Le Ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) lance un appel de projets aux organismes ayant comme mission première d’offrir des services d’incubation ou d’accélération aux startups.
Le Québec est réputé pour sa créativité et son excellence en recherche publique et en innovation. Classé 7e au monde en intelligence artificielle, devant des pays comme la France et Israël, le Québec doit toutefois en faire davantage pour passer des idées au marché. Dans l’idée de mieux soutenir les jeunes pousses innovantes, le gouvernement du Québec lance plusieurs programmes de financement, dont un nouvel appel de projets en appui aux organismes d’incubation et d’accélération.
Y sont admissibles les organismes à but non lucratif (OBNL) dont la mission première consiste à offrir des services d’incubation ou d’accélération, et dont la principale clientèle est composée de startups, « à savoir des entreprises technologiques innovantes à fort potentiel de croissance ».
« (…) investir dans l’innovation pour améliorer la productivité, c’est ce qui va permettre de doter la société d’un système d’éducation qui progresse, d’un réseau de santé à la hauteur de nos attentes, et d’une culture en plein essor (…) »
– Luc Sirois, innovateur en chef du Québec
L’investissement du gouvernement du Québec dans les projets choisis pourra atteindre 500 000 $ par organisme annuellement, sur un maximum de trois ans. On précise que « Le taux d’aide financière ne peut excéder 60 % du total des dépenses admissibles pour le fonctionnement de l’organisme. Les aides combinées des différents ordres de gouvernement (municipal, provincial et fédéral) ne peuvent excéder 80 % des dépenses totales admissibles. »
Les critères
Les demandeurs devront faire état de la performance de leur organisme sur la base, entre autres choses, des éléments suivants : le succès des entreprises accompagnées; la qualité des services offerts; le positionnement et la vision que l’organisme propose pour son développement à venir; les résultats en regard de 19 indicateurs de performance; les partenariats établis; les liens avec les établissements du savoir ainsi qu’avec les principaux acteurs de la recherche et de l’innovation; l’impact social et le respect des principes de développement durable.
Les demandeurs ont jusqu’au 17 octobre à 16h00 pour soumettre leur dossier de candidature au Ministère, à startupquebec@economie.gouv.qc.ca.
Encourager l’innovation du Québec
Lors du lancement de la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation 2022-2027 (SQRI ²), il y a quelques mois, le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, rappelait que « l’entrepreneuriat a toujours été dans l’ADN des Québécois », mais que l’ « On a un problème au niveau des startups. Pour la taille de l’économie du Québec, on est la province qui compte le moins de nouvelles entreprises, et qui, au départ, compte moins d’entreprises dans les secteurs stratégiques à haute valeur ajoutée. »
Ce constat fait écho au témoignage de l’ingénieure en aérospatiale canadienne Farah Alibay, qui en pense que « souvent, on a un complexe. On s’imagine que pour aller en innovation, il faut aller aux États-Unis ou ailleurs, quand déjà au Québec, on fait des choses extraordinaires. »
L’innovateur en chef du Québec, Luc Sirois, à qui M. Fitzgibbon a justement confié le mandat de créer ce pont entre la recherche et l’investissement, mentionnait en entrevue avec CScience qu’au Québec, « on constate qu’on est moins productifs ici que dans le reste du Canada et ailleurs dans le monde. Cela signifie qu’on a besoin de plus de travailleurs pour produire autant et générer le même niveau de richesse. On y met plus de travail, sans l’optimiser, ce qui nous pousse à moins bien rémunérer les travailleurs. » Il estime qu’ « investir dans l’innovation pour améliorer la productivité, c’est ce qui va permettre de doter la société d’un système d’éducation qui progresse, d’un réseau de santé à la hauteur de nos attentes, et d’une culture en plein essor, soutenue, où nos artistes se sentiront valorisés et gagneront bien leur vie ».
le PDG de OneQode, Matt Shearing, estime que les industries ont aussi un rôle à jouer pour encourager le savoir-faire local, ne serait-ce qu’en posant plusieurs gestes concrets pour valoriser les talents et favoriser le développement des compétences : former des partenariats avec les entreprises, développer une niche locale de talents, faire affaire avec des sous-traitants en IA, se doter d’innovations mises en marché en tant que consommateur, s’associer aux universités, recruter des talents d’ailleurs, et investir dans les entreprises en IA.
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