Plus de 350 personnes étaient réunies au Marché Bonsecours pour la 20ème édition de la Soirée Mtl inc., jeudi soir dernier, afin de célébrer l’entrepreneuriat innovant, « réseauter », et se mettre au diapason des dernières nouvelles quant aux jeunes pousses les plus en vue de la métropole. Startup Montréal a donc largement remporté son pari, ralliant les troupes au profit de la cause de l’innovation des entreprises en démarrage, après deux ans d’éditions en virtuel.
Paré pour le décollage !
Proposant un cocktail pour ouvrir la soirée, c’est sous la thématique originale du voyage en avion que l’équipe de Startup Montréal, déguisée en agents aéroportuaires munis de bâtons lumineux, a fait signe aux convives de se diriger vers la salle de bal pour « l’embarquement ». La rédaction de CScience a pu se glisser parmi eux, et constater l’effervescence qui animait tantôt les entrepreneurs fébriles, venus convaincre la galerie d’un pitch sur leur innovation, tantôt les invités curieux, venus entendre leur discours et voter pour la startup la plus prometteuse, ou le dirigeant aux valeurs les plus « accrocheuses ».
Des startups innovantes à connaître
Pour le commerce en ligne
Retenue à la Commission de la sécurité publique pour annoncer la nomination de Fady Dagher à la tête de la police de Montréal, c’est par procuration que la mairesse Valérie Plante a remis le Prix dont elle est éponyme, et qui, depuis 19 ans, récompense une personnalité de l’écosystème startup.
C’est donc Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville de Montréal, qui a remis le « Prix de la mairesse » en mains propres à Dax Dasilva, fondateur et chef de la direction de Lightspeed, une compagnie qui produit et distribue des systèmes de point de vente et des logiciels de commerce en ligne.
Dans le domaine de la santé
À l’image de l’émission Dans l’œil du dragon, six jeunes dirigeants d’entreprises en tech aux retombées positives, en lice pour le Prix Startup Montréal, ont brillé sous les feux des projecteurs, alors qu’ils disposaient d’à peine quelques minutes pour vanter les mérites de leur projet et séduire le parterre d’invités, appelés ensuite à voter pour leur startup favorite.
C’est David Landry de Livingsafe qui a emporté la statuette à la maison, devant Amy Lorincz de Vope, Collins Oghor de Collogh cares, Negin Ashouri de Femtherapeutics, Sam Bellamy de Bazookka, et Thomas Paquin-Lamontagne de Visao, dont la plupart des propositions s’adressent au secteur de la santé.
Livingsafe a développé LISA, un système de monitorage de la santé des aînés qui facilite la gestion des unités de soins des établissements pour personnes âgées. La solution repose sur une technologie de pointe de détection et surveillance sans contact.
Vope a conçu un logiciel qui, grâce à l’intelligence artificielle, permet de maintenir une vision claire et constante pour les chirurgiens en bloc opératoire, lors d’opérations le moindrement invasives, une solution qui s’avère plus qu’utile « lorsqu’on sait que 37 % du temps, la vision des chirurgiens est obstruée en raison d’une contamination du site opératoire », indique l’entreprise, dont l’outil optimise le nettoyage de la lentille et minimise les interruptions, rendant le processus automatique. « Le chirurgien reste ainsi complètement concentré sur sa procédure en cours, éliminant les distractions pouvant survenir lors du nettoyage. »
Collogh cares se spécialise dans le développement de technologies de la santé dont l’objectif est de fournir des solutions viables à l’épidémie de maladie rénale chronique (CKD), en Afrique. Elle a créé un concierge médical numérique pour faciliter le diagnostic et prévenir l’insuffisance rénale.
Grâce à une technologie avant-gardiste reposant sur l’intelligence artificielle et l’impression 3D, Femtherapeutics a créé un appareil novateur qui corrige le prolapsus utérin, un problème dont souffre une femme sur dix. Appelée « pessaire », cette prothèse intravaginale est faite sur mesure, jetable, biodégradable et vise à maintenir les organes (vessie, rectum, utérus) à leur place.
Pour une meilleure gestion des talents
Bazookka inc. crée des outils RH et éducatifs propulsés par l’intelligence artificielle, qui visent à rendre les organisations plus productives et inclusives. Son application Bazookka permet de faciliter le recrutement et la gestion de stagiaires, en optimisant et simplifiant toutes les étapes de la collaboration, du recrutement jusqu’au terme du stage.
Pour une meilleure expérience de vente
L’entreprise Visao permet aux entreprises fabricantes de produits dans le secteur industriel, pour la machinerie, l’équipement de transport ou le matériel médical, de présenter leurs produits en 3D, grâce à un logiciel accessible en ligne, sans téléchargement. « La majorité des entreprises manufacturières ont déjà des modèles d’ingénierie utilisés pour la production. Nous, ce qu’on permet de faire, c’est d’importer ces modèles dans notre logiciel, pour générer un modèle 3D, ce qui permet de montrer les produits en 3D plutôt qu’en photo ou vidéo », nous explique le président et fondateur de Visao, Thomas Paquin-Lamontagne.
