, Responsabilité sociale et environnementale à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, « Tant mieux si l’on traite de la question selon les volets des gains mais aussi des conséquences. Sinon, on aurait pensé à une mauvaise formulation du problème. Si certaines technologies permettent plus d’efficacité énergétique, ce qu’on constate dans beaucoup de cas, c’est que lorsqu’on fait des gains quant à cette efficacité, il y a souvent un effet de rebond. Prenons l’exemple de la compagnie Air France. L’efficacité énergétique des vols d’Air France sur le plan absolu s’est améliorée depuis les 20 dernières années de façon radicale, mais la compagnie émet toujours plus de gaz à effet de serre (GES). Réduire l’utilisation de l’énergie n’a donc pas compensé les effets néfastes d’un usage plus important. »

Photo de Corinne Gendron

Corinne Gendron (Photo : UQAM)

M. Silès se félicite d’une thématique qu’il qualifie de « très avant-gardiste, parce qu’en général, on parle beaucoup du numérique, sans pour autant connaître ou mentionner les conséquences que cela amène vraiment sur le plan environnemental, et qui ne sont pas forcément celles que l’on entend ou auxquelles on s’attend. Lorsqu’on parle de technologie, souvent, on invente des usines à gaz, puis on les impose à la population. Là, on va traiter les sujets de façon internationale, nationale et métropolitaine, tout en considérant les réalités économiques et diplomatiques, et en proposant des solutions et leurs exemples. Mais au-delà du fait de susciter la prise de conscience, il s’agira de faire participer les gens et de stimuler l’échange. »

Démocratiser l’innovation

M. Silès décrit finalement cet échange comme un « éclatement d’électrons » qui, en plus de faire « sortir les chercheurs de l’ombre », présentera des exemples concrets d’innovation qui démontrent une prise de conscience et répondent aux objectifs de développement durable.

« Nous mettons le citoyen lambda au cœur des projets et des processus, pour qu’ils lui soient aussi accessibles qu’ils le sont aux journalistes ou aux chefs d’entreprise. Heureusement, l’innovation n’est pas que technologique ou industrielle. Elle est aussi sociale et culturelle. La pandémie a fait changer une multitude de paradigmes de façon ultra rapide. Qui aurait pu prévoir que les employés auraient envie de travailler de la maison et d’utiliser la technologie pour remplacer le transport en commun vers le centre-ville? C’est un progrès qui s’est fait parce que l’être humain était sur le devant de la scène. Voilà au moins un effet positif de la COVID », estime le directeur, qui dit avoir participé à pas moins de cinq conférences sur les villes intelligentes en automne dernier. « J’ai été agréablement surpris de constater qu’à ces conférences, il n’était plus question de data dans le numérique, mais bien de la place du citoyen, de comment l’écouter et le respecter, puis cheminer pour relever les défis magistraux qui nous attendent, ne serait-ce qu’en environnement. »

Crédit Image à la Une : Chelsea, Unsplash