OBVIA, l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique conduit actuellement la première École d’été virtuelle Franco-canadienne sur l’IA responsable, la santé durable et le changement climatique. Une première que CScience IA a voulu couvrir pour vous la faire connaître.
Rappelons d’abord que l’OBVIA, dirigé par Mme Lyse Langlois et lancé le 3 décembre 2018, est un réseau de recherche ouvert aux échanges internationaux, à la discussion et la réflexion. Cet observatoire rassemble les expertises de plus de 220 chercheurs du Québec et de nombreux partenaires prenant part au développement et à l’utilisation de l’IA et du numérique.
Guillaume Macaux, conseiller scientifique à l’OBVIA, se dit heureux des deux premières journées de l’École d’été. Selon lui, les échanges ont manifestement été très riches sur les thèmes de l’innovation responsable, de la justice sociale, de l’environnement et des changements climatiques.
« Notre cohorte d’étudiants gradués participe grandement à ce beau succès, car leur curiosité et leurs réflexions ont vraiment permis d’avoir deux premières belles matinées d’échanges ! », nous affirme-t-il.
I. ÉCOLE D’ÉTÉ : L’IA RESPONSABLE, DE LA SANTÉ DURABLE ET DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Les cours d’été de l’OBVIA ont lieu du 30 août au 3 septembre 2021 et sont effectués en ligne. Associé au Centre de l’IA de l’Université de la Sorbonne de Paris, le SCAI (Sorbonne Center for Artifical Intelligence), l’OBVIA propose une école d’un genre nouveau accueillant chercheurs et étudiants afin d’échanger sur différentes thématiques. Des thèmes comme :
- la médecine prédictive et augmentée ;
- l’environnement et le climat ;
- l’innovation ;
- l’inclusion ;
- l’atténuation des biais.
a) Les détails de cette École
L’École d’été se déroule actuellement en ligne, sur la plateforme Gather.Town. C’est un outil qui permet de construire des espaces virtuels afin que les participants puissent travailler et interagir plus efficacement.
COURS I – Lundi 30 août 2021 – Table ronde sur l’innovation responsable et l’IA, avec Karine Gentelet, titulaire de la Chaire Abeona-ENS-OBVIA sur l’IA et la justice sociale, Pascale Lehoux, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et Arnaud Latil, chercheur au CERDI Université Clermont Auvergne CNRS. Les discussions ont été animées par Raja Chatila et Virginie Julliard
COURS II – Mardi 31 août 2021 – Table ronde sur l’IA au service de l’environnement et du climat avec Christophe Abrassart, professeur à l’Université de Montréal, Hervé Le Treut, directeur IPSL-Institut Pierre-Simon Laplace et Dr. Sasha Luccioni, membre de Mila – Institut québécois d’intelligence artificielle. La modération a été assumée par Lyse Langlois.
COURS III – Mercredi 1er septembre – Table ronde sur l’IA au service de la santé avec Philippe Després, du Centre de recherche en données massives, Crignon Claire, professeure à Sorbonne Université, Cristina Lindemeyer, du CNRS – Centre national de la recherche scientifique et Alexandre Escargueil, PU Sorbonne Université. Les échanges sont modérés par Francois Laviolette, du CIFAR.
ATELIERS – Jeudi 2 septembre et vendredi 3 septembre 2021 – Atelier I et II.
b) Méthodologie
Suite aux cours, les étudiants réunis en groupe participent à un Lab de prospective et cartographie de controverses sur l’IA en société. Celui-ci sera animé par Christophe Abrassart et Eve Gaumond qui accompagneront les équipes. Les étudiants seront amenés à réfléchir aux enjeux de société que posent les systèmes d’intelligence artificielle (SIA).
ATELIER I : jeudi 2 septembre
À partir de scénarios de la Déclaration de Montréal IA Responsable, les équipes élaborent et présentent une analyse des enjeux éthiques et des recommandations d’encadrement de ces SIA.
ATELIER II : vendredi 3 septembre
À partir d’un jeu de cartes, chaque équipe se voit attribuer une situation dans le futur avec un SIA pour l’environnement ou la santé publique et une esquisse de controverse. Les équipes élaborent une présentation avec une partie analytique, la carte de controverse, et une partie fictive.
PRÉSENTATION EN ÉQUIPE : vendredi 1er octobre
Un mois plus tard, les étudiants présenteront leur travail en équipe. L’équipe qui aura produit le meilleur récit prospectif sera invitée à venir mettre en débat son récit au Québec et à Paris.
II. LE LAB DE PROSPECTIVE ET CARTOGRAPHIE DE CONTROVERSE SUR L’IA EN SOCIÉTÉ
Les deux principaux outils de discussion et de débat utilisés sont la prospective stratégique et la cartographie de controverses. Tous deux permettent l’apprentissage collectif et l’exploration dans un univers incertain en mettant l’accent sur des éléments clés comme :
- les émergences inattendues ;
- la construction des savoirs ;
- les ruptures dans l’identité des objets ;
- les bifurcations innovantes ;
- les dynamiques d’assemblage sociotechnique.
a) La prospective stratégique
L’OBVIA définit ainsi la prospective : Elle s’appuie sur l’écriture de scénarios, pour imaginer des futurs possibles qui ne sont pas extrapolables à partir des tendances et des données actuelles et passées. L’objectif de la prospective est d’enrichir la variété des options possibles pour la prise de décision dans l’élaboration d’une politique publique.
b) La controverse
L’OBVIA définit ainsi la controverse : C’est une situation dans laquelle un désaccord entre plusieurs parties, engageant chacun des savoirs spécialisés, mais sans parvenir à imposer des certitudes, est mis en scène devant un public tiers. Ainsi, l’analyse ou la cartographie de la controverse consiste alors à réaliser une enquête sur le déroulement de cette situation.
III. UNE APPROCHE INTERDISCIPLINAIRE
« Une approche qui va à l’encontre de l’hyperspécialisation. »
Ces deux outils de discussion invitent à la mise en œuvre d’une pensée interdisciplinaire. On assiste alors à un véritable dialogue ralliant des disciplines variées.
« L’OBVIA, c’est l’occasion de construire de nouveaux territoires intersectoriels pour concevoir des algorithmes et des méthodologies et surtout pour relever le défi d’une utilisation responsable, éthique et inclusive de l’IA », affirme M. Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec.
Guillaume Macaux souligne également à quel point les activités en cours démontrent que l’interdisciplinarité amène des échanges très constructifs et des solutions créatives sur les moyens d’utiliser l’IA et le numérique au bénéfice de notre société.
CONCLUSION
«Cette École d’été est tout à fait unique », déclare M. Macaux. Non seulement sa thématique, l’IA responsable, mais également sa logistique et son format sont inédits.
En effet, cette École réunit des chercheurs et des étudiants de France et du Québec dans un espace virtuel dédié. Elle organise des tables rondes de discussion et un Lab de prospective de deux jours pour permettre aux étudiants de mettre en pratique les enseignements et les réflexions. Une approche interdisciplinaire et appliquée sur des enjeux de taille !
___
CScience IA remercie chaleureusement Guillaume Macaux, conseiller scientifique à l’OBVIA, pour sa collaboration.