Soutenir l’entrepreneuriat innovant
Suivant sa « Semaine de l’impact », la Soirée Mtl inc. organisée par Startup Montréal s’inscrit dans une volonté d’entretenir et solidifier les liens entre acteurs du réseau d’affaires, mais surtout de soutenir la croissance des jeunes entreprises et contribuer au financement de leurs projets innovants, puisque les revenus générés par les réservations des tables seront investis dans la mission de l’organisme.
« Nous voulons que Montréal soit une ville où il est facile et rapide de lancer une entreprise, mais aussi de la faire grandir. »
– Liette Lamonde, directrice générale de Startup Montréal
« En début d’année, Bonjour Startup et la fondation Mtl inc. ont fusionné pour devenir l’organisme Startup Montréal, qui a vraiment pour mission de faire en sorte que l’écosystème des entreprises en démarrage puisse s’épanouir dans la métropole, rappelle en entrevue la directrice générale de Startup Montréal, Liette Lamonde. Nous voulons que Montréal soit une ville où il est facile et rapide de lancer une entreprise, mais aussi de la faire grandir. Nous œuvrons pour permettre aux entreprises d’avoir tout ce qu’il faut pour démarrer et réussir à Montréal, qu’elles aient de grandes ou de petites ambitions. Pour ce faire, nous sommes en constante étude de ce qui se passe dans l’écosystème, et le comparons aux écosystèmes homologues d’autres villes qui sont souvent des modèles pour nous. Pensons à Stockholm ou à Amsterdam, de tailles comparables à celle de Montréal, mais qui ont encore mieux réussi en ce sens. »
Consciente de ces manques et des défis à relever pour la communauté, Startup Montréal mobilise et travaille avec différentes organisations qui œuvrent à Montréal pour aider les startups à pallier ces carences. « Par exemple, on a remarqué que les startups avaient parfois besoin de plus de repères. Nous avons un écosystème foisonnant, au sein duquel s’organisent plusieurs activités, et pas seulement grâce à Startup Montréal, mais aussi grâce au travail des incubateurs et accélérateurs existants. Le problème, c’est qu’il est parfois difficile pour une startup de s’y retrouver. Pour y remédier, nous avons créé un service de conciergerie pour orienter les entrepreneurs vers les bonnes ressources et programmes d’accélérateurs appropriés, en fonction du profil et des besoins. Quel est le projet d’affaires et est-il assez avancé ? Quel est le prochain appel de projets et quels en sont les critères ? Quel type d’entrepreneur en est le destinataire ? Ce sont des questions auxquelles il nous est facile de répondre puisque nous connaissons tous les incubateurs de l’écosystème », explique la directrice.
Encourager les femmes en affaires
En plus de promouvoir la cause environnementale et de vouloir responsabiliser les entreprises en ce sens, Startup Montréal favorise également une meilleure représentativité des femmes dans l’écosystème entrepreneurial. « Nous sommes très peu de femmes dans l’univers tech. Pour répondre à cet enjeu, nous avons créé le programme pré-accélérateur « Fondatrices », afin d’aider les femmes à évaluer la viabilité de leur projet lorsqu’il est à l’étape de l’idéation, parce qu’elles sont souvent plus hésitantes que les hommes, et font davantage mûrir leur réflexion avant de se lancer en affaires. »
Selon Guillaume Lajoie, Conseiller en relations publiques et gouvernementales pour Startup Montréal, il en va aussi d’un « manque d’occasions de faire les bonnes rencontres au sein du réseau. Parfois, il s’agit de créer l’opportunité », ce que l’organisme s’efforce justement de faire le plus souvent possible, pour permettre aux entrepreneurs, notamment aux femmes, d’échanger, de sonder le marché et d’y être davantage exposées.
En tant que partenaire important de l’événement, Desjardins s’y voulait aussi très bien représenté, comblant pas moins de six tables d’invités, incluant Kahina Dahmani, directrice adjointe du Service Signature de Montréal pour Desjardins, et Iman Elkillany, directrice principale du Développement des affaires, venues « répondre aux questions des invités, faire connaître les services de Desjardins et offrir d’accompagner certaines startups dans la réalisation de leurs projets ».
« C’est la première édition à laquelle je participe, mais notre entreprise n’en manque aucune, relate Mme Dahmani. Desjardins accompagne et soutient les entreprises de différents secteurs. Le département du Service aux entreprises offre des programmes spécifiques en ce sens, que ce soit pour l’accompagnement ou le financement. Nous encourageons la nouveauté, l’innovation et les jeunes entrepreneurs, en plus d’être sensibles à la cause de l’écologie », souligne la jeune femme. Que pense-t-elle de la cause des femmes en affaires ? « Il faut se donner les moyens de ses ambitions, et réunir les conditions qui y sont favorables. Chez Desjardins, on donne beaucoup de place aux femmes, et la parité y est chose faite quant à la représentativité. » Selon sa collègue, Mme Elkillany, qui vient d’ailleurs de participer à une table ronde pour Femmes en mouvements, « Les femmes réfléchissent trop. Par contre, elles gagneraient à s’entraider davantage. Au cours de ma carrière, ce sont des hommes qui, le plus souvent, ont été mes mentors. Entre femmes, nous devons nous soutenir. »
Crédit Image à la Une : Chloé-Anne Touma.