Les grands défis de santé tels que le développement global de l’enfant, l’adoption de saines habitudes de vie, le fardeau des maladies chroniques ou infectieuses, le vieillissement de la population ainsi que les problèmes de santé mentale, sont complexes et multifactoriels. De plus, la pandémie a clairement démontré que la santé humaine est étroitement liée à celle de l’environnement. Par conséquent, des facteurs tels que la démographie de la population, les migrations et les événements environnementaux majeurs influencent la fréquence et la gravité des maladies transmissibles et non transmissibles de manière différente, partout dans le monde. Face à cette situation, il est de plus en plus évident qu’une transition collective d’un modèle curatif vers une approche prédictive, préventive, personnalisée et participative est souhaitable.
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Le portrait actuel
Le numérique est devenu un incontournable dans de nombreux domaines, et son utilisation à des fins de soutien à la santé n’y fait pas exception. À cet égard, l’Observatoire Vieillissement et Société indique que 78 % des aînées et aînés utilisent Internet quotidiennement pour un meilleur accès aux soins de santé. Pour 86 % des personnes consultées, le numérique contribue à accroître leur qualité de vie et leur confort à domicile, permettant des interactions sociales ainsi qu’un meilleur accès aux services de santé, sociaux ou gouvernementaux.
78 % des aînées et aînés utilisent Internet quotidiennement pour un meilleur accès aux soins de santé.
En ce moment, l’environnement numérique foisonne d’initiatives pour contribuer à la santé et au bien-être des personnes, et il n’est pas exagéré de décrire ce phénomène comme une transformation quant à l’offre de service en santé au Canada. Ainsi, grâce à Internet, il est possibilité d’avoir accès à des services de santé tels que des analyses prédictives, des sources d’informations vulgarisées ainsi que certains soins virtuels, comme les consultations en ligne.
Les inquiétudes
De ces utilisations émergent rapidement de nombreuses préoccupations… Par exemple, comment assurer l’accès équitable, pour les individus, à une littératie en santé (la capacité de trouver, comprendre et utiliser l’information pertinente en santé), le développement d’une compétence numérique (la capacité de repérer l’information, l’organiser, la comprendre, reconnaitre sa pertinence et l’utiliser), ou encore, une confidentialité des données personnelles ou dites sensibles?
L’Enquête canadienne sur l’utilisation d’Internet de 2022 a permis de mettre en lumière certains effets néfastes sur la santé. Ceux-ci incluent le fait de se sentir anxieux, déprimés ou envieux de la vie des autres, ou encore, une interférence avec le sommeil, la pratique d’activités physiques ou les activités scolaires ou professionnelles. Des initiatives de recherche collectives sont en cours et des recommandations sont proposées afin de guider les pratiques. À titre d’exemple, l’Institut national de santé publique a déposé en 2021 un mémoire au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec portant sur « L’utilisation des écrans en contexte scolaire et la santé des jeunes de moins de 25 ans : effet sur la cognition », qui a guidé l’élaboration de la Stratégie québécoise sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes.
Le virage numérique entamé
Le virage numérique du secteur de la santé est bien amorcé. Il se déploie tous azimuts et ambitionne de contribuer de manière significative à améliorer l’état de santé des individus par un engagement dans le développement, l’implantation et l’évaluation de modèles de soins « connectés ». Les outils numériques et d’autosoins en santé mentale présentés par le gouvernement du Québec en sont un exemple. De nombreuses unités de recherches, incluant des chaires de recherche au Canada et au Québec, le Réseau de santé numérique ainsi que des observatoires, sont déployées avec des programmations qui abordent les différents aspects de l’utilisation du numérique pour améliorer la santé. L’approche favorisée dans ce secteur de recherche implique des personnes chercheuses d’expertises variées, cliniciennes, professionnelles de la santé et citoyennes pour répondre aux besoins, bonifier les pratiques professionnelles et accroître l’efficacité de mobilisation et le transfert des nouveaux savoirs. Ainsi, plusieurs projets de recherche sur l’utilisation du numérique en santé convergent vers la diminution de l’isolement des personnes, un soutien dans des situations de vulnérabilité (par exemple l’accompagnement en situation de deuil) ou encore le partage des données récentes en langage courant lorsque celles-ci peuvent aider l’individu à mieux gérer sa condition pour améliorer sa qualité de vie.
Des efforts sont enfin déployés, actuellement, afin de développer des outils améliorant la gestion et l’utilisation des données de santé. Des outils numériques comme Clinia permettent d’uniformiser et regrouper les données cliniques provenant de différentes organisations de santé, permettant de les rendre accessibles au grand public ou aux membres du réseau de la santé. D’autres outils, tels que DESIIR, cherchent à promouvoir le développement de nouveaux projets de recherche intégrant les différentes facettes de la santé durable, par l’analyse des données environnementales et de santé physique et psychologique. Les possibilités qu’offrent le numérique pour contribuer à la santé sont vastes et s’inscrivent dans une perspective intersectorielle. Il faudra se doter de moyens collectifs pour assurer son utilisation de façon optimale.
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Image générée à partir d’un prompt avec l’IA d’AdobeCrédit Image à la Une :
