À la suite d’une série de négociations soutenues entre Ottawa et Google, les deux parties ont conclu à un accord majeur. En effet, le géant du web (Google) s’engage à verser annuellement la somme de 100 millions de dollars avec indexation aux médias canadiens. Cette entente survient peu de temps avant l’entrée en vigueur de la loi C-18, marquant ainsi une avancée notable dans le cadre réglementaire encadrant les relations entre les géants technologiques et le secteur de l’information.
En novembre dernier, le gouvernement canadien a conclu un accord significatif avec Google, marquant une étape importante pour le secteur médiatique du pays. Cette entente survient dans un contexte particulièrement difficile pour les médias canadiens, qui font face à une série de défis, notamment des fermetures et des réductions d’effectifs. L’accord met en évidence les enjeux économiques auxquels sont confrontés plusieurs médias.
Même s’il s’agit d’une bonne nouvelle, ces derniers dénouements soulèvent plusieurs interrogations, notamment sur la répartition des fonds alloués, l’impact réel sur la crise affectant le secteur médiatique et les répercussions potentielles de cette entente sur Meta, ainsi que sur sa posture.
« Ce qui m’inquiète ici, c’est l’avenir des plus petits médias puisqu’ils ne comptent pas beaucoup d’effectifs et qu’ils peinent actuellement à survivre. Nous verrons les médias régionaux, les médias autochtones et les médias de quartier vivre encore une période d’incertitude. »
– Patrick White, professeur à l’École des médias de l’UQAM
La crise des médias
« Cette entente représente en effet un dénouement positif pour les médias, qui traversent actuellement une période de turbulences. Rappelons-nous qu’aux dernières nouvelles, plusieurs coupures de postes et fermetures ont été annoncées. Pour nommer quelques exemples parmi tant d’autres, il y a notamment, la fermeture du journal Métro, qui représente à lui seul au moins 17 hebdos, et les 800 postes coupés chez Radio-Canada. Bien que cet accord offre un certain soulagement face à la crise, il ne constitue pas une solution complète à l’ensemble des problèmes auxquels le secteur est confronté puisque la baisse des revenus publicitaires et la concurrence féroce des géants du web les affectent durement », explique Patrick White, professeur à l’École des médias de l’UQAM et chroniqueur pour CScience.
La répartition des fonds
« Ces fonds seront versés dans une enveloppe collective, puis redistribués aux différents médias admissibles. La répartition de ces fonds va principalement bénéficier aux plus grands médias, puisque les redevances seront distribuées proportionnellement aux nombre de journalistes employés à temps plein au sein de leurs équipes de presse respectives. Ce qui m’inquiète ici, c’est l’avenir des plus petits médias puisqu’ils ne comptent pas beaucoup d’effectifs et qu’ils peinent actuellement à survivre. Nous verrons les médias régionaux, les médias autochtones et les médias de quartier vivre encore une période d’incertitude », poursuit M. White.
La posture de Meta
Bien que cet accord marque une avancée clé pour les médias canadiens, confrontés à une crise sans précédent, il soulève également plusieurs questionnements sur la répartition équitable des fonds et sur le maintien de la diversité et de la pérennité des médias canadiens.
À la suite de ces nouveaux développements, l’attitude de Meta, qui bloque déjà le partage et la diffusion des sites et liens de nouvelles canadiennes, reste difficile à prévoir. Mais Patrick White entretient une forme d’optimisme quant aux possibles négociations entre le géant du web et les instances gouvernementales.
« Pour l’instant, la posture de Meta demeure la même. L’entreprise est toujours fermée à l’idée de négocier une entente avec Ottawa. Toutefois, il y a possiblement espoir que les négociations avec Google exercent une certaine pression », conclut M. White.
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