Comment la robotique peut-elle influencer et révolutionner l’avenir du domaine médical ? C’est l’une des questions auxquelles la conférence « La robotique en médecine : plus-value pour l’expérience du patient » du 26 janvier s’intéressait. Organisé à l’Hôpital général juif de Montréal par OROT et Hacking Health, un organisme à but non lucratif qui vise entre autres à la création de solutions technologiques en santé, l’événement illustre sans détour la nécessité de ces technologies en constante évolution.
En médecine, la robotique s’applique de six manières principales, explique Abolfazl Mohebbi, professeur adjoint au département de génie mécanique de Polytechnique. On retrouve donc des robots de laboratoire, d’assistance, de rééducation/réhabilitation, en plus des robots chirurgicaux et de ceux aidant les salles de service hospitalier et les interfaces de téléopération. Les différents modèles de robots peuvent aider un patient tant avant, pendant, qu’après une intervention médicale.
Des avantages indéniables
Les robots ont-ils réellement une plus-value dans le domaine médical au Canada ? Selon Dr. Walter Gotlieb, chef du Département d’obstétrique et gynécologie à l’Hôpital général juif, les technologies robotiques peuvent aider de multiples façons. D’abord, la technologie permet une précision qui ne peut être égalée par l’humain; par exemple, la main humaine a 5 niveaux de mobilité. En comparaison, certains robots en ont 7, et sont équipés d’instruments particulièrement petits, leur permettant une précision inimitable par l’humain. Parvenir à créer des robots à la fois si précis et accessibles est l’un des défis du milieu, rappelle Colin Gallacher, co-fondateur de Haply Robotics.
« Nous avons observé une baisse de 75% au niveau des complications médicales, une baisse de 70% de perte de sang et une baisse de 80% des séjours à l’hôpital. »
– Dr. Walter Gotlieb, chef du Département d’obstétrique et gynécologie à l’Hôpital général juif
Ensuite, Dr. Gotlieb avance que différentes études ont démontré que les robots améliorent la qualité de vie des patients. En analysant la performance d’un robot dans un hôpital, les constats sont assez unanimes : « Nous avons observé une baisse de 75% au niveau des complications médicales, une baisse de 70% de perte de sang et une baisse de 80% des séjours à l’hôpital », rapporte-t-il.
Malgré les prix exorbitants de ces appareils, les robots s’avèrent être rentables, tant pour les patients que pour les établissements médicaux. « Le coût des salaires des employés, du recrutement et des formations est absolument immense, et les robots de service modernes sont un garde-fou contre ces fluctuations du marché du travail », estime Nicholas Nadeau, fondateur de Nadeau Innovations.
Le robot remplacera-t-il le médecin?
Si les robots sont moins dispendieux et plus efficaces que le personnel médical, vont-ils bientôt remplacer les employés humains? « Les robots ne vont pas remplacer les infirmières, mais augmenter et renforcer la profession infirmière », croit Nicholas Nadeau, qui cite un passage du rapport Robotics and impact on the nursing practice (L’impact de la robotique sur la pratique infirmière) de 2020.
« Je pense que dans 20 ans, la technologie guérira les maladies, mais c’est l’interaction avec le personnel qui soignera les gens. Ainsi, il y aura toujours une place pour que le personnel médical interagisse avec le patient. »
– Dr Walter Gotlieb, chef du Département d’obstétrique et gynécologie à l’Hôpital général juif
Dr Gotlieb abonde dans le même sens : « Je pense que dans 20 ans, la technologie guérira les maladies, mais c’est l’interaction avec le personnel qui soignera les gens. Ainsi, il y aura toujours une place pour que le personnel médical interagisse avec le patient. »
Si la nécessité de l’humain en médecine est indéniable, le nombre de robots réalisant des opérations sérieuses est tout de même peu élevé considérant leur efficacité et leur précision. En 2021, il y a eu environ 360 millions de chirurgies dans le monde. De ce nombre, seulement 1,5 million de chirurgies étaient menées par des robots.
Dr Gotlieb énonce trois raisons causant cet écart. Déjà, un grand nombre de chirurgiens sont réfractaires à l’idée de travailler avec de nouvelles technologies. Le haut coût des robots est aussi fréquemment soulevé comme argument, et ce, même si la rentabilité au long terme de ces technologies n’est plus à prouver. Également, dans certains cas, certaines pathologies ne peuvent être traitées avec des robots.
Informer le public est crucial au développement de ces technologies et à leur implantation dans les milieux médicaux, lance Jacob Lavigne, gestionnaire de territoire chez Medtronic : « Si nous pouvons vraiment communiquer les données et tout le message autour de la valeur de la robotique au public, nous pouvons briser ces barrières. Le changement de mentalité va venir du fait que ce sont vraiment les patients qui sont le but ultime, ainsi que l’amélioration des soins de la population. »
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