Les amateurs de sports sont désormais immergés dans un univers où la technologie de pointe offre une expérience spectatorielle inégalée. Des avancées telles que la réalité augmentée, l’intelligence artificielle et la visualisation de données transforment radicalement la manière dont les matchs et Jeux olympiques sont regardés et appréciés, créant un nouveau paradigme où la frontière entre le virtuel et le réel s’estompe, offrant aux fans une expérience immersive et enrichie comme jamais auparavant, en plus d’intégrer des valeurs socio-environnementales. Dans ce troisième reportage du dossier consacré au génie dans le sport, CScience propose d’explorer comment les nouvelles technologies redéfinissent l’expérience événementielle des fans de sports, et façonnent l’avenir de notre relation avec le monde passionnant des Jeux olympiques.
Quelques mois avant les JO de Paris, le Comité International Olympique (CIO) a lancé son « Agenda pour l’intelligence artificielle », visant à intégrer l’IA de manière responsable, éthique et rentable aux festivités et compétitions, gage d’une volonté d’adopter les technologies de pointe dans la formule olympique à plus long terme. Afin d’en revitaliser et d’en moderniser l’expérience événementielle pour les touristes et spectateurs, tantôt mobilisés sur place, tantôt captivés à distance, le CIO a signifié son intention d’agir sur plusieurs plans stratégiques, allant de la mobilité, à la sécurité, en passant par la démocratisation du divertissement sportif. Se voulant davantage attrayant pour les plus jeunes générations de fans, les touristes aux prises avec un handicap, les technophiles et les écologistes, l’événement rassembleur sera l’occasion de tester le fruit de l’innovation durable, robuste et inclusive, au profit d’une grande communauté d’intéressés issus des quatre coins du monde.
Des technologies immersives pour démocratiser l’accès aux Jeux
Les technologies innovantes joueront un rôle de premier plan dans l’amélioration de l’expérience des fans et spectateurs, notamment grâce aux plateformes technologiques donnant dans la 5G, le développement de contenu en réalité virtuelle, 3D et 360 degrés, l’intelligence artificielle, et le soutien aux drones et caméras captant les performances sportives.
Amener les matchs aux spectateurs
Une étude du Capgemini Research Institute révèle que 69% des fans de sports préfèreraient regarder les matchs et performances sportives en dehors du lieu de performance, et surtout les plus jeunes générations.
Les applications d’Intel, grand joueur impliqué dans le déploiement de solutions d’IA aux JO, alimentées par ses processeurs et solutions logicielles, permettront justement de créer des expériences immersives et interactives « pour emmener les spectateurs en voyage et dans la peau d’un athlète olympique », peu importe leur emplacement géographique. La compagnie promet « de nouveaux niveaux d’interaction, de connectivité et de mobilisation des fans » dans le cadre de sa collaboration avec le CIO.
Grâce à des algorithmes d’apprentissage automatique, les plateformes de diffusion d’Intel pourront offrir aux téléspectateurs des contenus adaptés à leurs préférences, comme des angles de caméra choisis, des statistiques en temps réel et des analyses approfondies des performances. Ces technologies permettront également d’engager davantage les fans, grâce à des réalités augmentées et virtuelles, qui les placeront au cœur de l’action.
69% des fans de sports préfèreraient regarder les matchs et performances sportives en dehors du lieu de performance
– Capgemini Research Institute
Paris 2024 sera donc la première édition des Jeux olympiques à utiliser les processeurs Intel Xeon pour présenter une expérience de diffusion en continu en 8K de bout en bout, renforçant l’avenir de la diffusion en continu en résolution 8K et à faible latence sur Internet. Les serveurs de diffusion alimentés par les derniers processeurs Intel Xeon Scalable, avec la technologie Intel® Deep Learning Boost, encoderont et compresseront le signal en direct produit par le service de diffusion olympique. Un signal en 8K sera envoyé aux derniers PC et ordinateurs portables basés sur Intel, connectés à des téléviseurs 8K, en quelques secondes. Des téléspectateurs de partout dans le monde pourront ainsi profiter des futures actions olympiques à travers une expérience de diffusion en continu haute résolution, de la meilleure qualité de diffusion possible, proposant du contenu numérique plus personnalisé.
Les mieux équipés, soit ceux dont le budget le permettra, pourront choisir de bonifier leur expérience immersive d’une autre interface et d’autres appareils que leur téléviseur, soit d’un médium compatible, comme les lunettes de réalité augmentée Apple Vision Pro, qui font déjà des heureux chez les fans de basketball, rien qu’en offrant la possibilité de transformer les murs de leur salon en y affichant des écrans et panneaux lumineux de pointage.
Des jeux plus inclusifs et accessibles
Les solutions d’Intel faciliteront également les déplacements pour les personnes malvoyantes, souhaitant vivre une expérience en présentiel, en s’appuyant sur l’IA construite sur Intel Xeon, des modèles 3D du Centre de Haute Performance de l’Équipe USA à Paris, et du siège du Comité International Paralympique à Bonn, en Allemagne, permettant une navigation intérieure et vocale via une application sur le téléphone intelligent. En d’autres mots, les personnes malvoyantes pourront scanner leur environnement grâce à leur téléphone, et bénéficier d’indications via une assistance vocale intégrée pour optimiser leurs déplacements.
