Depuis 8 semaines, nous n’avons pas d’autre alternative pour nous évader, pour ceux qui n’ont pas la chance d’être dans le bois, que de nous nourrir de contenus en ligne à la maison.
Depuis le début de l’onde de choc, le rideau s’est baissé sur toutes les activités culturelles : musées fermés, festivals, concerts, événements sportifs, reportés ou annulés. Du coup, privée de planches et de projecteurs, la culture pénètre dans nos foyers confinés via nos écrans parfois minuscules et toujours à distance : smartphone, ordinateur, télévision.
Il y a encore et heureusement les livres physiques, mais la crise a accéléré la consommation de la culture dématérialisée. Séries, jeux vidéo, films, balados, concerts, ouvrages numériques… Le confinement a fait de nous des accrocs à Netflix, et des spectateurs soumis à ses algorithmes de recommandation, laissant au passage, au géant du net, le soin de bien analyser et exploiter nos data. Selon une étude de We are social, en avril 2020, 4,57 milliards de personnes étaient connectées à Internet, soit près de 60 % de l’humanité.
De plus en plus d’artistes se produisent en ligne. Après le show planétaire piloté par Lady Gaga “One World : Together At Home”, ce dimanche 10 mai ce sera au tour du concert québécois “Une chance qu’on s’a”, de faire briller les talents d’icitte sur TVA et Télé-Québec.
De plus en plus d’artistes innovent, revoient leur façon de faire pour s’en sortir. Le 52ème Festival international de la chanson de Granby aura lieu gratuitement sur le web du 18 au 21 août. Des concerts virtuels payants commencent même à se commercialiser sur lepointdevente.com. Mais l’option digitale n’est pas envisageable pour tout le monde et s’avère aussi bien moins rémunératrice.
« Si le confinement perdure, nous pouvons nous attendre à ce que l’industrie créative du Canada subisse des pressions financières croissantes et très importantes. Sur un mois, les pertes sont estimées à 4,4 milliards de dollars et environ 26 000 emplois. Sur 3 mois, elles sont estimées à 13,2 milliards de dollars et environ 81 000 emplois. C’est très préoccupant. La crise est majeure. » a déclaré l’honorable Steven Guilbeault, Ministre du Patrimoine Canadien lors d’une causerie virtuelle organisée par la CCMM en début de semaine. « Ce secteur se nourrit du contact avec le public. Sans ce contact, il est privé de l’oxygène vital dont il a besoin pour continuer à se développer » a-t-il rajouté.
Un peu partout dans le monde, la perte va être considérable pour le milieu artistique et les États planchent sur de vastes solutions de soutien financier. Steven Guilbeault devrait préciser d’ici quelques jours les détails de son plan de 500 millions $ d’aide à la culture mais il a d’ores et déjà souligné qu’il pensait que le numérique pouvait représenter une planche de salut pour plusieurs milieux tout en nuançant: « quand on parle des arts de la scène, oui on peut faire du télé-théâtre mais c’est un système qui a ses limites » a-t-il rajouté.
Extrêmement utiles pendant ces longues semaines de confinement, les outils numériques ont en effet leur limite. Difficile dans l’expérience scénique en ligne, de capter la spontanéité, les odeurs, la sensation de faire partie d’une même célébration, ou encore de faire ressentir les vibrations corporelles que procure la relation directe avec une œuvre ou un spectacle vivant. Il y a aussi ce sentiment de communion qui nous traverse lorsqu’on se regroupe dans une salle de concert entre humains en chair et en os qui ont le même centre d’intérêt, sentiment qu’il va être difficile de retrouver derrière l’écran. À moins que dans le futur, les expériences scéniques de réalité virtuelle arrivent à nous faire vivre l’évènement comme dans le monde réel. L’avenir nous le dira.
La patience va être de mise car « il ne devrait pas y avoir de retour à la normale des activités culturelles avant 2021 », a souligné le ministre du Patrimoine Canadien. Alors il va falloir s’habituer à cette culture d’intérieur, ce souffle artistique qui tente de se réinventer via nos écrans et qu’il faut plus que jamais soutenir car il réussit en ces temps difficile à nous redonner du baume au cœur.
En attendant prenez soin de vous !