Cette semaine, en marge de la COP15, c’est un autre événement qui a suscité beaucoup d’attention : des chercheurs américains viennent en effet de réussir à produire de l’énergie par fusion nucléaire dans un laboratoire californien, une percée historique sur laquelle le monde entier fonde ses espoirs quant à un avenir qui reposera sur l’énergie zéro carbone. Mais est-ce vraiment pour bientôt ? Ou est-ce de la poudre aux yeux ?
La fusion nucléaire, qui combine deux particules en une seule, permet de reproduire les mécanismes chimiques et physiques qui sont au cœur des étoiles, et vise à produire une énergie propre. Pour ce faire, les réacteurs doivent produire davantage d’énergie qu’ils n’en consomment, franchissant ce qu’on appelle le « seuil d’ignition ».
« C’est l’accomplissement scientifique le plus impressionnant du 21ème siècle. »
– Jennifer Granholm, Secrétaire à l’Énergie des États-Unis
« La semaine dernière, au Lawrence Livermore National Laboratory, en Californie, le travail des scientifiques du National Ignition Facility (NIF) a permis de franchir le seuil d’ignition dans un réacteur à fusion nucléaire pour la première fois, a entamé la Secrétaire à l’Énergie des États-Unis, Jennifer Granholm, en conférence de presse. La réaction de la fusion génère plus d’énergie que ce qu’elle a requis pour être elle-même générée. Cela n’a jamais été fait ailleurs dans le monde. »
C’est le 5 décembre qu’a été menée l’expérience. 192 rayons laser ont émis une énergie de 2 mégajoules vers leur cible, ce qui a généré une énergie de 3,15 mégajoules, dépassant le « seuil de rentabilité » énergétique, pour une rentabilité de 150 %, et une chaleur de 3 millions de degrés Celsius.
« C’est l’accomplissement scientifique le plus impressionnant du 21ème siècle, a poursuivi Mme Granholm. D’abord, ça renforce notre sécurité nationale, parce que ça ouvre un champs de possibilités quant à nos moyens de dissuasion nucléaire, à défaut de pouvoir faire des essais nucléaires librement. Ensuite, l’ignition permet de recréer certaines conditions qu’on ne retrouve normalement que dans les étoiles et le soleil. Enfin, cette avancée nous rapproche de l’objectif d’alimenter nos sociétés grâce à de l’énergie zéro carbone abondante. » Mais ce ne serait pas pour demain…
Les limites
Bien que cette avancée marque un tournant dans l’histoire, à cette étape du procédé, on ne peut encore rien en tirer de concret. « C’est la preuve que cela fonctionne et qu’on peut obtenir de l’énergie par ce biais. Mais on est loin d’une application industrielle pour produire de l’énergie », a commenté le Commissariat français à l’Énergie Atomique (CEA), par voie de communiqué.
C’est que le seuil d’ignition est atteint, non pas à l’échelle de toute l’installation, mais au niveau de la pastille d’hydrogène, qui est visée par les lasers. On parle d’un rendement total qui ne s’y situe qu’à 1%, ce qui signifie que pour produire 2,05 mégajoules en rayons UV, il faut 100 fois plus d’énergie, ce qui représente un investissement d’ingénierie énorme, malgré le gain scientifique net.
Il faudra probablement attendre des décennies avant de voir ce procédé révolutionner notre production d’énergie, surtout quand on sait que d’autres projets sont en cours, tels que celui issu de la collaboration internationale ITER, ayant mené à un accord avec le Canada, proposant un autre type de technologie de fusion nucléaire qui pourrait aussi, un jour, résulter en une énergie zéro carbone.
Crédit Image à la Une : Washington