CEI MTL : Bâtir l’usine de demain

CEI MTL : Bâtir l’usine de demain

Le Centre d’expertise industrielle de Montréal (CEI MTL) ouvrait ses portes ce 24 mai afin de présenter des solutions technologiques innovantes. Le parcours a mis en lumière une « micro-usine intelligente » qui regroupe plus de 25 technologies interconnectées venant en aide à la réalisation de projets industriels de manufacturiers de différents secteurs d’activités.

Situé dans l’arondissement de Saint-Laurent, le CEI MTL est une initiative du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Le centre accompagne des PME et de grandes entreprises dans leurs projets industriels, leur transformation numérique et leurs besoins de productivité, d’efficacité et de performance. Il existe de tels centres à Longueuil (Digifab), à Drummondville (CNIMI) et à Québec (Québec internationnal).

« Entre autres, nous offrons du soutien et du service-conseil qui suivent le besoin et l’enjeu d’une entreprise », explique le commissaire à l’innovation Franck Boulbes, lors de la visite. Le CEIT MTL peut aider quant à la mise en place d’un « alignement stratégique, d’un plan numérique, d’un accompagnement spécialisé, d’un plan de financement ou de support au déploiement ». Il propose aussi des formations et ateliers.

« Pour l’usine de demain »

Cette vitrine technologique n’a pas pour but de « proposer une usine du futur, mais plutôt une usine de demain », déclare M. Boulbes. Les produits mis en lumière se veulent être des outils concrets et accessibles qui répondent à différents besoins des entreprises manufacturières.

Les technologies et solutions innovantes présentes contribuent à la création d’un produit, de sa première étape de prototypage jusqu’à son emballage final. La robotisation et ces innovations industrielles peuvent être une grande aide pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, qui touche près de 50 % des entreprises du secteur de la construction et 47 % du secteur de la fabrication.

Connectivité et productivité

À l’une des premières stations de l’usine, Franck Boulbes note l’importance pour les manufacturiers de connaître le taux d’utilisation et de productivité de leur équipement. Cette connaissance est parfois difficile à détenir lorsqu’une entreprise ne possède que de vieilles machines sans connectivité et qui ne produisent que très peu ou pas de données.

Station Prototypage de la vitrine technologique. Photo : Roxanne Lachapelle

En guise de solution, il suggère l’utilisation d’un boitier de la compagnie québécoise Intelligence Industrielle qui permet, par exemple, de mesurer les signaux du ventilateur d’une machine donnée ou ses temps d’arrêt, afin de calculer le nombre de pièces produites, de rejets et les raisons d’arrêt de la machine. « Même si vous avez un vieil équipement, cela permet de rendre les (rétroactions) possibles pour donner le niveau d’intelligence qui est très actuel grâce à la connectivité et l’Internet des objets (IoT) », ajoute-t-il.

Pour améliorer davantage la maintenance de machines, des technologies québécoises comme celles de Soralink mesurent l’empreinte sonore des équipements. « Grâce à des sensors, on peut entrainer une IA au pattern de son que produit une imprimante lorsqu’elle crée des rejets, pour pouvoir l’arrêter tout de suite et éviter de gaspiller des ressources », lance M. Boulbes. L’utilisation d’une solution Soralink réduirait jusqu’à 30 % des coûts en maintenance pour une entreprise.

Robotique et IA

Le contrôle qualité s’accompagne de tâches répétitives, exigeantes et fastidieuses qui entrainent souvent un important roulement et réentrainement des employés. Cet enjeu peut être atténué par l’automatisation de ces tâches, entre autres grâce à des robots comme ceux de Kinova, accompagnés de programmes d’IA de Vooban et d’outils de mesures Renishaw.

Ceux-ci peuvent en quelques minutes faire une vérification visuelle et dimensionnelle complète d’un produit à relativement bas coût, en plus de produire des données et des informations numériques précises.

« Les étapes de qualité entrainent des dépenses supplémentaires de ressources humaines parce que les manufacturiers tiennent à leur bonne qualité, mais est-ce que le client est prêt à payer ce coût-là ? Faire de l’IA sur la qualité du produit est quelque chose que je considère comme plus accessible pour les manufacturiers », résume Franck Boulbes.

Lunettes en main libre, station-Usine/Formation à distance de la vitrine technologique. Photo : Roxanne Lachapelle

L’usage de jumeau numérique ou d’ajout d’informations numériques à la réalité peut également pallier à la difficulté de trouver des experts capables de manier des machines qui requièrent des opérations précises. Ainsi, des téléconférences via des lunettes en main libre, comme Ama XpertEye ou DeepSight, permettent à un expert à distance de pointer les opérations, boutons ou outils à changer. « Avec les wearables (ou technologies portables), on est capable aujourd’hui de faire une communication mains libres. Cela rend l’expertise mobile (…) Il n’y a pas de courbe d’apprentissage avec ces technologies », poursuit-il.

Des technologies d’instructions numériques, comme celles de VKS, offrent un visuel précis quant aux étapes et manipulations physiques de l’assemblage d’un produit. Il devient plus facile de surveiller la performance d’assemblage, de réduire le besoin de main-d’œuvre qualifiée et d’accélérer la formation du personnel. Enfin, l’automatisation peut faire des emballages moins coûteux et qui varient selon la taille des composantes des produits.

Vers une meilleure traçabilité

L’usage de ces différentes technologies aide également les manufacturiers à s’adapter aux futures normes du passeport numérique des produits (DPP), qui vise une production plus durable, transparente et circulaire.

Station d’emballage de la vitrine technologique. Photo : Roxanne Lachapelle

« Les manufacturiers ont l’impression aujourd’hui que leur responsabilité s’arrête au document de livraison ou à l’installation du produit chez le client. Je pense que de plus en plus, ils devront être assujettis à la réparation et à comment se débarrasser de manière responsable du produit, en plus de donner davantage de traçabilité sur l’empreinte carbone de celui-ci », estime M. Boulbes.

Crédit Image à la Une : Unsplash