SCALE AI a annoncé ce mercredi des investissements supplémentaires de 24 millions $ en soutien à cinq projets en IA. Depuis l’an dernier, ce sont près de 130 M$ d’investissements qui ont été annoncés par la supergrappe canadienne spécialisée en intelligence artificielle et basée à Montréal.
Alors que les responsables de SCALE AI s’occupent avec leurs partenaires de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain et de Forum IA Québec d’apporter les derniers préparatifs aux Rencontres IA qui se tiennent demain vendredi à Montréal, voilà une annonce qui sonne pour certains observateurs comme une preuve supplémentaire de la vitalité de l’IA appliquée dans notre province.
De quoi tenter de remobiliser l’écosystème de l’IA quelques semaines après que celui-ci ait été mis en cause dans la presse. Certaines voix se sont en effet exprimées pour dénoncer le fait qu’à part quelques vedettes locales telles Lightspeed ou Coveo, il est difficile de démontrer des résultats tangibles en termes de retombées dans l’économie québécoise au regard des dépenses gouvernementales d’ampleur apportées au secteur depuis plusieurs années.
La grand-messe de vendredi devrait être là pour sonner le rassemblement des troupes montréalaises derrière un seul et même mot-d’ordre : “non, tout cet argent-là ne sert pas à rien“.
DES INVESTISSEMENTS POUR OPTIMISER LES CHAÎNES D’APPROVISIONNEMENT
Les responsables de la suppergrappe justifient ce nouvel investissement pour accélérer et faciliter l’utilisation des technologies de l’IA dans les activités des chaînes d’approvisionnement, tant au niveau de l’augmentation de la productivité que de la compétitivité des entreprises canadiennes visées, et ce, quel que soit le secteur d’activité.
Il faut dire que la pandémie a mis à mal les chaînes d’approvisionnement mondiales, conduisant à une hausse des prix de certains biens et provoquant du même souffle une inflation qui risque d’impacter sérieusement nos économies dans les prochains mois, selon plusieurs experts. Il y a donc urgemment besoin de solutions concrètes pour aider certaines industries aux prises avec cette crise logistique inédite.
Selon le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, l’honorable François-Philippe Champagne, “les projets annoncés [par SCALE AI] montrent comment les solutions d’IA de pointe peuvent renforcer les chaînes d’approvisionnement des entreprises dans l’ensemble de notre économie”.
Un sentiment partagé par le ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, selon qui ce nouveau financement “va permettre d’augmenter la productivité dans plusieurs secteurs de notre économie”.
DES PROJETS DANS DIFFÉRENTS SECTEURS INDUSTRIELS
Les cinq projets qui bénéficieront de ce financement concernent aussi bien les secteurs de l’agriculture, des véhicules récréatifs, de la santé, de la logistique industrielle ou bien encore de l’environnement.
« Les projets annoncés [par SCALE AI] montrent comment les solutions d’IA de pointe peuvent renforcer les chaînes d’approvisionnement des entreprises dans l’ensemble de notre économie. » – François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie
On ne peut que saluer le choix des projets et des entreprises sélectionnés. Qu’il s’agisse de la plateforme intelligente d’optimisation du rendement agricole de la firme Adastra, de l’outil de prévision de la demande de vente au détail de BRP, de la plateforme de modélisation prédictive des soins à domicile d’AlyaCare, ou bien encore du modèle de chaîne d’approvisionnement en IA de l’entreprise London Drugs, toutes ont la vertu première d’être des propositions pratiques, utiles et pertinentes dans des secteurs en souffrance.
RASSURER L’ÉCOSYSTÈME
Mais ces nombreuses annonces d’investissements produisent malheureusement dans l’opinion publique un effet souvent contraire à celui qu’elles prétendent viser.
Ainsi, plutôt que de souligner l’appui à une quarantaine de projets industriels canadiens, comme s’est plu à le rappeler Julien Billot, PDG de SCALE AI, en parlant des investissements de sa supergrappe depuis ses débuts en 2019, les centaines de millions de dollars d’argent public (car l’argent investi par la supergrappe reste de l’argent public) investis dans l’IA peuvent donner l’impression d’un puits sans fonds pour l’argent des contribuables sans qu’il soit forcément possible d’en mesurer les effets réels sur l’économie.
Ce constat est sans doute injuste mais la perception négative est bien là. Et elle pourrait s’ancrer profondément dans l’inconscient collectif pour de nombreuses années encore au Québec si les exemples de réussites ne sont pas communiqués d’une manière différente.
Autrement dit, moins d’emphase sur les financements et beaucoup plus sur les retombées concrètes. Gageons que ce sera le mot d’ordre des Rencontres IA de ce 8 avril. Du moins, c’est ce qu’il faut souhaiter à ce rendez-vous important.
Philippe Régnoux
Directeur de publication, CScience IA
p.regnoux@galamedia.ca
En image de Une : Julien Billot, PDG de SCALE AI / Crédit photo : SCALE AI / Twitter