Grâce aux données et à l’intelligence artificielle (IA), créer un double virtuel d’une machine ou d’un environnement ouvre la voie à la prédiction de leurs comportements. Ce principe de jumeaux numériques est par exemple déjà bien établi en logistique et fait son chemin dans le domaine de la santé. De tels outils dans le monde médical permettraient aux professionnels de la santé de mieux anticiper les maladies qui pourraient affecter leurs patients et de faciliter la médecine sur mesure.
Une jeune pousse québécoise propose de faire appel aux données basées sur les molécules métaboliques pour créer des outils d’aide à la décision pour les médecins, mais aussi pour les nutritionnistes et les entraîneurs sportifs.
BioTwin veut tirer parti de tests sanguins, de salive et d’urine pour analyser une panoplie de vitamines et de protéines qui sont produites dans notre corps pour évaluer notre état de santé et même prédire comment celui-ci évoluera.
« Il s’agit d’une science qui est très peu avancée comparativement à la génomique, lance Louis-Philippe Noël, directeur général et cofondateur de l’entreprise. Près de 4 % de ces petites molécules métaboliques ont été identifiées à ce jour, ce qui veut dire qu’environ 4 millions d’entre elles demeurent non-identifiées. »
M. Noël souligne cependant que BioTwin n’a pas l’ambition de faire de la recherche sur ces molécules afin découvrir celles qui sont pour l’instant inconnues, mais plutôt de cerner celles qui sont présentes dans certaines circonstances. Par exemple, on pourrait en identifier certaines qui se manifestent lorsqu’un patient présente les premiers signes d’un métastase.
Le cofondateur explique que sa compagnie veut créer un service qui pourrait ainsi être complémentaire aux laboratoires de génomique dans les efforts de médecine prédictive et sur mesure. Avec un inventaire de plusieurs centaines de téraoctets, une IA serait en mesure de calculer le risque de développer certains types de cancer, d’anticiper la propension au diabète ou à l’obésité et même aider à concevoir de la médication parfaitement adaptée au métabolisme d’un individu.
« Par analogie, ce que l’on souhaite c’est de voir la forêt, non pas de regarder chaque arbre. L’approche de BioTwin est large plutôt que d’être profonde » -Louis-Philippe Noël, directeur général et cofondateur, BioTwin
OUTIL D’AIDE AU DIAGNOSTIC
Lors d’une présentation à l’occasion de la Semaine numériQc le 6 avril prochain, M. Noël fera la démonstration de la solution de son entreprise en tant qu’outil d’aide au diagnostic.
Le premier projet pilote de BioTwin, une collaboration avec Dr André Tchernof du Centre de recherche du Québec de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de l’Université Laval et l’Institut de la nutrition et des aliments fonctionnels « se concentre sur l’application de la technologie des jumeaux numériques dans l’optimisation de la nutrition et la gestion saine du poids », peut-on lire sur le site internet de l’entreprise.
À partir de kits de test, BioTwin recueillera des échantillons de sang, de salive et d’urine pour produire des rapport d’analyse de 5 téraoctets par individu, et éventuellement des centaines de téraoctets, anonymisés et sécurisés, pour « favoriser une gestion saine du poids des participants ».
La prochaine visée de M. Noël est de participer à un projet de recherche en oncologie pour identifier des cancers du pancréas, du côlon et des poumons. Ces trois formes de cancer sont visées à cause du taux de survie des patients qui en sont atteints qui est plus bas que la moyenne, entre-autres parce que leur détection est souvent plus tardive.
« Ce que toutes ces informations permettent, c’est que lorsqu’il y a un risque de cancer, ça allume une alarme chez les professionnels de la santé. C’est un outil de plus dans l’équipement des professionnels de la santé » -Louis-Philippe Noël
Un premier projet en ce sens devrait débuter cet été, confie M. Noël.
À noter, Louis-Philippe Noël participera à l’émission C+Clair diffusée ce Mercredi 30 mars et cherchant à répondre à la question “IA appliquée : pourquoi la région de Québec se distingue-t-elle autant en la matière ?” sur la volet IA appliquée en santé.
Crédit photo: Courtoisie BioTwin