Démystifier l’intelligence artificielle dans l’éducation de demain

Démystifier l’intelligence artificielle dans l’éducation de demain

Les métiers de l’éducation sont profondément humains. Par essence, ils reposent fondamentalement sur l’Humain.

L’Humain qui transmet son expertise, qui anime les énergies de la dynamique de groupe, qui inspire et suscite des passions et des vocations individuelles, qui parfois réussit à élever plus haut, qui tente de former, tout en conservant la singularité et les talents de chacun.

Mais aussi, l’Humain qui, « de l’autre côté », découvre le monde et se découvre lui-même, se développe, grandit, apprend, contredit, comprend et évolue toujours.

C’est dans cet univers, rempli d’émotions et d’interactions humaines, que l’intelligence artificielle (IA) pénètre actuellement, comme elle le fait d’ailleurs dans tous les secteurs de l’économie, puisque cette technologie est devenue, en quelques années, un pilier de l’économie mondiale.

« Un très grand nombre de craintes liées à cette technologie viennent du fait qu’elle reste incomprise et que ses origines sont liées dans l’inconscient collectif à des récits de fiction. »

Avant le concret, la fiction…

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Figurine de R2D2 dans Star Wars. (Crédit photo : Alexandr Popadin, Unsplash)

Si certains restent encore dubitatifs, réticents voire craintifs à l’égard de l’arrivée de l’IA dans l’éducation, cette chronique est pour eux. Je souhaiterais commencer par y démystifier ce qu’est l’intelligence artificielle. Un très grand nombre de craintes liées à cette technologie viennent du fait qu’elle reste incomprise et que ses origines sont liées dans l’inconscient collectif à des récits de fiction.

Pour la grande majorité des individus, l’IA est entrée dans nos vies par la fenêtre de la fiction. Tout d’abord, par le roman de la jeune Mary Shelley, intitulé « Frankenstein ou le Prométhée moderne », publié en 1821. Nous y découvrions cette créature construite de toutes pièces par le docteur Frankenstein, et dotée d’une forme d’intelligence primaire.

Puis, naturellement, l’intelligence artificielle est sortie des romans et de la littérature pour faire son entrée au cinéma. Nous l’avons alors retrouvée dans la célèbre saga Star Wars avec les fameux « droïdes » R2D2 et C3PO, puis à travers ce touchant petit garçon humanoïde dans A.I., jusqu’à l’effrayante IA réincarnée, jouée par l’acteur Johnny Depp dans Transcendance.

La liste est longue des oeuvres romanesques ou cinématographiques où l’IA occupe une place centrale dans la narration. Pas étonnant, alors, que nombre d’entre nous restent inquiets lorsque l’on évoque l’utilisation grandissante de l’IA, tous secteurs confondus en ce début de 21ème siècle.

Des algorithmes inspirés des processus cognitifs humains

Pourtant, l’IA n’est ni plus ni moins qu’une technologie. Et il paraît fondamental de le rappeler et de rappeler en quoi cela consiste. Revenons à la définition de l’un des inventeurs de l’IA, Marvin Lee Minsky, qui présente l’IA comme « un ensemble de programmes informatiques qui ont pour but d’accomplir des tâches qui étaient jusqu’à présent accomplies par des humains ».

Cette définition me parait importante car elle pose de manière non équivoque deux grandes caractéristiques inhérentes à l’intelligence artificielle. Tout d’abord, elle souligne le fait que l’IA est avant tout un ensemble de programmes informatiques. Ces programmes qui sont appelés des algorithmes, sont codés par des informaticiens. Il n’y a donc aucune « magie » ou « étincelle de vie » dans une IA.

Il y a tout d’abord une situation ou une action humaine, qui est très souvent le reflet d’un processus, que l’on va décomposer en étapes successives, influencées par différentes variables. Ce processus est modélisé par un expert en modélisation mathématique. Puis, c’est sur la base de plusieurs modèles testés puis affinés que les algorithmes sont rédigés. À ce stade, la démarche est assez semblable à celle qui est déployée depuis plusieurs années à présent par les développeurs de solutions informatiques.

Pour exécuter des tâches chronophages

La différence réside dans la deuxième partie de la définition, puisque l’objectif des algorithmes d’IA est d’accomplir des tâches qui étaient jusqu’à présent accomplies par les humains. Mais les tâches dont il est question sont des tâches répétitives, qui concernent des opérations administratives, chronophages pour les êtres humains qui les opèrent et très souvent sans aucune valeur ajoutée au regard de leur expertise.

« (…) les enseignants passent en moyenne 30% de leur temps de travail annuel sur des tâches à très faible valeur ajoutée, en dehors de leur temps d’enseignement. »

Pour replacer l’enseignant au coeur de son expertise pédagogique

person writing on brown wooden table near white ceramic mugRevenons à présent au secteur de l’éducation. Nous savons que les enseignants passent en moyenne 30% de leur temps de travail annuel sur des tâches à très faible valeur ajoutée, en dehors de leur temps d’enseignement. Répondre à des emails d’étudiants sur des questions administratives, ou sur des questions récurrentes d’une année sur l’autre en lien avec le cours, corriger des quizz, déposer les supports d’enseignement sur la plateforme numérique, rédiger les notes des élèves dans les tableaux de notes, etc.

La liste est longue de toutes ces tâches qui finissent par représenter un tiers du temps du travail annuel d’un enseignant. Pour avoir enseigné pendant plus de 15 ans, je sais à quel point chacune de ces tâches supplémentaires est couteuse en temps pour un enseignant. Certains s’en acquittent d’ailleurs consciencieusement tandis que d’autres les négligent et génèrent ainsi de l’insatisfaction auprès de leurs étudiants.

Or, c’est justement ici et sur ce type de tâches que l’IA est utilisée en éducation, pour prendre le relais, voire se substituer à l’enseignant, sur l’ensemble de ces tâches administratives, qui sont sans profonde valeur ajoutée pour le pédagogue et l’expert.
Citons quelques applications que nous décrirons dans nos prochaines chroniques, telles que les assistants virtuels intelligents, la technologie du Speech to Text de reconnaissance vocale, le Natural Langage Processing, l’Hyper-personnalisation. Chacune de ces applications d’intelligence artificielle est déjà utilisée par de nombreux enseignants et leur permet d’épargner un temps précieux, qu’ils peuvent alors ré-allouer à l’essence même de leur profession pour des formats d’interactions plus créatifs, des échanges d’idées plus en profondeur et du mentorat plus personnalisé.

Finalement, cette intelligence artificielle tant redoutée dans le secteur de l’éducation, sera peut-être l’outil phare, qui permettra peut-être aux enseignants de se concentrer de nouveau, enfin, sur la dimension humaine de leur métier.

Crédit Image à la Une : Taylor Flowe, Unsplash