Au chapitre des initiatives alliant innovation technologique et inclusion des personnes ayant un handicap, et pour lesquelles l’enjeu du manque de mobilité est un facteur d’exclusion des JO, pensons au Jeux de Tokyo en 2020, lors desquels une grande installation aux allures de dôme, soutenue par des technologies immersives recréant les perspectives des stades, a accueilli des enfants handicapés de Tokyo pour leur permettre d’interagir avec les athlètes à travers une caméra, de danser avec une mascotte robotique, et de regarder les matchs à l’intérieur, comme s’ils étaient dans les gradins, grâce à la réalité virtuelle.
Au Québec, pôle d’innovation dans le secteur des technologies du divertissement et du storytelling (narration de récit), de nombreuses entreprises, comme le studio Félix & Paul ou encore Vidéo 360 Montréal, se spécialisent dans la captation d’environnements, d’événements et de performances, pour créer des expériences immersives uniques, en différé, sur un casque de réalité virtuelle, offrant de nouvelles perspectives d’accès démocratisé au spectacle.
Pour des jeux et une mobilité plus durables
L’un des premiers axes d’orientation choisis par le CIO s’impose en le développement durable, puisque les organisateurs des JO et leurs partenaires, cette année, ont clairement fait connaître leurs intentions d’introduire davantage de technologies vertes, pour favoriser les déplacements optimaux et écologiques, afin de limiter la pollution occasionnée par ce grand rassemblement, mais aussi de réduire la consommation d’énergie.
L’Urbanloop pour décarboner les déplacements
La capsule autonome française décarbonée baptisée « Urbanloop », qui sera testée aux JO de Paris, en est un bon exemple. Conçue sans batterie, l’Urbanloop s’alimente par des rails en très basse tension, via un contact glissant. Ayant battu le record du monde de moindre consommation énergétique pour un véhicule autonome sur rails homologué par Certifer, le 28 mai 2021, avec 0.047 kWh/km, la navette autonome est pilotée par des algorithmes d’intelligence artificielle.
Elle a pour objectif de permettre à un grand groupe de passagers de partir d’un point de convergence névralgique, et de se rendre aux différents endroits de destination qui auront été établis. Lors des JO, elle aura pour mission de relier un stationnement à une zone pour fans sportifs, et d’y assurer les flux de transport.
Déjà en circulation sur un site à Nancy, au nord-est de la France, elle devra continuer de faire ses preuves en vue d’inspirer la reprise du modèle lors d’autres grands événements et rassemblements ayant les moyens de leurs ambitions de durabilité.
Enedis pour réduire la consommation d’énergie
Si une majorité d’événements sportifs dépendent de groupes électrogènes fonctionnant au diesel pour produire leur électricité, on promet « une alternative inédite » qui rendra les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris plus responsables, puisque 100% des sites sportifs ainsi que le Village des Athlètes seront raccordés au réseau public. « Et à terme, tous les grands événements le seront », d’indiquer Sébastien Jumel, Président et directeur Développement, Innovation et Numérique chez Enedis.
Pour connecter certains sites temporaires des Jeux, comme la place de la Concorde et la place du Trocadéro, le Comité International Olympique aura recours aux bornes électriques événementielles rétractables d’Enedis, qui seront installées sous la chaussée, permettant des branchements « temporaires, rapides et de forte puissance ». L’objectif : réduire de 90% les émissions de CO2 générés lors de l’événement, en limitant l’utilisation des groupes électrogènes.
La sécurité événementielle
Des drones pour assurer la sécurité aérienne
La technologie innovante est aussi au cœur des stratégies de sécurité des JO, puisqu’on a notamment pensé à se doter d’équipements de pointe sollicitant le rayon laser, pour détecter la menace aérienne. Le Comité d’organisation a ainsi choisi de faire affaire avec la compagnie CILAS, pionnière du laser en France, pour solliciter sa solution anti-drone baptisée « HELMA-P », qui repère les cibles inquiétantes dans le ciel en plein vol, et les fait brûler à plus de 1 500 degrés.
Des défis relevant de la cybersécurité
En marge du déploiement de toutes ces nouvelles technologies innovantes au cœur des Jeux Olympiques de Paris 2024, des considérations propres aux enjeux et risques de sécurité en ligne émergent. Garantir la protection des systèmes et infrastructures numériques contre les menaces potentielles devra s’inscrire au cahier des charges prioritaires.
« Les expériences passées des Jeux olympiques ont révélé que les cybermenaces peuvent perturber les compétitions, voler des données sensibles et ternir la réputation du pays hôte, expose d’ailleurs l’entreprise de cybersécurité Veintree SAS. Les éditions précédentes des Jeux Olympiques ont été la cible de cyberattaques, soulignant la vulnérabilité des infrastructures liées à l’événement. En 2018, lors des Jeux d’hiver de Pyeongchang, une attaque massive a paralysé les systèmes informatiques du comité d’organisation la veille de la cérémonie d’ouverture. Les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ont également été confrontés à des défis de cybersécurité, avec des attaques de phishing et des tentatives de perturbation des services en ligne. Paris 2024 doit accorder une attention particulière à la protection des infrastructures critiques telles que les réseaux de communication, les systèmes de transport, les services de santé et les installations sportives. Ces infrastructures sont vitales pour le bon déroulement des Jeux et sont des cibles potentielles pour les cyberattaques. »
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