[Émission C+Clair] Quelle IA de confiance pour les entreprises du Québec ?

[Émission C+Clair] Quelle IA de confiance pour les entreprises du Québec ?

Ce 28 septembre au Palais des congrès de Montréal, à l’occasion de l’événement ALL IN dédié à l’intelligence artificielle, se tenait le tournage d’une émission C+Clair sur l’IA de confiance pour les entreprises du Québec.

L’émission s’est déroulée en compagnie des animateurs Déborah Cherenfant et Stéphane Ricoul, ainsi que de la rédactrice en chef de l’émission et du magazine CScience, Chloé-Anne Touma, de l’Innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, et du Président directeur-général du Centre de Recherche Informatique de Montréal (CRIM), Françoys Labonté.

 

3 enjeux et axes de discussion

Pendant une heure répartie en trois blocs de 20 minutes, les invités se sont relayés aux micros pour aborder les défis liés au développement et à l’adoption de l’IA de confiance en entreprise.

1. Les freins de l’intégration de l’IA

Dans le premier segment de l’émission, notre rédactrice en chef a cité un rapport d’IBM de 2020, soulignant que « le quart des professionnels dans le monde qui intègrent l’IA disent rencontrer des défis en matière de confiance et d’explicabilité lorsqu’ils tentent d’appliquer les modèles d’IA à la vie réelle ». Dans 47 % des cas, les barrières majeures rencontrées sont le fait que les outils de gouvernance et de gestion de l’IA ne soient pas compatibles avec tous les environnements de données.

« Il y a vraiment un défi à passer de la preuve de concept à une solution industrielle pour faire face à la complexité du monde réelle. »

– Sylvain Nadeau, ingénieur et directeur de l’innovation stratégique & du centre d’excellence en 5G d’EXFO

Marie-Pierre Habas-Gerard, directrice du consortium Confiance IA soutenu par le CRIM, et Sylvain Nadeau, ingénieur et directeur de l’innovation stratégique & du centre d’excellence en 5G d’EXFO, ont abordé les motifs et freins qui retardent l’adoption de l’IA. Rappelons qu’au Québec, 5 % d’entreprises ont intégré des solutions d’intelligence artificielle, selon une étude de l’Université métropolitaine de Toronto, retransmises par le Conseil de l’Innovation. « Déjà, 5 %, c’est extraordinaire, parce qu’au Québec, nos entreprises tardent à être numérisées, à intégrer les outils logiciels et à collecter des données », a amené Luc Sirois.

« Il y a vraiment un défi à passer de la preuve de concept à une solution industrielle pour faire face à la complexité du monde réelle », a pointé M. Nadeau.

« Il y a aussi les processus d’affaires, l’acceptation des gens qui vont utiliser cette solution de l’IA, qui doivent être impliqués dès le début. Alors effectivement, le sujet majeur, c’est d’arriver dans la vraie vie, et quand on parle d’IA, c’est souvent cette partie qui est compliquée », d’amener Mme Habas-Gerard, qui estime qu’il est impératif que les utilisateurs de la solution finale soient au cœur de la réflexion du cas d’usage, dès ses débuts.

2. L’humain au cœur des systèmes d’IA

44 % de la population canadienne fait confiance à I’IA, et 20 % du milieu entrepreneurial se dit peu équipé sinon pas du tout équipé pour comprendre comment intégrer l’IA dans son modèle d’affaires, en raison du manque de temps et de connaissances. Ont réagi à ces chiffres la scientifique en chef de l’IA chez Thales Solutions Numériques, Ola Ahmad, et le Président et directeur général de Beslogic, Yannick Bessette, discutant des exigences en matière d’IA de confiance propres aux industries déjà réglementées.

« On parle beaucoup des systèmes d’IA qui apprennent à partir des données. Mais de façon plus large, l’IA qui fait de la prise de décision, il y en a partout, incluant dans votre lave-vaisselle! »

– Françoys Labonté, PDG du Centre de Recherche Informatique de Montréal (CRIM)

« Il faut savoir de quelle intelligence artificielle on parle, a entamé Françoys Labonté. On parle beaucoup des systèmes d’IA qui apprennent à partir des données. Mais de façon plus large, l’IA qui fait de la prise de décision, il y en a partout, incluant dans votre lave-vaisselle! Et quand ça fonctionne bien, on l’oublie », a suggéré l’invité observateur, évoquant le manque de confiance que peuvent inspirer les outils de grands modèles de langue (« Large Language Model » ou LLM), soit d’IA générative de texte comme GPT, lorsqu’ils « inventent des citations de références fictives ».

3. L’approche multidisciplinaire pour une IA de confiance

Selon un rapport de cette année de la société de services infonuagiques Rackspace Technology, en deux ans, l’intérêt pour l’intégration de l’IA en entreprises a bondi de 15 % à l’échelle de la planète, passant de 54 à 69 % d’entreprises pour lesquelles l’adoption de technologies d’IA est maintenant prioritaire. Ce sont donc 69 % des entreprises dans le monde qui font de l’adoption d’outils d’IA une priorité.

« La question relative à l’entrepreneuriat et au fait d’aider nos start-up à développer des produits de confiance, d’avoir aussi l’infrastructure autour pour les amener à développer vraiment des plateformes qui sont robustes et explicables lorsque c’est possible, et qui protègent bien, dans des environnements sécurisés, les renseignements personnels des clients, c’est la clé! »

– Sarah Gagnon-Turcotte, directrice de l’Adoption de l’innovation de l’intelligence artificielle au Conseil de l’innovation du Québec

Véronique Tremblay, scientifique de données experte en IA responsable, analytique avancée et intelligence artificielle chez Beneva, et Sarah Gagnon-Turcotte, directrice de l’Adoption de l’innovation de l’intelligence artificielle au Conseil de l’innovation du Québec, ont abordé l’importance de privilégier une approche multidisciplinaire, au bénéfice du développement de l’IA de confiance.

« La question relative à l’entrepreneuriat et au fait d’aider nos start-up à développer des produits de confiance, d’avoir aussi l’infrastructure autour pour les amener à développer vraiment des plateformes qui sont robustes et explicables lorsque c’est possible, et qui protègent bien, dans des environnements sécurisés, les renseignements personnels des clients, c’est la clé! Il faut encourager l’offre autant que la demande, pour que les gens aient autant confiance en une plateforme d’IA qu’en leur lave-vaisselle! », a lancé Mme Gagnon-Turcotte.

Pour consulter la fiche complète de l’émission, ou pour voir d’autres épisodes de C+Clair : https://www.cscience.ca/cclair/

À lire également :

https://www.cscience.ca/2023/10/02/6-principes-fondamentaux-pour-encadrer-lia-le-canada-fait-un-premier-pas/

 

Crédit photos : CScience Média