[Humanitek] Des solutions innovantes au secours des villes

[Humanitek] Des solutions innovantes au secours des villes

Jeudi dernier a eu lieu la troisième édition de l’événement Humanitek, organisé par Numana, catalyseur d’écosystèmes technologiques. Alors que les grandes villes sont souvent surpeuplées, polluantes et congestionnées, comment l’intelligence artificielle (IA) et les solutions innovantes peuvent-elles réduire ces problèmes? Comment s’assurer que les changements technologiques soient faits de façon humaine?

« Les villes couvrent seulement 2% de la surface de la Terre, mais regroupent 55% de la population mondiale totale, requièrent 75% de l’énergie consommée et produisent 85% d’émission de CO2. Alors si on peut trouver des manières de rendre nos villes un peu plus durables, ça peut être une grosse affaire », rapporte M. Ratti.

Lors de la conférence Les humains et la technologie dans les villes du futur, Carlo Ratti du MIT Senseable Lab a présenté différentes solutions technologiques et innovantes qui peuvent venir en aide aux villes sous 4 différents axes.

Le flux, l’autonomie, l’énergie et l’espace de travail

Observer les données des villes, dont la collecte est rendue possible grâce aux avancées technologiques, a permis aux chercheurs du MIT de constater que la moitié des taxis de New York City pourrait être retirée si les courses étaient distribuées par un processus d’IA et si les voitures étaient autonomes. Une solution réduisant la congestion routière et l’émission de gaz à effet de serre.

Mais au-delà des voitures, autonomiser les villes de différentes manières a ses avantages. L’initiative Roboat permettrait d’utiliser les canaux des villes afin d’ajouter une alternative automatisée au transport en commun et de la gestion des déchets. En plus d’offrir un service en continu, Roboat est un « bateau zéro émission qui transpose le trafic routier ».

De nouvelles options de stockage thermal contrôlé par l’IA, comme Hot Heart, réduisent les dépenses des villes, utilise des énergies renouvelables, diminue les prix des consommateurs pour leur accès au chauffage et n’émettent aucune production de carbone. L’idée est de « voir comment il est possible de repenser nos villes dans un contexte où de nouvelles technologies émergent à tout instant », explique Carlo Ratti.

Malgré la fin des mesures pandémiques depuis près d’un an, d’innombrables espaces de travail demeurent vides. À New York City, la surface de bureaux vides correspond à celle de 26 tours Empire State. M. Ratti y voit une opportunité de repenser les quartiers afin de les rendre plus vivants, incitant ainsi les gens à quitter leur domicile.

[ANALYSE] Face aux changements, les villes du Québec se cherchent un modèle

L’humain face à l’évolution technologique

Le panel Les prochaines générations de réseaux de télécommunication: technologies, impacts et opportunités d’Humanitek a amené à réfléchir à la place de l’humain dans l’évolution des technologies.

« (…) il va falloir travailler de manière à remettre l’humain au centre. Il faut voir comment on utilise les technologies, et s’attarder à réfléchir aux problèmes sociétaux qu’ils entraînent. »

– Benoit Pelletier, directeur au centre de recherche et innovation NG-IA et alliances stratégiques, Wmware

La centralisation du contenu, des données et des informations personnelles inquiète Daniel Bernier, directeur technique de Bell Canada : « Les fraudes, les vols d’identité, la désinformation, ce sont des choses qui vont apparaître de plus en plus. C’est alarmant. »

Pour Benoit Pelletier, directeur au centre de recherche et innovation NG-IA et alliances stratégiques – Wmware, « la connectivité amène de belles capacités, mais il va falloir travailler de manière à remettre l’humain au centre. Il faut voir comment on utilise les technologies, et s’attarder à réfléchir aux problèmes sociétaux qu’ils entraînent. »

Quel avenir pour le Québec et cette évolution?

« On est dans une phase, en tant que société et gouvernement, qui implique de se demander ce qu’on implémente. La technologie existe, ça, c’est facile. Les choix de société au niveau de l’implantation, eux, sont moins faciles »

– Marc Lyonnais, directeur de la recherche externe chez Ciena

Selon M. Pelletier, le Québec dispose de moyens de sensibilisation humaine et « est bien placé pour mettre en place des initiatives ». Cet avis est partagé par Marc Lyonnais, directeur de la recherche externe chez Ciena : « On a de bonnes idées, il faut avoir confiance en nos moyens (…) Nous avons les ingrédients essentiels. »

Si les outils sont présents pour que le Québec saisisse les opportunités technologiques tout en ayant des considérations éthiques et humaines, M. Pelletier insiste sur la nécessité d’inclure différents profils d’experts dans ces discussions : « Ça prend de la diversité dans ces think tanks (groupes de réflexion). C’est important d’amener dans les discussions des jeunes, des femmes, des personnes non binaires ou autres (…) et des artistes qui ont des façons complètement différentes d’approcher l’évolution de la technologie. Il faut travailler là-dessus. »

Ces conversations inclusives sont nécessaires pour décider des limites de la technologie. « On est dans une phase, en tant que société et gouvernement, qui implique de se demander ce qu’on implémente. La technologie existe, ça, c’est facile. Les choix de société au niveau de l’implantation, eux, sont moins faciles », avance Marc Lyonnais.

Crédit Image à la Une : Roxanne Lachapelle